Après l'annonce du nouveau format des WCS, TeamLiquid a pu interviewer le PDG de Blizzard Entertainment, Mike Morhaime, et Itzik Ben-Bassa, vice-président. Voice ce qu'il en est ressorti. Vous pouvez trouver le post original sur Team Liquid.

 

 

 

TeamLiquid.net : Vous avez changé beaucoup de choses depuis l'année dernière. Quel regard portez-vous sur les WCS 2012, qu'est ce qui vous a plu dans cette compétition, et qu'est ce qui vous a déplu causant ainsi les changements que l'on connait ?


Mike Morhaime : C'est une excellente question. Commençons par les choses qui nous ont plu. Je pense que les WCS 2012 ont grandement participé à la visibilité de "héros" locaux dont on n'aurait pas forcément entendu parler sinon. Nous avions, en fin d'année dernière, commencé un partenariat avec les casters du monde entier qui a atteint son paroxysme lors des WCS Monde, lors desquels ont été interviewés beaucoup de joueurs, de professionnels et de spectateurs. Un contenu très intéressant en est ressorti, regarder ces interviews permet vraiment de connaitre les gens qui ont participé aux WCS.

Un côté négatif, cependant, est que ce système des WCS était très séparé du reste de la scène Starcraft 2, donc nous n'avions pas participé à l'effort qui existait déjà et qui tendait à rendre la scène esport Starcraft 2 encore plus incroyable. Au lieu de créer une seule scène, nous en avions crée une de plus qui était parallèle aux autres, mais qui n'était pas la scène définitive de 2012. Donc en tant que spectateur, tentant de voir qui est le meilleur joueur et quel est l'état de la scène, nous montrions juste d'autres possibilités, au détriment de la visibilité.

Ce n'était pas vraiment ce que nous voulions faire. Nous voulons rassembler tous les évènements géniaux qui se passent dans l'écosystème Starcraft 2 sur une seule année afin que les gens qui suivent puissent savoir qui sont les meilleurs joueurs et comment leurs joueurs favoris performent le long de l'année. Vous saurez ainsi ce qu'ils ont besoin de faire pour atteindre les phases finales du tournoi. Et a la fin de l'année, tout le monde sait quel est le meilleur joueur de Starcraft 2.

 

Pourtant, l'année dernière, on aurait dit que la volonté était de faire des WCS une compétition incontournable : autant de régions que possibles, autant de qualifications que possible, vous essayiez de rendre Starcraft 2 aussi intéressant et jouable que possible à un maximum de gens. Cette année, on dirait que vous tentez de rendre Starcraft 2 aussi visible que possible sur la scène E-sport, non plus en tant que joueurs mais que spectateurs.


MM : Pas vraiment, je ne suis pas tout à fait d'accord. Je ne suis pas certain que la structure du tournoi de l'année dernière ait permis à plus de gens de participer -je veux dire, j'adore jouer à SC2, mais je ne participerais jamais à un de ces tournois. Je pense que les gens qui ont participé a ces tournois ne l'ont pas fait à cause des WCS. Je pense qu'avoir des qualifications ouverte est une part importante des WCS et nous continuerons à utiliser ce format pour les ligues régionales.

Mais je penses que sans le nouveau format des WCS, les joueurs non coréens sont désavantagés. Ils voyagent beaucoup et n'ont pas nécessairement le même niveau de compétition journalier lorsqu'ils ne sont pas en Corée, c'est d'ailleurs pour ça que l'on voit beaucoup de joueurs venir en Corée pour s'entrainer avec les meilleurs. Le niveau est très élevé, en Corée, très strict. Et les joueurs coréens, à quelques exceptions près, ne voyagent pas autant que les non coréens. Nous voulions créer un environnement qui donnerait aux américains et aux européens un ecosystème stable pour s'entrainer. C'est pour cela que nous allons avoir le même nombre de places dans les trois ligues, le même prix, afin qu'il soit possible pour les joueurs professionnels d'être dans n'importe quel ligue.

 

IBB : Je pense cependant que vous avez raison et qu'en 2013 nous allons rendre l'accès au spectacle Esport plus simple. Nous essayons de créer une scène plus lisible, et à travers notre partenariat avec twitch, nous tentons de rendre le spectacle plus accessible. Il est donc absolument correct de dire que le but était aussi de rendre la scène plus facile à regarder, suivre, comprendre.

 

MM : Exact. Je pense que l'accessibilité à l'audience est un thème central. C'était l'un de nos buts avec les nouveaux WCS. Il y a beaucoup de choses que nous faisons différement ici en Corée : SC2 passera à la télévision 5 jours par semaine à partir de maintenant. A l'international, également, de grands changements ont été opérés. JE crois qu'il y aura uin stream en haute définition pour l'ensemble des WCS. Vous savez, si vous regardez les WCS 2012, il y avait beaucoup de tournois mais certains d'entre eux nécessitaient un abonnement pour accéder à une qualité vidéo décente. Certains étaient gratuits mais la qualité n'était pas toujours au rendez-vous, et c'est pour cela que nous avons désormais un stream régulier, accessible en haute définition, et gratuit. Et si vous voulez du 1080p, alors ok, il faudra payer un peu plus.

 

Vous disiez que cela stabiliserais la scène pour les américains et les européens. Mais d'un autre côté, certains joueurs comme NaNiwa, Scarlett ou HuK qui ont eu la possibilité de jouer en GSL et donc d'aller en Corée, mais également d'aller joueur autour du monde dans de gros tournois. Désormais, ils sont dans une position délicate avec des possibilités de carrière plus réduite : ils veulent pratiquer en Corée, mais d'un autre côté NaNiwa préfère peut-être participer aux WCS Europe pour avoir sa chance de se qualifier pour les finales mondiales. EN partant de ce constat, ne pensez-vous pas que c'est devenu plus difficiles pour les joueurs de partir en Corée sachant qu'ils devraient rester dans leur région pour s'entrainer ?

 

MM : Avec un peu de chance, ce qui se passera est que les joueurs réaliseront qu'il n'est plus forcément nécessaire de venir en Corée pour s'entrainer.

 

IBB : Oui, je pense que ce n'est qu'une supposition. Je dirais même exactement le contraire. Et si certains joueurs coréens décidaient qu'ils avaient de plus grandes chances de remporter les WCS Europe et y déménagent, et donc s'entraient avec des joueurs européens, et la compétition en ressort grandie ? Nous espérons voir cette transformation des joueurs. C'est pour cela que nous n'avons pas imposé de limite géographique, nous voulons voir ce genre de transfert, entre les joeuurs et entre les régions. Et nous voulons voir les joueurs s'améliorer entre eux.

Vous êtes en train de décrire précisément la situation actuelle. Un niveau très élevé en Corée, un niveau moins élevé en Europe et aux USA, et c'est justement ce que nous essayons de changer. Vous verrez que les ligues sont équivalentes. La ligue européenne, la ligue américaine et la ligue coréenne ont le même prize pool, et nous espérons que cela permettra une meilleures répartition des bons joueurs au niveau mondial.

 

Beaucoup de joueurs pensent que la raison pour laquelle il faut aller en Corée pour s'entrainer est que les meilleurs joueurs sont là-bas et que c'est la région avec le meilleur ladder. Et ce sont ces parties sur le ladder qui vous aident à vous améliorer, pas forcément les parties que vous faites pendant les tournois. Donc si les coréens jouent les américains et les européens sur leur ladder et les battent en permanence ils ne pourront pas s'améliorer et auront toujours besoin d'aller en Corée pour s'entrainer. Qu'en pensez-vous ?

 

MM : Je ne suis pas un expert de l'entrainement coréen, mais d'après ce que je sais la plus grande partie de leur entrainement est consacrée à jouer les uns contre les autres au lieu de faire du ladder, parce qu'ils souhaitent garder leurs stratégies secrètes. Je ne penses pas qu'ils vont couhaiter dévoiler leurs meilleures stratégies sur le ladder.

 

Je suis certain que vous l'aviez entendu lors des WCS monde en Chine, mais beaucoup de joueurs d'Amérique du Sud par exemple disaient que les WCS étaient un don du ciel pour la visibilité de leur scène. Cela a crée de l'intérêt, une raison pour les joueurs de ces régions de recommencer à entrainer. La situation est la même en Asie, hors Corée. QUels sont vos plans pour dynamiser ces régions ?

 

MM : Avec un peu de chance, on verra des tournois locaux émerger. Je crois qu'il y a toujours des groupes comme les WCG qui organisent des tournois dans beaucoup de lieux différents. Je pense que ces joueurs auront la possibilité de participer aux WCS, les joueurs Sud américains peuvent participer à la ligue américaine. Nous avions beaucoup réfléchi à comment nous pourrions appeller cette league, et au final nous avons décidé de l'appeller lige américaine, pas parce que c'est la ligue des Etats-Unis mais parce qu'elle représente l'Amérique du nord et du sud.

 

IBB : Si vous regardez les autres sports, disons par exemple que je suis un excellent joueur de tennis, et que j'ai très bien joué en ligue brésilienne. A un moment, si je veux jouer contre les meilleurs, au plus haut niveau, je dois voyager hors du Brésil. Je pense que c'est la même chose ici. Si un joueur joue au Brésil et atteint un très bon niveau, est-ce qu'il ne voudrait pas participer à la ligue américaine, ou eruopéenne, ou coréenne, afin de jouer contre de très bons joueurs ? Je pense que c'est ce qui se passerait.

 

Je crois que vous avez tweeté que dans le cas d'un joueur comme Sen, ou des bons joueurs ne rentrant dans aucune région particulière, il y avait possibilité pour eux d'accéder aux WCS d'une manière plus aisée. Un eclaircissement ?

 

MM : Je pense que Sen est un cas particulier. Je penses que nous aurions besoin de savoir un peu mieux où est-ce qu'il souhaite concourir, et essayer de faire en fonction. Nous avons l'esprit très ouvert et l'espoir que nous pourrons résoudre le problème des joueurs comme Sen. Peut-être qu'il a décidé de concourir à Taiwan pour la ligue, mais de participer à des tournois hors de Taiwan. ou peut être qu'il va tenter sa chance dans la ligue coréenne. Il faudrait qu'il nous le dises.

 

Les WCS sont un gros investissement d'argent d'efforts et de temps. QUel est votre but, d'un point de vue du business ? Bien sur, n'importe quelle entreprise pourrait s'enorgueillir de voir son jeu si populaire sur la scène e-sport, mais quel gain en retirez-vous d'un point de vue financier ?

 

MM : Je pense qu'on y gagne en exposition. L'Esport a le potentiel pour exposer plus de personnes à Starcraft 2 et familiariser plus de gens avec le multijoueur, et avec un peu de chance nous attirerons de nouveaux joueurs. Je pense qu'il y a certainement eu un impact quand on regarde Broodwar et la durabilité de la communauté pendant tant d'année : cela va de pair avec l'Esport. L'Esport a joué un très grand rôle dans cette communauté, et espérons que SC2 aura une durée de vie aussi longue et aussi saine.

 

Il y aura trois finale de saisons avant la finale globale, une par région. Qui s'occupera de la production ?

 

IBB : La MLG pour les USA, l'ESL pour l'Europe et OGN pour la Corée.

 

MM : Oui, c'est OGN cette année.

 

Les joueurs qui ont la chance d'être dans des équipes avec de gros moyens peuvent participer à plus de tournois. Et même si les WCS vaudront plus de points, si Blizzard permet aux IEM, à la DreamHack et autres tournois de valoir des points, n'avez-vous pas peur que les riches s'enrichissent et que les pauvres s'apauvrissent ? Un joueur comme MC, par exemple, se qualifiera toujours s'il continue à gagner des points dans toutes les compétitions comme il le fait actuellement.

 

MM : Je ne souhaite pas parler du système de points azujourd'hui, mais il faudra que nous l'annoncions bientôt. L'une des idées que nous avions eu est de poser un maximum au nombre de points que l'on peut gagner en un an. Je ne sais pas à combien serait ce maximum, mais je pense que ça serait une bonne idée. Nous en parlons encore en interne, mais on veut vraiment que les joueurs qui réussisent dans leur ligue sortent du lot. nous voulons que les gens aient envie d'assister à ces évènements, mais le but principal n'est pas non plus d'aller à tous ces évènements (IEM, DreamHack, ..) et de ne pas réussir lors des WCS. Un joueur qui ferait ça ne percerait probablement pas sur la scène autant qu'il le voudrait.

 

L'année dernière, beaucoup de gens disaient que la DreamHack avait organisé la meilleure série de tournois hors des WCS, et cette année elle n'aura pas lieue. Pourquoi ça, et est-il possible que l'organisation de la DreamHack soit impliquée d'une façon ou d'une autre ?

 

IBB : Tout d'abord, si vous voulez savoir, nous avons adoré la façon dont la DreamHack a géré la finale des WCS Europe. C'était génial, c'était incroyable. Nous avons beaucoup de respect pour eux. Ils sont des partenaires importants de Blizzard et ça continuera d'être le cas. Mais la réalité est que nous devions choisir un partenaire qui correspond à tous les critères qui devaient être respectés pour le succès de la ligue dans la région. Et cela inclu beaucoup de choses, comme avoir un studio, par exemple. Nous avons donc décidé que l'ESL était un partenaire plus pratique pour ce que nous souhaitons faire en 2013, mais cela ne veut pas dire que nous ne travaillerons plus avec la DreamHack. Nous avons bien sûr l'intention de continuer à travailler avec eux, et de créer des évènements avec eux. C'est l'une des meilleures organisation d'Esport du monde.

 

Il a été prouvé que les évènements online n'attirent pas autant que les évènements offline, et pourtant les USA et l'Europe vont avoir une majorité d'évènement online. Avez-vous pensé à comment créer ces évènements offline pour le futur ? Quels sont vos soucis par rapport au fait qu'ils seront online cette fois ?

 

IBB : Notre but est également de tenir beaucoup d'évènement offline, parce qu'ils sont incroyables. Nous adorerions avoir un studio avec un accès au public, comme GOM et OGN en Corée, mais nous n'avons toujours pas cette possibilité en Europe et aux USA. C'est quelque chose que nous voudrions examiner avec nos partenaires ESL et MLG. Mais il fallait bien commencer quelque part, et tenir tous ces matchs en offline signifierais beaucoup de voyages pour les joueurs, et c'était impossible en 2013. En Corée, tout le monde vit à Seoul, tout le monde concours à Seoul, c'est relativement facile à faire. Mais aux USA, par exemple, cela serait beaucoup plus compliqué. Donc nous sommes au courant que les évènements offline génèrent beaucoup plus d'intérêt et d'excitation, nous y assistons d'ailleurs nous mêmes, mais pour 2013 c'était plus simple de tenir des matchs online.

 

L'année dernière, vous avez choisi de faire les phases finales en Chine. Cette année, vous retournez à la BlizzCon. Qu'est ce qui vous a fait changé d'avis sur le marché assiatique, pas seulement sur Starcraft 2 mais en général ? Pourquoi le retour à la BlizzCon ?

 

MM : Cela a toujours été notre intention de faire que la finale aura lieue à la BlizzCon. Nous avions pris la décision l'année dernière, après avoir eu l'opportunité de le faire à l'étranger -tous les ans, nous avons des demandes pour que la BlizzCon aie lieu hors des USA et nous avions toujours voulu faire un évènement en Chine, donc c'était une bonne opportunité. Mais organiser une BlizzCon à l'extérieur de la Californie est extrèmement compliqué.

 

 

C'est donc votre plan jusqu'en 2014. Vous disiez qu'en 2014 il pourrait y avoir des changements, selon le fonctionnement de cette année. par extension, pouvez-vous voir le système de régions dépasser les 3 continents et inclure encore plus de monde ?

 

MM : C'est quelque chose que nous adorerions voir. Je pense que nous allons attendre de voir comment les choses évoluent. Si nous constatons que els autres régions développent un écosystème axé sur l'Esport qui produit de grands joueurs, nous réfléchirons à l'introduction de WCS dans ces régions.

 

Pour la dernière question, faisons comme si vous étiez un joueur : une dédicace ?

 

MM : Je voudrais remercier TeamLiquid d'être venu en Corée, c'est vraiment génial de vous avoir ici. Je suis vos live tweets quand je peux, et je pense que vous faites un travail formidable quant à clarifier les situations et répondre aux questions des gens. Nous sommes très chanceux d'avoir autant de partenaires autour du monde, et très excités de voir ce que l'année 2013 nous réserve dans le domaine Esportif.

 

IBB : Oui, tout a fait d'accord avec mike, ç'est génial de travailler avec 6 sociétés différentes. C'est une coopération mondiale de 7 entreprises, et on remarque lors des discussions que tout le monde veut la même chose, à savoir faire de l'Esport Starcraft 2 une réussite. Et ce qui fait que nous en sommes là aujourd'hui.Donc je voudrais remercier la KeSPA, OGN, l'ESL, GOM, la MLG et Twitch, qui font un travail énorme dans le monde de l'Esport. Nous avons beaucoup de chances de faire partie de cette communauté, et nous en profitons beaucoup.