L’année 2011 se termine et restera sans doute un bon cru dans la mémoire collective du sport électronique, il faut dire que 2009 et 2010 avaient été particulièrement mauvais. Qu’en sera-t-il de 2012 ? Nous vous proposons 3 scénarios prospectifs.
Scénario 1 : L’esport phénomène de l’année
Apres une période un peu plate fin 2011, les nouvelles saisons de GSL et MLG attirent un engouement inattendu. Le sport électronique est dans une spirale positive qui entraine le retour de ses enfants prodigues. Les grandes compétitions doublent leur cash prize et des compétitions moyennes se professionnalisent et atteignent une audience remarquable. Les technologies s’améliorant, les WebTV cartonnent et sont désormais disponibles sur mobile, les revenus publicitaires sont tellement élevés que les structures ne savent plus que faire de leur argent et embauchent shoutcasters et rédacteurs, améliorant ainsi significativement leur qualité et quantité de contenu et élargissant encore davantage leur audience.
Une chaine de la TNT consacre désormais une émission hebdomadaire à StarCraft II et une rubrique est consacrée aux autres jeux qui cartonnent, LoL et CS :Global Offensive. Les plus grands organismes trouvent un terrain d’entente pour organiser leurs compétitions sous la forme de circuits indépendants mais coordonnés offrant aux meilleurs joueurs de chaque continent de nombreux programmes d’échange sous forme de wild cards. Le moindre match officiel dans un des circuits nationaux compte pour un classement ELO permettant d’avoir une vue d’ensemble claire du circuit.
Les joueurs commencent à soigner leur image sous la pression des équipes et contribuer à diffuser une aura positive autour du phénomène, celle de jeunes passionnés, calmes et bien éduqués. Tous les éditeurs s’intéressent désormais de près au phénomène et font tout ce qu’ils peuvent pour que leurs titres soient jouables en compétitions, embauchant d’anciens champions qui trouvent ainsi une voie pour se recycler. Un des vainqueurs Français est invité au 20heures de TF1 pour s’exprimer en duplex d’un des grands événements internationaux.
Les gaming houses se sont généralisées et permettent aux meilleurs joueurs de trouver un pied à terre et de continuer leur entrainement quelques jours entre chaque compétition internationale. Ils sont devenus de vrais professionnels capables de supporter le décalage horaire, le stress et la compétition tellement rude qu’ils ne peuvent se permettre de relâcher leurs efforts. En Corée la scène BroodWar bascule sur le nouvel opus et ses meilleurs représentants rivalisent rapidement avec les champions du Code S. Les joueurs de première génération reviennent en LAN pour le fun et ces évènements redeviennent conviviaux ; on assiste de manière plus générale à « un retour à l’IRL ».
Scenario 2 : Rien ne change
Tous les ans, on nous promet que l’année prochaine va être celle de l’explosion du sport électronique ou celle de sa mort. Au final, comme chaque fois, rien ne change. 2011 aura été une bonne cuvée, 2012 va se révéler être à peu près du même niveau. Faute à la crise, les cash prizes des événements sont un petit peu réduits mais les joueurs, organisateurs et structures y trouvent tout de même leur compte. Les WebTV continuent à faire à peu près les mêmes chiffres et à rapporter à peu près autant d’argent dans le circuit, ce qui a surtout changé c’est la concentration, pas mal de structures en ont absorbé d’autres et se renforcent durant cette année de transition.
Le public est un peu plus mûr et suit la scène de plus près, en particulier les grosses compétitions, les plus gros joueurs ne participent d’ailleurs plus aux Go4SC2 que pour le fun, ayant compris que l’enjeu était ailleurs ; celle-ci continuent à jouer leur rôle de tremplin vers la renommée. Counter-Strike : Global Offensive complète le panel des jeux esport avec League of Legends et StarCraft II, et si le nombre de joueurs reste faible par rapport au pic du début de l’année 2011, ceux-ci sont beaucoup plus assidus et n’hésitent pas à débourser des abonnements aux chaines payantes des compétitions.
Le sport électronique n’est plus UNE bulle mais continue de vivre dans SA bulle, il est relativement insensible aux changements profonds du reste du jeu vidéo qui continue à se casualiser. Les petits et moyens éditeurs changent de stratégie et s’orientent vers le mobile ou les plateformes de réseaux sociaux, laissant aux grands pontes le contrôle de la majorité du marché des titres PC ou Console. Ceux-ci font des concessions au sport électronique sans pour autant s’y investir vraiment.
Les Masters du Jeu Vidéo continuent à faire partie du folklore Français des petits événements, même si les structures principales se partagent le circuit et choisissent de ne pas envoyer leurs meilleurs représentants aux plus petites étapes. A l’international, la Corée reste synonyme d’élite mais les joueurs qui y vont ne restent guère plus d’une saison de GSL, ayant du mal à y faire leur nid, plus une question de climat que de niveau, les Coréens devant batailler ferme lors des MLG et ESWC. Au pays du matin calme, il y aura finalement une saison supplémentaire sur BroodWar, le temps pour la Kespa de voir si la GSL survivra.
Scénario 3 : L’effondrement
C’est le scénario du pire, la conjoncture économique continue de se dégrader et la bulle Internet 2.0 explose. Les compétitions et les équipes ayant basé leurs sources de revenus sur les WebTV les voient s’effondrer et sont contraintes de réduire leur échelle, ou pire, de fermer leurs portes entrainant une défiance supplémentaire, les sponsors tournent le dos à celles qui survivent.
De manière générale le sport électronique ne parvient pas à élargir son public en dehors de la tranche d’âge 15-25 ans. Pire, le phénomène de mode League of Legends et StarCraft II s’estompe et les joueurs se consacrent à nouveau a d’autres types de jeux, titres solos, sur réseaux sociaux ou sur console. L’arrivée de DotA2 et Counter-Strike : Global Offensive ne fait qu’éclater à nouveau un public qui s’était déjà réduit comme peau de chagrin à cause de Skyrim, SWTOR ou Diablo III.
Les prochains titres ne sont guère prometteurs et l’avenir est sombre, c’est la fin du modèle par souscription des MMORPG qui ne permet plus de fidéliser les joueurs. Activision et Electronic Arts n’ont aucun souhait de rendre leurs jeux esportisables et continuent de sortir une suite par an et un DLC dans l’intervalle dans une logique de profits. Les prochaines consoles leur donnent d’ailleurs raison, plus casual tu meurs, et tout est dématérialisé. Les petits studios meurent les uns après les autres, THQ, Atari font faillite, tout comme Mad Catz en conflit avec Nintendo et Sony qui perdent eux des sommes record et font valoir leurs brevets.
Le circuit des LANs Françaises perd de nouvelles étapes, les maires et collectivités locales en faillite n’accordant plus aucune subvention. Celles qui restent se passent mal, fréquentation faible, problèmes de délinquance, lassitude… Les vieux de la vieille ne souhaitent plus y mettre les pieds et les plus jeunes préfèrent passer leur week-end sur Facebook.
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
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On peut espérer un scénario croissance moderée, comme on a eu en 2011
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
pomf et thud servent peut être à rendre l'Esport populaire, mais sont d'une médiocrité affligeante. Un Llewellys apporte beaucoup plus d'après moi: professionnalisme, exigence et compétence (c'est d'ailleurs avec/grâce à lui que j'ai découvert sc2, et qu'on pouvait prendre plaisir à le regarder), un Yogo, toujours sur la meme tv, apporte plus de fun.
je ne parle pas de bob, qui régresse le tout...
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
Exact. C'est toujours en ratissant légèrement plus large que le public cible qu'on arrive à intéresser des gens à son domaine. Au début quand je jouais à Counter-Strike, il y a environ 8 ans, je ne savais pas du tout qu'il existait une scène e-sport, mais c'est de fil en aiguille en regardant des fragmovies via des sites de jeux grand public et en jouant sur des serveurs de teams que j'en ai pris connaissance.
Le travail de Blizzard à ce niveau-là est exemplaire en ayant des news e-sport quasi systématiquement quand on ouvre SC2. Imaginez la même chose sur CoD et BF3. Le potentiel d'expansion de l'esport est grand (mais je reste convaincu qu'on n'intéressera pas ou peu les non-joueurs à l'esport, mais plutôt ceux qui jouent déjà). Au stade où l'esport se situe, l'effort doit provenir autant des éditeurs de jeux que des acteurs de la scène e-sportive.
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
Et même quand on a l'impression que ça marche on nous annonce que c'est pas rentable. La mlg a réussi à créer un événement majeur tout en ayant un des plus petit cash prize de la scène, on se dit qu'à l'aune des centaines de milliers de vues de leur stream à chaque mlg le truc doit bien tourner, et on apprend qu'il sont dans une situation grave et contraints de stopper les émissions quotidiennes qu'ils produisaient jusque-là sur leur chaine. De la même manière le changement de format de la GSL va permettre à gomTV de réduire le cash-prize de quasiment 50%.
Alors on peut légitimement se demander ce qu'il en est des organisations comme l'eswc qui patissent déjàs d'un déficit énorme et qui malgrès la bonne attendance de leurs évènements ne feront jamais de bénéfice conséquents, du moins suffisants pour rembourser leurs pertes.
Bref je suis très sceptique a propos d'une croissance de l'esport, je pense que l'on a atteint l'apogée, 2012 va être l'année du raisonnable.
Modifié le 17/04/2019 à 13:58
(Avant de me faire flame, je tiens à dire que je joue à CSS depuis un moment, et que je compte switch sur CSGO, et si jamais ce dernier fait un bide j'pense arrêté les FPS et joué à Starcraft2)