Si l’organisation des finales d’évènements mondiaux au cours de salon comme le CEBIT avec strass et paillettes s’est généralisée, elle cache mal la crise profonde que traverse le sport électronique. Et si StarCraft II a constitué une sorte de Stim Pack pour le réveiller, l’effet stimulant semble s’affaiblir et les problèmes structurels ressortent à la surface.
Avec ou sans Blizzard : le dilemme
La situation s’est grandement aggravée en Corée à la suite du procès en cours entre le tandem Blizzard/Gretech et les organisateurs historiques de tournoi StarCraft, Kespa/MBCGame et OnGameNet. Aujourd’hui les organisateurs se demandent tout simplement s’il est obligatoire de proposer aux joueurs, au public et aux sponsors les jeux de l’éditeur Américain.
On apprenait la semaine dernière l’ire de Samsung qui aurait communiqué auprès des WCG sa réticence au paiement d’une redevance à l’éditeur Américain en ces termes : « qu’ils aillent se faire foutre ». Samsung par ailleurs membre de la KeSPA semble être solidaire de celle-ci et marginaliser Gretech qui a été le seul à signer un contrat avec Blizzard.
Cette semaine c’est les e-Stars Séoul qui ont à leur tour décidé de mettre les RTS de l’éditeur à la poubelle en se concentrant sur Counter-Strike 1.6… Une fois encore l’organisateur juge scandaleux le fait de devoir payer un éditeur alors qu’il fait la publicité de son jeu.
Et en effet cette situation n’est pas normale, la loi du marché impose même que ce soit le contraire qui ait lieu. On se souvient que la scène PainKiller avait été fortement subventionnée par son éditeur, que Trackmania avait été poussé par l’ESWC et que plus récemment l’apparition de Naruto aux EPS et de League of Legends aux IEM tient aux milliers d’euros versés par Namco Bandai et Riot.
Si GomTV brille par la qualité de son organisation, cela ne suffit pas pour toucher les fans de BroodWar dont à peine un quart de la scène professionnelle a opéré une migration. Son petit frère est en train de connaître un lancement à la Counter-Strike : Source, succès commercial mitigé et boycott car jugé trop simpliste, disposant d’un skill cap trop bas et trop aléatoire. Il est intéressant de noter que ce sont exactement les mêmes reproches qui ont été faits au FPS basé sur le moteur Source à sa sortie.
Mais Blizzard a décidé de chercher des solutions pour ne pas perdre cette bataille en partant à la recherche de nombreux nouveaux profils pour changer son visage en Corée. Cela commence par la recherche d’un nouveau responsable de la communication, dont l’offre a été publiée aujourd’hui. Il aura fort à faire et devra réparer la communication catastrophique de Paul Sams qui a réussi à devenir aussi impopulaire que le dictateur Nord-Coréen Kim Jong Il.
Dans les discussions avec les autres organisations, Blizzard cherche également depuis deux semaines un nouveau responsable chargé de représenter la société auprès des autorités Coréennes et d’autres lobbies du jeu vidéo. Après la révélation des clauses demandant la suppression progressive de Broodwar dans les contrats le liant à la KeSPA, est-ce qu’un changement de visage suffira à remettre tout le monde autour de la table de négociation ?
C’est une stratégie que l’éditeur avait déjà employé avec un succès mitigé lors des difficultés d’acceptation des extensions de WarCraft par les autorités Chinoises, où il avait même été jusqu’à changer de partenaire. Trois ans après les difficultés sont restées les mêmes.
Vers la fin des LANs
En Europe, la situation inverse est pour l’instant en train de se produire, puisque l’éditeur n’a fixé aucune contrainte pour ne pas étouffer une scène qui lui paraissait balbutiante. Si StarCraft II a insufflé une nouvelle vie à la scène RTS, c’est au contraire la multiplication des évènements qui nuit à ceux-ci. Est-il normal de n’avoir que 24 joueurs à une Re-So alors que le jeu a été adopté massivement par la communauté ? Assiste-t-on déjà aux prémices de l’explosion d’une bulle spéculative qui fera pschitt lorsque les sponsors se rendront compte une nouvelle fois que le ridicule petit million de boites vendues en Europe est moins porteur qu’un Call of Duty qui s’est vendu 10 fois plus. Car si l’avenir du jeu vidéo est plus que jamais dans les consoles, y a-t-il une place pour l’esport dans ce domaine ? L’échec chaque année renouvelé de Consoles.net, la plateforme de l’ESL est consternant.
Leur venue sur des espaces accolés aux LANs vides de tout visiteur et de tout intérêt semble en tout cas les tenir éloignés du circuit. Lan Alliance qui devait organiser ses finales à la Japan Expo est confronté à des difficultés de financement de son espace. Celui-ci pourrait même basculer dans l’escarcelle de Games-Fed qui y organiserait ses finales WCG.fr, mettant dès lors Lan Alliance et l’ESWC qui n’ont bientôt plus aucun sponsor au fond du gouffre. Le premier à obtenir ce stand raflera probablement la mise, alors que les relations de Lan Alliance avec l’organisateur de la Japan, la SEFA, se sont rafraîchies devant tant de tergiversations.
De plus, si l’année dernière la qualification aux « WCG.fr aka Masters Français du Jeu Vidéo » se sont faites via le circuit Lan Alliance, rien ne dit que ce sera le cas cette année. D’une part Games-Fed souhaite probablement revenir à une situation où ils organisent eux-mêmes leur évènement, d’autant plus que le Festival du Jeu Vidéo va sûrement disparaître. D’autre part l’ESWC est déjà en partenariat avec Lan Alliance, ce qui n’était pas le cas l’année dernière.
Cette situation à trois organismes (GamesFed/LanAlliance/ESWC) est clairement intenable et devrait déboucher dans les prochaines semaines sur une crise alors que l’organisateur quel qui soit devra bientôt rentrer dans la phase opérationnelle de l’organisation de la Japan Expo. Le combat s'il a lieu tournera probablement dans tous les cas à l'avantage de GamesFed, puisque la société via Warning Communications entretient de très bonnes relations avec la Japan Expo dont elle gère les relations publiques....
Oui, c'est le bordel.
Dans tous les cas, combiné à la fin des petites LANs, on semble se diriger vers un modèle constitué d’une dizaine d’évènements annuels tenus lors de salons afin de maximiser la visibilité des sponsors. Seules DreamHack et Gamers Assembly pourront peut-être résister en devenant un point de fixation, le salon de la DreamHack faisant de toute façon déjà la taille de feu le Festival du Jeu Vidéo…
Bonne nouvelle à signaler d'ailleurs pour la GA, la signature avec Medion d’un partenariat d’environ 14000€ qui permettra de financer un tournoi sur invitation de 5000€ qui devrait réunir quelques joueurs Européen et qui s’ajouterait au tournoi Masters qualificatif pour… heu… on ne sait plus...
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
A quand une homogénéisation ?! Je pense que cette idée devrait fleurir dans ces réflexions.
Sinon pour la partie LAN, la GA a parié sur HoN alors que LoL est plus présent.
- Heroes of Newerth © S2Games - 16 équipes
- League of legends © Riot games - 0 équipes
C'est la classe... Enfin, ils doivent avoir leurs raisons les p'tits gars de Futurolan.
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
Bref, dans l'article tu mets le doigt sur le problème de l'esport (et des jv en général) : "boycott car jugé trop simpliste, disposant d’un skill cap trop bas et trop aléatoire." Et c'est là qu'il faut que les développeur exclusifs pc (ou presque) comprennent qu'ils doivent sortir un jeu portant un nom vendeur, accessible mais avec un gameplay très profond (à la blazblue dans les jeux de combats), très simple à diffuser, et qui bouge pour attirer le spectateur néophyte.
VALVE, IDsoftware REVEILLEZ-VOUSSSSSSSSSS !!!
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
Et toute évolution et tous changements passent par certains sacrifices. L'eSport ne peut pas changer en stagnant tel qu'on le connait.
L'immobilisme serait la vraie crise de l'eSport.
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
+1
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
Article de qualité btw
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
La mutation c'est bien beau mais sa marche pas... La preuve CSS qui s'impose toujours pas (les grosses équipes sont sur 1.6) sur call of duty les meilleures équipe jouent au 4 alors que le 7 est sortie (c'est bien le 7?)... Quake ils sont passé de q4 à ql (remake de q3)..
Pour le coup si j'ai bien comprit c'est blizzard qui veut faire payer les événements qui ont lieu en corée alors que ces événements en incluant un jeux blizzard font de la pub pour blizzard.. Si blizzard veut imposer SC2 va falloir qu'ils arrêtent de penser trop argent...
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
#3 Son évolution ressemble un peu trop à celle qu'ont eu les dinosaures en ce moment :)
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
On parle de deux choses distinctes en fait, le support, c'est-à-dire le jeu vidéo ne doit pas changer tous les deux ans, c'est clair. Et je suis d'accord.
Mais l'eSport en général, d'un point de vue mentalité, doit changer. En fait, je parle surtout de la deuxième partie sur les LANs en France, il va y avoir des gens/sociétés qui vont être laissés sur le bord de la route, jusqu'à ce qu'on arrive à un système nouveau.
Ceci dit, c'est vrai que css, quake 4 sont des flops, et qu'en Corée SC2 soit mitigé. Depuis combien d'années le foot n'a-t-il pas changé ? ^^ Mais les structures autour ont mutées.
Le vrai problème de l'eSport en fait c'est surtout que le principe même de l'informatique c'est l'évolution du support, et pour créer quelque chose de durable il faut un support stable.
Modifié le 17/04/2019 à 13:37
Oui, je pense que les lans de taille moyenne à grande sont menacées si elles visent les "pgm" qui font 300km (voir bcp +) pour un w-e en LAN et du cash. On risque de revenir à des évènements plus "familiaux" avec moins de lots et une dimension plus locale avec à côté, des mastodontes (type GA) qui arriveront à mettre suffisamment en scène leur évènement.
A côté de ça, la question qui va perdurer c'est : peut-on aujourd'hui assurer le show sur un support stable ? CS 1.6 l'a longtemps été mais ne semble plus rencontrer les attentes des organisateurs => il faudrait de nouveaux jeux, prévus pour durer longtemps (=> des développeurs qui ne veulent pas surexploiter sa licence...), massivement adoptés par la communauté et offrant la dose de show requise. Starcraft 2 n'est pas un mauvais candidat mais il en faut d'autres et il ne faut surtout pas que des boîtes comme Blizzard ne tentent trop vite de s'immiscer dans le business des droits de diffusion, il faut laisser grandir le bébé (bien qu'en Corée, le marché semble arriver à maturité et leur attitude est relativement compréhensible même si ils s'y sont mal pris)