A trois semaines de la Gamers-Assembly 2009, nous sommes allés poser nos questions à Désiré Koussawo, 40 ans, Responsable des systèmes d’information et président de Futurolan, organisatrice de la GA depuis 2001. Celle-là même qui fêtera ses 10 ans cette année.

Sunscorcher, une hôtesse et Désiré à la Gamers Assembly 2007
 
Pour commencer, peux-tu nous expliquer comment tu es tombé dans le microcosme du sport électronique ?
Je ne suis jamais tombé dedans (rires). A vrai dire, j’étais président d’un club informatique de 150 membres à St-benoît, dont 10 d’entre eux ont participé à la première édition de la GA et m’avaient demandé de leur prêter 10 PC de ce club informatique pour y participer. Je suis passé le samedi de cet événement par curiosité voir comment cela se passait et je n’en suis jamais ressorti.

Suis-tu l’actualité du sport électronique tout au long de l’année ? Qu’est-ce qui t’as interessé dans l’organisation de la Gamers-Assembly ?
Je ne suis pas l’actualité tout au long de l’année, je lis team-aaa.com entre autres mais il m’arrive de ne pas m’y connecter pendant des semaines. Ce qui m’a tout de suite intéressé est le fait avant tout d’organiser une manifestation, l’aspect événementiel, et je me suis fait beaucoup d’amis dans le milieu et de fortes attaches se sont créées. Mais cela aurait pu arriver dans un tout autre domaine que celui du jeu vidéo.

Parlons de la GA en elle-même maintenant. Dixième édition cette année. Quel bilan peux-tu en tirer après cette décennie d’existence ?
Le premier bilan est qu’on a su garder tout au long de ces années l’esprit associatif qui était nécessaire pour que la manifestation garde sa bonne humeur et sa bonne ambiance. On accueille aussi bien les meilleures équipes françaises que les moins connues dans ce qu’on pourrait appeler un festival, et pas une compétition de haute volée avec uniquement des équipes de têtes d’affiches... Les joueurs doivent prendre du plaisir, c’est le plus important pour nous. On est là pour se faire plaisir.
Deuxièmement, on a su s’ouvrir. A St-benoît, il y avait uniquement des gamers, et le grand public ne faisait que passer. On a su au fil des années créer du spectacle sur scène, de l’animation au sein du village partenaires qui permet à tous de se divertir. Nous avons ouvert la GA sur le grand public.

aAa fêtera également ses 10 ans mais l’année prochaine. Tout comme Futurolan, nous sommes une association. Y-a-t-il un essoufflement de certains de vos membres ? Combien êtes-vous actuellement ?
Nous avons enregistré beaucoup de départs au fil de ces 10 années, compte tenu du travail éprouvant que représente l’organisation de cette manifestation. Le turn-over est donc important mais cela s’est calmé depuis 2 ans. Certains membres sont partis puis revenus, mais nous avons un petit noyau solide d’une dizaine de personnes. Nous sommes une quarantaine d’adhérents et lors de la manifestation nous dépassons les 150 bénévoles.

La GA se déroule chaque année au futuroscope. Y a t-il un projet d’organiser l’événement ailleurs ?
Sans le département, ça n’aurait pas été possible pour nous d’organiser une telle manifestation. La subvention du Conseil Général de la Vienne est de l’ordre de 50.000 € sur un budget de 150.000 € de trésorerie, et de 300.000 € en valorisation. Et puis nous aurions du mal à trouver un cadre si exceptionnel que celui que l’on vous offre depuis plusieurs années.

Concernant la Gamers-Assembly 2009 cette fois-ci, pourquoi n’y a t-il pas de tournoi Quake ou WoW cette année ?
Pour Quake, nous n’avons trouvé personne pour s’occuper de la gestion du tournoi, donc si quelqu’un veut organiser un petit tournoi Quake lors de la Gamers-Assembly il n’est pas trop tard, vous pouvez encore vous manifester, on est preneur de toute aide de volontaires.
Pour WoW, il y a énormément de contraintes techniques notamment au niveau de la connexion Internet. Ne pouvant garantir une qualité irréprochable, nous avons préféré ne rien faire. Si dans l’avenir les conditions sont optimales, alors nous verrons à proposer de nouveau ce tournoi.

Chaque année la GA est fort bien dotée, mais pourquoi n’y-a-t-il pas de cash ? Et pourquoi annoncez-vous la liste de vos lots aussi tard, en sachant que ce facteur peut faire pencher la balance de certaines équipes envers la GA plutôt que l’UTT et la course aux points ESWC cette année ?
Nos frais de structure sont importants, il faut 150.000 € pour faire tourner la boutique, le budget est très serré donc nous ne pouvons pas nous permettre de distribuer du cash en dotations... (coupure de quelques secondes). On aurait pu en fournir mais il a fallu faire pour nous des choix plus importants à nos yeux et faire l’impasse sur certaines choses, comme par exemple fournir un tee-shirt GA à tous les participants. Et depuis quelques années, les vols sont nombreux, nous avons dû renforcer la sécurité de l’événement, ce qui a un coût non négligeable... Proposer du cashprize, c’est satisfaire environ 20 équipes au détriment de 900 joueurs (sécurité, tee-shirt etc..)
Concernant les lots, nous avons eu la liste définitive des dotations matérielles de nos sponsors la semaine dernière, la liste sera dévoilée d’ici une petite semaine. Je ne pouvais pas annoncer des choses dont je n’étais pas sûr. Il y aura autant de dotations que l’année dernière, soit une valeur d’environ 50.000 euros.
 
Quelles sont les projets d’évolution de la GA dans les années à venir ?
Certaines choses vont changer, on espère faire plus de place à une catégorie de joueurs qui vient se faire plaisir. La compétition amène certains joueurs dont on ne supporte plus vraiment les exigences. Je tiens encore une fois à répéter que nous sommes une association de bénévoles. Un joueur qui nous dit qu’il ne vient pas à la GA sous prétexte qu’on a pas encore annoncé les lots de nos tournois, ne rejoint pas l’esprit de la GA. Nous préférons une vision participative, qui vise à prendre du plaisir tout au long du week-end et à faire baisser la pression.
De plus, cette année nous avons invité l’association BattleFrance sur un étage complet avec 200 joueurs, présents sur plusieurs jeux comme la Coupe De France Left 4 Dead, la finale officielle de la compétition FIFA 2009 EA sur PS3, un tournoi Call Of Duty 4 et aussi BattleField 2142.

De quoi rêverais-tu pour les prochaines Gamers-Assembly à venir ?
Je rêverais de 800 joueurs qui viennent exclusivement pour le plaisir et qui considèrent ce rendez-vous comme un événement festif et ludique dans lequel ils viendraient s’amuser. Il faut que le plaisir soit partagé, que tout le monde participe à la fête. Depuis 2 ou 3 ans on se lasse de toute cette pression et BattleFrance a été une opportunité pour nous de renouveler cet esprit. Beaucoup de nos membres Futorolan sont partis de l’association depuis sa création car ils ne voulaient plus juste être prestataires d’un événement mais vraiment y prendre du plaisir. Ce virage va s’accélérer dans les éditions à venir, à titre d’exemple, les joueurs Counter-Strike : Source n’ont pas attendu les lots pour s’inscrire en masse au tournoi, ils viennent pour s’éclater à la GA.
Autre précision, l’association BattleFrance va venir dès jeudi pour nous aider à monter l’événement et repartir mardi pour tout démonter. C’est la première fois qu’une telle démarche nous a été proposée par une communauté de joueurs.

Revenons-en au monde de l’esport plus globalement. Que penses-tu du modèle économique qui y règne, en particulier celui de Games Services qui les a conduit vers la faillite ? Ne faut-il pas revoir complètement la façon de penser les compétitions esportives ? Quel serait selon toi le nouveau modèle économique à suivre ?
Je n’ai pas de leçon à donner à Games Services ni à qui que ce soit. De notre coté, nous essayons d’élaborer un modèle où le poids financier serait distribué équitablement entre le public, les partenaires et sponsors et les joueurs. Je pense que la fragilité de Games Services peut provenir d’un modèle ou l’équilibre financier dépendait d’un nombre trop restreint de sponsors.
Lors de la Gamers-Assembly, 20% du budget est assuré par les joueurs, une grosse partie par une subvention publique, et après par les partenaires. Il faut arriver à trouver un compromis où il y aurait suffisamment de contributeurs pour que la perte d’un d’entre eux soit couverte par les autres. du coté du Festival du Jeu Vidéo, on peut remarquer que l’événement accueille, en plus de ses sponsors,  de nombreux exposants et énormément de public. Le modèle de l’ESL n’est pas mauvais non plus, les joueurs payant une adhésion de quelques euros par mois (compte premium bien plus développé en Allemagne qu’en France) ce qui permet d’assurer une partie du coût de fonctionnement.

Pourrais-tu revenir sur la non homologation ESWC de vos tournois ?
Comme chaque année notre budget est très serré, chaque euro représente une dépense de plus. L’homologation est importante pour nous car nous l’avons toujours obtenue depuis le début du circuit, c’est un crève coeur de ne pas être homologué mais financièrement on l’aurait fait si on avait pas eu de propositions des WCG. On pense de notre côté que les WCG est un circuit qui mérite d’exister, sous-évalué par les joueurs, c’est pour cela qu’on souhaite le valoriser.
Nous avons rien contre l’ESWC ni même son organisateur Games-Services, pour preuve nous avions demandé l’homologation pour le tournoi CS Girls car en terme de sportivité, l’ESWC méritait que nous l’intégrions à la Gamers-Assembly. Nous ne voulions pas suivre financièrement. A sa différence, les WCG proposent l’homologation gratuite et un accompagnement sur les dotations.
Je m’entends bien avec Mathieu Dallon avec qui j’espère garder son amitié malgré cette douloureuse séparation, mais je m’entends bien également avec Jonathan Dumont, responsable de Games-Fed (société organisatrice des WCG France) et je ne cache pas que Futorolan a participé à l’organisation des WCG France 2008, ce qui a permis de créer des contacts. On pense qu’il y a du potentiel sur le circuit WCG, pas pour se faire de l’argent ou embêter Games-Services mais pour les joueurs qui méritent un circuit de valeur au sein des WCG.

Finalement n’y-a-t-il pas trop de ligues à l’heure actuelle ? L’ESL semble tirer son épingle du jeu. Est-ce envisageable qu’une seule structure puissante prenne le contrôle de l’ensemble, un peu à l’image du sport ?
Je pense que c’est une erreur que de penser qu’une société peut fédérer des joueurs. Dans le sport, la fédération ne se fait pas au niveau des sociétés mais au niveau des clubs et des joueurs. Les sociétés viennent soutenir cette fédération. Les organisateurs de LANs devraient se fédérer et les grosses équipes devraient se mettre autour d’une table pour ne proposer aux  sponsors et au marché qu’un seul interlocuteur.

Games Services a donc annoncé de grosses difficultés il y a peu de temps à travers un communiqué, avez-vous prévu quelque chose pour l’après Games Services ?
On continue notre vie, on n’a rien prévu, on ne veut pas devenir "l’empereur du jeu vidéo" en France. On organise nos Gamers-Assembly, si Games Services souhaite que l’on travaille ensemble, nous pouvons en discuter mais notre objectif n’est pas de profiter des difficultés de certains au contraire. Nous avons aidé avec plaisir à l’organisation des WCG pour 2008 ou même l’ESWC depuis 2003, et quand on peut aider on le fait avec plaisir. Il nous est arrivé de soutenir de nombreuses LANs comme la ReSO, la Spirit Lan, ou bien d’autres, et si besoin nous continuerons de le faire.

Cette fameuse crise qui sévit en ce moment a-t-elle eu un impact néfaste pour Futurolan (association organisatrice de la Gamers-Assembly) ?
A l’heure actuelle, la quasi-totalité des partenaires ont renouvelé leur participation pour 2009, et nous avons même de nouveaux partenaires. La crise se fait néanmoins ressentir sur le montant où la hauteur des participations de chacun d’eux. Les dotations matérielles de chacun ont diminué, les apports financiers également un peu mais globalement, on retrouve les mêmes que d’habitude : Intel, le Futuroscope, NRJ, EA, Microsoft, Enermax, ...

Je te laisse conclure...
Je tiens à remercier nos principaux partenaires que sont le Conseil Général de la Vienne, Intel, le Futuroscope et NRJ pour leur soutien indispensable, toute l’équipe de volontaires et de bénévoles qui participent à la réalisation de l’événement, et bien sur tous les joueurs qui continuent à nous faire confiance… et joyeux anniversaire à tous !!!



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