"Ici Jean-Pierre Gaillard en direct du NASDAQ, aujourd'hui c'est Electronic Arts qui fait sensation avec une hausse de plus de 15% suite à l'annonce d'un share buyback de 600 M$ soit plus de 10% de la capitalisation de l'entreprise. Piper Jaffray upgrade à Sur-Pondérer et Atlantic Equities à Neutre, on n'avait pas vu çà depuis la bulle Internet."

Et oui Jean-Pierre, mais bon tu devrais le savoir maintenant, à chaque fois qu'Electronic Arts publie, c'est une véritable boucherie, dans un sens ou dans l'autre. Cette fois-ci l'éditeur Américain à publié une perte de 322 Millions de Dollars sans rougir, mais en fait il faut lire bénéfices de 173 Millions de Dollars donc c'est bon. La raison de cet écart entre la méthode comptable Américaine (GAAP) et les chiffres non-GAAP plus proches de la réalité tient à la prise en compte par GAAP de deux éléments très couteux pour EA. Le premier est les charges de restructuration (150 Millions de Dollars) alors qu'Electronic Arts licencie à tour de bras, le second est plus complexe mais celà vaut quand même le coup de s'attarder dessus.

Lorsqu'EA sort Call of Duty 12, le contenu additionnel qui sera disponible sur la boutique plus tard est parfois déjà produit, un autre contenu peut être offert dans un pack collector sans avoir encore été produit, et il est donc très difficile d'évaluer le coût de ce contenu et ce qu'il rapporte. De fait EA a décidé de linéariser les revenus générés sur la durée de vie estimée du jeu, cette astuce comptable lui permet ainsi de cacher 350 Millions de Dollars de pertes tout en promettant aux actionnaires que ce ne sont pas des pertes mais des gains lissés.

Les ventes numériques tirent les résultats vers le haut et sont en hausse de 39%, représentant désormais 20% du Chiffre d'Affaires de la firme, les investisseurs sont aussi très friands de la date de sortie du futur-ex-WoW-Killer "Star Wars : Kings of the Old Republic", alors que 500 000 utilisateurs suffiraient à rentabiliser le titre et qu'un Million déclencherait des scènes d'hystérie à Redwoord City. Des chiffres qui font tout de même rire dans le milieu de la finance puisque le titre aurait coûté 300 Millions de Dollars a concevoir selon David Bank, analyste pour RBC Capital Markets qui recommande l'achat sur le titre. Chez *aAa Derivatives, avec une simple règle de trois, on arrive à la conclusion qu'avec 500 000 utilisateurs il faudrait que chaque utilisateur dépense 600$, sans compter les marges des distributeurs et les frais techniques inhérents au fonctionnement du jeu (GAAP ou non-GAAP). Notre recommendation sera donc LOL, même si aujourd'hui de plus en plus de gens sont capables d'acheter un string Boba Fett 15$ sur la boutique de leur éditeur préféré, un effet de bord a ne pas négliger : vaut-il mieux avoir un sous-vêtement Collector à 15$ ou une action à 17$ ?

"Nous avons connu un troisième trimestre solide avec un résultat d'exploitation en hausse de 75% par rapport à l'année dernière. EA a connu une croissance 39% dans les ventes numériques et vise un chiffre d'affaire de 750 000 millions de dollars dans ce domaine." a déclaré le directeur financier d'EA Eric Brown. Le Président Directeur Général ayant quant a lui annoncé :  "Nous sommes heureux d'annoncer un autre trimestre fort, notre rachat de 600 Millions de dollars d'action démontre notre confience dans la stratégie numérique d'EA".

Car comme nous la confié J-P en début de news, la principale raison de la hausse c'est bien ce "share buyback", un rachat d'action destiné à récompenser les actionnaires en rachetant comme son nom l'indique jusqu'à 600 Millions de Dollars d'actions et ainsi faire monter la demande et donc leur prix. C'est un peu comme un dividende en plus cheap, puisqu'on rachète le nombre d'actions qu'on veut, quand on veut et au prix qu'on veut. Néanmoins, un Share Buy-Back, c'est inhabituel pour une entreprise qui a encore un potentiel de croissance et ferait mieux de racheter des studios et des licences. Vous l'aurez compris, le rachat d'actions est normalement plutôt réservé aux Utilities (EDF, GDF, France Telecom) qui ne savent pas quoi faire de leur argent...

 

A l'autre bout de la planète c'était Capcom qui publait la nuit dernière de bons résultats  (en hausse de 165%) mais sans grande visibilité selon Morgan Stanley; et qui serait principalement due à la très bonne performance de la dernière mouture de Monster Hunter.