Pour la quatrième fois consécutive l'ESL est contrainte de passer totalement en ligne l'une de ses compétitions phares. Et pour la quatrième fois c'était à Malte que cela devait se jouer. Alors pourquoi cet entêtement avec l'île méditerranéenne et n'y avait-il pas d'autre solution ?
Une seule solution l'annulation
L'Electronic Sports League avait choisi la petite île méditérranéenne pour organiser la saison 14 de l'une de ses compétitions phares : l'ESL Pro League. Depuis la saison 10 qui dont les finales s'étaient jouées à Odense au Danemark en décembre 2019, plus jamais cette compétition n'a pu retrouver la saveur de la LAN. Pire encore c'est la quatrième fois que Malte avait été choisi pour organiser le tournoi. Toutefois les développements de la pandémie de COVID-19 suite à l'apparition du fameux variant Delta ont forcé l'organisateur a annuler une fois encore l'événement en physique, pour finalement revenir sur un format 100% en ligne. Cette décision prise officiellement moins d'un mois avant le début du tournoi est un coup dur pour l'entreprise allemande, car cette dernière n'avait pas choisi cette destination par hasard et si elle s'entête c'est bien qu'il y a une raison.
Plutôt épargnée par la résurgence des cas de contamination jusqu'à récemment, Malte avait connu un mois de juin 2021 idyllique. 76 cas recensés au début du mois, le port du masque devenait conseillé mais plus obligatoire sur les plages, les campus pouvaient rouvrir et les mariages étaient à nouveau autorisés. La politique de lutte contre la contamination beaucoup plus restrictive que chez nous semblait donc avoir payé. C'était sans compter l'arrivée des touristes étrangers qui ont permis à la pandémie de refaire surface en seulement quelques semaines. Ainsi si le nombre de cas actifs a baissé à son plus bas le 21 juin avec seulement 23 personnes positives sur l'ensemble des quelques 500 000 habitants, il a ensuite remonté jusqu'à revenir à son niveau initial début juillet (79 cas le 5 juillet 2021). La situation n'a fait qu'empirer par la suite pour qu'à l'heure actuelle on recense 2262 personnes positives sur l'île. Les dirigeants n'ont pourtant pas lésiné sur les mesures pour tenter de freiner la progression du virus. Au début du mois ils souhaitaient par exemple mettre en place une règle imposant aux visiteurs de posséder obligatoirement un pass sanitaire de l'UE, britannique ou bien maltais pour accéder à l'île. Cette décision a été ensuite retoquée suite à la pression de l'Union Européenne (dont Malte fait partie) et a été assouplie permettant à d'autres pays d'être inclus dans le processus (Japon, États-Unis, Canada, Israël etc.). Quoi qu'il en soit sans pass validé toute personne souhaitant passer un séjour à Malte est dans l'obligation d'être placée en quatorzaine.
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L'Electronic Sports League n'avait donc pas choisi ce lieu par hasard, Malte est l'endroit le plus vacciné d'Europe avec un taux qui dépasse les 80% pour la première dose et presque 75% pour une vaccination complète. Champion d'Europe donc, c'était l'emplacement idéal sur lequel misé pour assurer le maximum de sécurité sanitaire à tous les participants. Sauf que contrairement à d'autres nations, les pays insulaires ont aussi une fâcheuse tendance à rapidement se refermer dès que la situation dérape. Et c'est le cas de Malte où tout semblait parfait jusqu'à la fin du mois de juin, et qui finalement est devenu aujourd'hui plus restrictif de ses voisins européens. L'ESL avait donc fait le pari de la petite île, non pas pour ses conditions météo exceptionnelles en cette période, ni même pour la qualité de ses installations, mais bien parce qu'il s'agissait du meilleur élève en terme statistique face à la pandémie en Europe.
Les joueurs ne profiteront pas des beautés de La Valette
Et pourtant déjà plus tôt dans l'année, alors que la saison 13 de l'ESL Pro League était initialement prévue au même endroit, cette dernière avait été annulée. De plus sur l'île les responsables locaux spécialisés dans le sport électronique ne prévoyaient pas un retour des événement en physique avant la fin de l'année 2021. La situation qui s'améliorait sur place semblait toutefois donner raison à l'ESL dans son choix, en revanche beaucoup d'autres pays européens qui comptent plus de cas de contamination et ne sont pas autant en avance sur leur vaccination ont des règles beaucoup plus souples qui auraient permis la tenue d'une compétition sans public, voir même avec. On peut citer parmi les plus ouverts l'Autriche qui autorise une jauge de 50% de spectateurs dans une salle fermée et demande un Green Pass que l'on obtient après une simple dose de vaccin, si l'on a déjà été infecté et guéri ou si l'on a été testé négatif récemment. Ou bien la Belgique qui prévoit au 30 juillet de supprimer les jauges de spectateurs dans les salles fermées mais maintient le port du masque obligatoire. Finalement le principal problème de cette ESL Pro League et des tournois en physique c'est l'origine des participants.
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La carte de la planète se divise en trois catégories actuellement, les verts, les oranges et les rouges. Malheureusement pour l'ESL la Russie et le Brésil sont en rouge, l'Ukraine était quant à elle en orange jusqu'au 23 juillet dernier. Pour les voyageurs en provenance de ces pays il faut pouvoir produire un motif impérieux pour se rendre en Europe et pouvoir justifier d'un parcours vaccinal complet avec un vaccin reconnu par l'Agence européenne du médicament. Sans cela impossible de prendre l'avion et même si votre motif de voyage est valable, sans vaccin reconnu vous êtes contraint de présenter un test PCR ou antigénique de moins de 48 heures (PCR 72 heures pour un pays orange), et ensuite subir une quarantaine individuelle de 7 jours pour un pays orange et 10 jours pour un pays rouge. Autant dire qu'avec les vacances des joueurs qui se terminaient le 15 août et l'ESL Pro League qui débutait le 16 à Malte, il était tout simplement impossible d'accueillir tout le monde dans de bonnes conditions sans voir une bonne partie des participants placés en quarantaine individuelle.