Un parc d'attraction pour le jeu vidéo ?

Jeudi 19 mai un projet assez dingue a été officiellement lancé, la création d'un parc d'attraction dédié aux jeux vidéo en France. Et le choix de la localisation va également vous surprendre car ce ne sera pas à Paris ou Marseille, mais plutôt à Nîmes dans le Gard que cette folle idée devrait voir le jour.

 

PJV 2020, voilà le nom de code de ce parc qui n'a rien d'un canular et qui semblerait bien être sur la bonne voie pour sortir de terre d'ici quelques années. Comme son nom l'indique, vous comprenez bien que le projet a pour but d'éclore d'ici quatre ans. Mené par le vice-président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Nîmes, Jean-Louis Calini, et Delphine Munoz (cofondatrice du festival Lord Of The Geek et présidente de l'association pour la création du projet) ce parc d'attraction d'un nouveau genre devra dans un premier temps réunir la coquette somme de 180 millions d'euros. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette idée a été murement réfléchie et elle remonte déjà à environ un an. Le week-end dernier, lors du festival Lord Of The Geek, les membres de l'association étaient présents pour répondre aux éventuelles questions que l'on aurait pu se poser et présenter un peu plus leurs ambitions.

 

 

 

Un projet mûrement réfléchi

 

C'est en effet en septembre 2015 que Henry Douais, président de la CCI de Nîmes, accompagné d'un expert en tourisme international, Frédéric Pierret, dévoilait ce qui allait être la première ébauche du Parc Jeux Vidéo 2020. A l'origine son nom de code était Action 7 et son arrivée dans les esprits fait suite à deux problématiques. L'envie de créer un nouveau pôle d'attractivité dans la région nîmoise et l'échec d'un projet de casino qui n'a pas survécu à l'étude de marché. Frédéric Pierret déclarait d'ailleurs à ce sujet à l'époque que « ces établissements (les casinos ; ndlr) sont en perte de vitesse et extrêmement compliqués à mettre en place notamment au niveau de la législation ».

 

C'est donc vers le parc de loisirs que la chambre de commerce et d'industrie a choisi de se diriger et vraisemblablement l'étude de marché a cette fois largement dépassé le stade de la simple maquette. Deux sites ont été retenus pour voir émerger cette idée folle, le bois de Minteau, au nord de Vergèze, et un autre site à proximité de la future gare TGV de Manduel. Selon Frédéric Pierret il vaudrait tabler sur un espace de 20 à 25 hectares et un budget de 180 millions d'euros pour un taux de fréquentation estimé à 1,2 million de visiteurs annuels même si ces chiffres, il l'avoue, sont à prendre avec « beaucoup de prudence ».

 

  

 

Un poumon pour l'économie locale

 

Si nous vous parlons de ce projet aujourd'hui, vous vous doutez bien que c'est parce qu'il a de grandes chances d'aboutir. En effet, il bénéficie d'un important soutien local et national. Tout d'abord grâce à la Région, le Département, la CCI et EDF qui ont financé courant 2015 une étude sur la faisabilité du projet. Ensuite parce que le Gard est un département en souffrance avec un taux de chômage important, les 1440 créations directes d'emplois espérées feraient donc beaucoup de bien à cette zone qui en a bien besoin. Le tourisme est également le secteur qui connait la plus forte croissance dans ce petit coin de sud, entre 2009 et 2014 il représentait 48% des emplois créés. Autre avantage de ce parc, la bonne forme de ses futurs concurrents aux quatre coins de la France. Le secteur de l'amusement ne connait en effet pas la crise puisqu'il a connu une croissance de 10,4% entre 2009 et 2014 et surtout un boom du nombre de visiteurs qui sont passés de 10 millions dans les années 90 à 40 millions en 2013.

 

Alors si on ajoute à cela la bonne forme du secteur des jeux vidéo, et de l'esport, on ne peut que comprendre les raisons qui ont poussé la région nîmoise à s'intéresser fortement à ce projet. Aujourd'hui les personnes qui poussent à la création de ce parc ont besoin de vous, de l'aide du plus grand nombre pour participer, bénévolement ou simplement en apportant simplement « un maximum de soutiens, pour que le public s’empare de cette idée de parc, et que l’on puisse démontrer que ce projet est aussi porté par la population », comme l'a déclaré Thomas Séguy, secrétaire de l’association et consultant en jeux vidéo. Car dans un premier temps ils aimeraient savoir ce qu'en pense les habitants pour obtenir un maximum de poids lorsqu'ensuite ils iront démarcher les professionnels et partiront à la recherche de financements.

 

 

 

 

 

Des compétitions esport régulières

 

L'objectif du parc est divers, il compte miser sur énormément d'aspects du jeu vidéo et notamment la compétition. C'est pour cette raison que des tournois seront prévus sur place, de façon régulière, sans que pour l'heure on puisse en dire davantage. Des jeux vidéo seront disponibles en libre-service, un musée sera présent, un espace dédié aux serious games (les jeux utilisés pour soigner ou éduquer) est prévu, des conférences, des concerts, des attractions, une école, et une pépinière d’entreprises, qui accueillera de jeunes pousses en matière de jeux vidéo. Bref vous l'avez compris l'ambition est de créer bien plus qu'un simple parc d'attraction, il s'agit également d'attirer les entrepreneurs et les enfants pour leur permettre de s'approprier les lieux.

 

Comme tout parc on aura également le droit à des hôtels et restaurants qui auront pour thème le jeu vidéo. Mais le PJV compte également sur le développement croissant de la réalité virtuelle pour en faire l'une de ses principales attractions, en espérant que cette technologie ne prendra pas trop vite possession des foyers auquel cas cela n'aurait pas grand intérêt de faire le voyage pour jouer à des jeux auxquels on peut déjà jouer chez soi. 

 

Et c'est bien là le problème de ce parc, c'est que l'on a du mal à voir quelles activités il pourra proposer pour durer. A l'image du Futuroscope qui a connu une grave crise entre 1998 et 2002. Les nouvelles technologies, et donc les jeux vidéo puisqu'ils évoluent continuellement, sont des secteurs où il faut investir d'importantes sommes d'argent pour rester à la page. Le parc y parviendra-t-il ? On le souhaite pour ceux qui y croient. Le projet est ambitieux, très ambitieux, mais il aura besoin de temps, de réflexion et du soutien d'acteurs importants pour pouvoir éclore. Dans tous les cas ils ne pourront pas compter sur la pépite française Ubisoft pour les aider, ces derniers ont préféré lancer leur propre projet en Malaisie... Bref, une aventure qui pourrait être très belle mais qui s'annonce malgré tout très compliquée.