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Jeu des questions réponses avec ENEMY.

 

En vue du Six Invitational, nous nous sommes rendus auprès de Julian "ENEMY" Blin, récemment promu au poste de capitaine de PENTA Sports, pour le questionner sur son équipe, leurs performances du moment et tout particulièrement le Major de Montréal, auquel il participera pour la deuxième fois.

 

team-aAa.com : Vous êtes sur la pente ascendante et êtes à la tête de performances très satisfaisantes (6Cup, EuroCup, Castle Siege) dont une deuxième place au Minor de la DreamHack Winter, derrière G2, qui vous a offert cette qualification au Six Invitational. Penses-tu avoir franchi un pallier supplémentaire depuis le début de la saison et ta victoire à la Coupe de France ?

Julian "ENEMY" Blin : Ouais, je pense que notre méthode de travail, notre façon d'approcher les matchs et notre entraînement ont changé. On va dire qu'on est plus lucides et sereins dans ce qu'on fait, c'est-à-dire qu'on travail désormais dans le bon sens et quand c'est le cas, on se rend compte que les résultats sont meilleurs, bien qu'il y ait des déceptions, dont un ou deux de nos derniers matchs en Pro League. On est clairement dans une bonne méthode de travail, une bonne dynamique et ça fait plaisir pour l'équipe.

 

Comme tu l'as dit, vous avez eu certaines déceptions qui peuvent amener à des changements de joueur. Vous avez substitué Panix par blas récemment. Le recrutement d'un joueur hongrois est-il un choix délibéré de rester sur une lancée internationale ?

S'il y avait un français disponible, cela aurait pu être un français. Maintenant, blas fut un choix unanime. Après le test de plusieurs joueurs, il n'y a eu aucun doute sur le fait qu'il serait notre joueur. Ça n'est toutefois pas un choix de rester à l'international, mais blas a apporté ce dont nous avions besoin, en plus d'avoir une grosse expérience. De plus, un des avantages de rester à l'international est de fluidifier la comm : elle n'est pas plus détaillée, mais fluidifiée, nettoyée du brouillon français.

 

Une fluidification de la comm, mais est-ce par ailleurs une démarche pour vous accommoder à une encore plus grande internationalisation de la scène française ?

Non, je pense clairement que tout français aimerait avoir une équipe de cinq français. Après, le problème des français aujourd'hui est qu'ils ont du mal à se remettre en question entre eux. Quand un français dit à un autre français qu'il a tort, cela pose problème alors que quand cela vient d'un étranger, la critique est perçue différemment. Il y a une sorte d'égo qui s'impose et moi je l'ai compris. Il faut savoir accepter les erreurs, savoir accepter qu'on a été nul, ce qu'on a mal fait et s'en servir comme une force. J'en suis le bon exemple.

 

 

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ENEMY sous les couleurs Vitality à la Coupe de France 2017

 

 

Après une première semaine de Pro League compliquée, vous prenez vos aises et parvenez à proposer un meilleur visage ces derniers jours avec notamment un draw face à G2 qui a manqué d'être une victoire d'un cheveu...

Effectivement, un peu comme lors du match où nous gagnions 4-0 contre Empire, ce qu'il ne faut pas oublier. On commence sur les chapeaux de roues, tout se passe bien et les problème surgissent quand on passe en attaque, un side qui a toujours été notre point faible. Je dirais que c'est aussi du fait d'une meta favorisant actuellement la défense. Toutes les équipes ayant le choix optent pour commencer en défense puisque l'attaque est plus compliquée aujourd'hui. Sachant qu'on avait changé un joueur deux semaines avant de reprendre la Pro League, remettre certaines choses que l'équipe ou moi avions envie de changer avec les automatismes a pris un peu de temps. Après plusieurs matchs, nous parvenons à mettre nos attaques et gagner. Nous avons besoin d'un peu de temps pour trouver nos aises, notre assurance et je ne m'inquiète pas sur le fait que nous allons dérouler.

 

L'équipe renaît donc de ses cendres depuis l'arrivée de blas...

Oui. On avait quand même fait de bonnes choses avant, tu parlais notamment de la Coupe de France, du Castle Siege, l'équipe tournait déjà bien à cette époque, mais nous avons pris conscience de certaines choses comme la nécessité du facteur humain dans l'équipe, ce qui forme un tout nous faisant aller de l'avant. En plus, blas, au même titre que tout le monde, amène aujourd'hui quelque chose de "serein" : la motivation de gagner, il n'y a désormais plus rien d'autre qui compte. On en parlait encore tout à l'heure : en France, c'est dur de trouver des joueurs capables de se sacrifier et jouer des opérateurs qu'ils n'ont pas envie de jouer, qu'ils n'aiment pas mais étant bons dessus. À l'européenne, ils s'en foutent complètement, ils veulent juste gagner. Hungry, très fort sur sa Ying, sur un Jagër ou encore sur Ash joue Montagne car il sait qu'il nous apporte une plus-value. Il y a ce côté humain qui rentre en compte, qui fait que tu mets ton égo à part et tu joues pour gagner, pas pour briller. Tout le monde dans l'équipe l'a compris et c'est pareil pour blas. Il n'est pas là pour se faire briller, quand il trouve avoir fait une mauvaise game, il tient à s'excuser et je lui fais bien comprendre qu'il n'a pas à s'excuser sachant que je sais qu'il a fait de son mieux. C'est ça qui est important. Le lendemain, il nous sortait une game avec six open kills et une -4 contre Chaos. C'est un très gros joueur et c'est toute cette motivation de gagner qui fait que je suis très confiant pour ce qui arrive.

 

Selon toi, le retard encaissé par la Pro League vous a-t-il profité, ou joué en votre défaveur ?

Je pense qu'aucun des deux, tout le monde est dans la même situation. Que tu doives jouer deux ou cinq matchs dans la semaine, que ce soit des praccs où de vrais matchs, la fatigue est la même du moment que tu joues tes praccs à fond. Ceux qui ont fait les qualifications avec une dizaine de matchs ont peut-être appris plus de choses et remarqué de choses à corriger pour le Six. C'est du 50-50.

 

En parlant de blas, suite à son intégration dans vos rangs, vous êtes devenus officiellement un groupe européen. Quant à toi, as-tu l'impression d'appartenir à un nouveau collectif à part entière, étant le seul membre restant de l'ancienne équipe Vitality avec Revan ?

Sincèrement, je suis aujourd'hui sur une tout autre lancée. Je suis avec mon ami Revan, mais également avec des professionnels avant tout. Mes anciens coéquipiers ont beau être de bons amis, je ne suis plus l'optique d'être en Pro League avec un groupe de potes. C'est différent, aujourd'hui, on a tous envie de montrer qu'on est les meilleurs et on a le potentiel pour. Je me sens comme si j'étais expatrié français.

 

 

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ENEMY sur la scène de la 6Cup 2018

 

 

Abordons désormais le vif du sujet. Vous êtes logés dans la poule D face à Evil Geniuses, NORA-Rengo et LeStream Esport. Comment appréhendes-tu la phase de groupes ?

Tout le monde parle d'une poule de la mort. J'invite les joueurs à regarder les autres groupes, qui sont d'un niveau tout aussi relevé. On n'a pas le droit d'avoir peur. J'aborde le Six confiant et serein parce que je sais qu'on travaille, j'ai vraiment hâte à l'idée de voir ce que ça va donner. On est quand même en présence des 16 meilleures équipes au monde donc à un moment, si tu veux être champion du monde, il faut bien battre tout le monde, y compris les meilleurs. Que je sois dans la poule A, B, C ou D, pour moi, c'est la même, NORA-Rengo sont aussi dangereux qu'Evil Geniuses ou LeStream, toutes ces équipes sont très fortes et ne sont pas qualifiées par hasard.

 

Quel est votre objectif à ce Six Invitational ?

Gagner et on y croit très fort. On sait qu'on en est capable et quand on met tout ce qu'il faut sur la table pour le faire, ça déroule, donc il n'y a aucune raison que cela ne soit pas le cas au Six, d'autant plus qu'on sera offline, dans les meilleures conditions et tous amoureux du jeu. Il y a tout pour nous donner la hype et la petite étincelle qui nous permettra de faire la différence. Je vais te confier qu'aux deux derniers Majors, je n'y croyais pas autant. Le Six Major j'y croyais parce qu'on était sur une bonne lancée avec Alive et Voy, on a fait de belles perfs mais l'important est de gagner. Je n'ai pas envie d'être l'équipe qu'on oublie.

 

Tu es donc dans une équipe européenne avec Revan aux côtés d'un allemand et de deux hongrois. Vas-tu aux championnats du monde le drapeau français ou européen sur les épaules ?

Je dirais les deux. Dernièrement, on a vraiment eu beaucoup de soutien de la part de la communauté européenne, notamment grâce à PENTA et son influence acquise avec l'ancienne équipe. Maintenant, j'ai aussi envie de porter l'étendard français, peut-être parce que je suis français et parce que la communauté francophone, qui nous a beaucoup critiqué par le passé, revient de notre côté. C'est extrêmement satisfaisant, que ce soit sur les streams ou sur les réseaux sociaux, c'est complètement différent. Je vais au final dire 70% en tant que français et 30% comme européen.

 

 

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ENEMY au Minor de la DH Winter

 

 

Tu prendras part au Major de Montréal un an après y avoir terminé à la dernière place avec Vitality. Tu as depuis franchi bon nombre d'étapes, des hauts comme des bas. Quand bien même as-tu envie d'effacer la prestation de ton équipe de l'an dernier, gardes-tu dans un coin de la tête l'Invitational 2018 comme source de motivation supplémentaire ?

C'est étrange, je devrais répondre oui, mais je vais répondre que non. Je n'y pense pas du tout puisque cela relève pour moi du passé, c'était l'ancien ENEMY. J'ai l'impression que ce n'était pas moi. Maintenant, je me sens à 300 % dans ce que je fais, ce qui n'était peut-être pas le cas auparavant. Je ne pense pas vraiment au passé, c'est comme si j'allais au Six pour la première fois, avec l'envie de gagner que j'avais au Six Major. Je n'y crois pas comme un rêve, mais j'y crois parce que je sais que c'est faisable. C'est différent.

 

C'est donc un nouvel ENEMY qui s'envole pour Montréal cette année, faisant table rase de tout le passé, dont ta qualification au dernier Six Invitational par le vote communautaire ?

Forcément, la communauté préfèrait qu'une équipe française aille au Six par rapport à une équipe brésilienne, c'est pour cela qu'on a été choisis. On n'a pas fini dans les premiers, bien au contraire, mais le vote était là. Quelque part, je dois beaucoup à ceux qui ont voté pour Vitality à l'époque, dans le sens où j'étais au Six grâce à eux, bien que j'ai essayé de faire mon boulot au maximum. Mais aujourd'hui, je leur dois tout autant grâce à leur soutien. Je me suis qualifié pour que le drapeau français figure sur les news, sur les podiums. Donc non, aucune revanche et je ne pars pas dans l'optique de refaire le passé. Je suis serein, très lucide et c'est pour moi la meilleure manière de commencer le Six.

 

Je te remercie pour le temps accordé à la réalisation de cette interview, ta franchise et ta sincérité et te laisse le mot de la fin !

Merci pour l'interview, merci à tous d'être de plus en plus nombreux à nous soutenir, cela nous fait extrêmement plaisir comme j'ai pu le dire. Autant sur le plan collectif que personnel, que des français deviennent fan de SirBoss, Hungry ou blas, comme de Revan ou moi, cela nous fait plaisir. Il n'y a qu'un seule chose à rajouter ; #ThisIsPENTA.