Mathias Ahrens, Community Manager chez Ubisoft a répondu à nos questions sur le titre en bêta Ghost Recon Online.
Team-aAa : Quel est le concept derrière Ghost Recon Online ? Est-ce que vous souhaitez plutôt pencher vers le côté Free 2 Play de League of Legends ou celui des jeux pour réseaux sociaux ?
Mathias Ahrens : Pour rappeler très rapidement, c’est un shooter Free 2 Play en vue TPS comme Gears of Wars en 8 contre 8, avec un vue « iron sight » (FPS) lorsque vous faites un clic droit sur la souris. Il y a trois classes : le spécialiste, l’éclaireur et le commando ayant chacune leurs spécificités, et comme dans League of Legends leurs forces et leurs faiblesses. Le spécialiste est plutôt en support avec des fusils à pompe, le commando est la classe sur la ligne de front disposant d’une mitrailleuse normale et d’un fusil à pompe et enfin l’éclaireur qui comme son nom l’indique est plutôt le personnage fourbe avec fusil sniper et pistolet mitrailleur.
Comme il s’agit d’un jeu Ghost Recon il y a tout l’aspect high tech, chaque classe a des compétences spécialisées qui seront réalistes dans un futur proche. L’éclaireur peut se rendre partiellement invisible, une technologie en développement dans l’armée américaine. On se base sur des choses en développement pas encore généralisées mais qu’on peut trouver sur YouTube. Le commando a un émetteur de micro-ondes perturbant la vision des joueurs ennemis et leur infligeant des dégâts sur la durée, quelque chose que l’armée américaine est en train de développer pour stopper les obus ou missiles en plein vol, un rayon qui peut détruire la munition et empêcher les dégâts sur les troupes alliées.
Pour revenir à la question est-ce plus pour réseau social ou gaming, j’ai envie de dire les deux. Le réseau social, on le voit avec Zynga qui fait des profits monstres, est en train de se généraliser. Avant il fallait acheter le jeu en magasin, il y avait les DRM, plein d’obstacles qui empêchaient de jouer facilement. Avec FaceBook c’est beaucoup plus facile de créer un compte et de jouer au jeu, on veut qu’il y ait le moins d’obstacles possibles. On a un client léger pesant moins d’un Go qu’on peut facilement télécharger sur Internet, gratuitement, pas besoin de payer un abonnement mensuel.
Le concept de gaming, étant donné qu’on est sur la licence Ghost Recon, on ne peut pas faire n’importe quoi. C’est une licence avec plusieurs années à son actif, on retrouve la même trame, le même ADN : l’élite des soldats de demain avec des compétences spéciales, des équipements, la personnalisation des armes avec les types de munitions, le viseur, un grip qui modifie les stats et permet d’avoir une arme propre à son style de jeu. C’est pas juste l’AK47, c’est l’AK avec un viseur, un grip, un double chargeur par exemple. On veut que ce soit un jeu F2P qui s’adresse aux gamers habitués aux jeux comme Battlefield ou Call of Duty.
Vous n’êtes pas un peu concurrence avec Nadeo que vous avez racheté il y a deux ans du coup ?
Ils sont complètement indépendants, on les a laissé continuer à développer Trackmania, Shootmania, Mania Planet qui est un hub pour tous leurs jeux mania. C’est un studio à part entière qui a sa propre identité. Pour comparer c’est certes la même catégorie de jeu, un jeu de shoot, mais Shootmania est beaucoup plus dans l’aspect épuré : quelques types d’armes, des personnages identiques. C’est beaucoup plus facile d’accès et axé sur la compétition parce qu’ils ont bossé avec des teams pendant assez longtemps pour développer cet aspect du jeu. Nous nous sommes beaucoup plus basés sur Battlefield ou Call of Duty, on a des projectiles qui respectent les lois de la balistique. Ce n’est pas le même thème qu’ils abordent même si nous aussi on aimerait bien rentrer dans l’esport au bout d’un certain temps. Mais on veut d’abord s’assurer qu’il n’y a plus de bugs, que le jeu tourne bien et qu’il est équilibré d’où la longue période de phase de bêta.
Pourquoi se diriger vers l’esport duquel UbiSoft est traditionnellement absent ?
Pour l’instant c’est surtout Shootmania qui s’y intéresse, Ghost Recon Online n’est pas encore à ce stade, on veut avoir des fonctionnalités esport de qualité qui seront intégrées davantage à moyen terme. Shootmania est déjà prêt d’où les présentations qu’on a eu hier avec Chips & Noi. Pourquoi Ubisoft veut rentrer dans l’esport ? C’est à Yves Guillemot qu’il faudrait demander çà. On va dire que la communauté de joueurs est en train de grimper, on le constate bien et ce qui a vraiment aidé c’est la nouvelle génération de casters comme Pomf & Thud, Chips & Noi sur StarCraft II ou League of Legends.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé de particulier parce qu’avant il y avait aussi des shoutcasters mais aujourd’hui on est en train d’atteindre une qualité supérieure. On a des noms qui ressortent plus souvent, c’est plus mainstream, moins réservé aux initiés. Les sites de teams, de tournois comme l’ESL ou la MLG mettent plus en valeur leurs vidéos, on assiste à la naissance de stars. Cela donne beaucoup plus de visibilité à l’esport. Comme c’est l’esprit du jeu vidéo il est naturel qu’Ubisoft s’engage dans cet univers avec Shootmania avec Ghost Recon Online mais certainement avec d’autres jeux également.
Vous avez d’autres évènements prévus après cette Gamers Assembly ?
On sera certainement à la Dreamhack, çà reste à confirmer. A la GamesCom Ghost Recon sera très certainement jouable aussi, au Paris Games Week çà reste à confirmer mais on va essayer de montrer le plus souvent possible Ghost Recon Online pour que les gens puissent mettre les mains dessus, çà parle plus qu’une publicité sur un site. Le meilleur exemple qu’on puisse donner pour prouver que c’est un bon jeu, c’est que vous le téléchargiez. Il est jouable sur des machines qui n’ont pas forcément un processeur de fou, davantage de gens peuvent ainsi y jouer. Il n’est pas nécessaire d’avoir une machine de guerre à 2000€ ; comme c’est gratuit il n’y a aucune contrainte.
On va essayer de pousser le client le plus possible, on va essayer de faire des tournois, des commentaires de matchs, les évènements classiques qu’on peut attendre d’un jeu souhaitant s’intégrer à l’esport. On a été en contact avec des organisations comme l’ESL ou la MLG pour leur faire tester le jeu comme ce sont des spécialistes de l’esport qui seront plus à même de nous dire si le jeu est esportisable ou pas. Ils nous ont dit qu’il y avait du potentiel et que c’était quelque chose qu’on pouvait approfondir. Moman a également testé le jeu hier sur le stand, mais Moman est partout.
Comment comptez-vous atteindre la rentabilité avec ce jeu gratuit ?
C’est un jeu gratuit mais avec des micro transactions comme un League of Legends ou un Battlefield : Heroes, on peut acheter des objets avec soit de l’argent gagné en jouant, du crédit gratuit, soit de l’argent réel. Dans la boutique on trouve des armes, des compétences, des armures, des munitions, il y a plusieurs items achetables avec de l’argent gagné en jeu ou de l’argent réel. On est pas forcé de sortir la carte bleue, on peut toujours avoir les objets avec les crédits gagnés en jeu. C’est un modèle économique basé sur les micro-transactions en jeu, on ne pourra pas acheter des skins de personnages mais ceux de kevlar, et une capuche ou un casque un peu différents des chapeaux de base, ou bien encore pour le spécialiste un genre de keffieh avec une tête de mort pour donner plus de style au visage. On peut donc personnaliser les armes et le personnage de manière cosmétique, çà ne changera rien aux stats mais permet d’avoir un aspect différent.
Vous n’avez pas peur de la sortie de Counter-Strike : Global Offensive qui est très attendu ?
On a pas peur parce qu’on sait que notre jeu est de qualité, c’est aux joueurs de se faire leur propre opinion, et surtout c’est un jeu qui a un aspect différenciateur très fort par rapport à CS:GO par exemple, c’est le teamplay. Il n’y a pas de classe dans CS:GO ; dans Ghost Recon Online il y a la classe et la compétence utilisée : un sniper, un commando ont des rôles différents, une spécifié très particulière qui donne un effet pierre-feuille-ciseau. Il faut avoir toutes les classes sinon il y aura forcément des contres que vous ne pourrez pas affronter avec votre composition, vous pouvez faire des duels 1v1 mais le plus intéressant sera de voir des matchs 8v8.
Justement, le 8v8 ce n’est pas un peu trop grand, il n’est pas évident de réunir 8 personnes pour jouer.
Ca dépend de la map, çà reste à voir. Je pense que çà n’est pas trop parce que ce sont des parties assez rapides. Une partie peut durer 20 minutes, avoir 20 minutes devant soit n’est pas très difficile, si on était un MMOFPS, ce serait difficile. Mais comme les parties sont assez courtes on peut lancer deux rounds de 10 minutes et c’est terminé. C’est un nombre bien pour des parties en équipe, à 2 ou 3 l’aspect teamplay ne serait pas assez fort. En 8v8, on sent que les classes sont complémentaires, il ne faut pas avancer trop vite, il faut déclencher les compétences au bon moment, il y a un aspect team play beaucoup plus fort qu’avec des parties en deux contre deux où seul le skill serait important.
Après, si la communauté nous demande un Promod 4v4 çà pourrait être faisable, mais il faudrait qu’ils testent le jeu, qu’ils voient que c’est vraiment en groupe que la magie prend et qu’ils nous donnent leur avis sur le nombre de joueurs idéal pour l’esport. On aime avoir des feedbacks positifs ou négatifs de la part de la communauté. C’est pour cela qu’on a fait une bêta fermée qui a duré aussi longtemps, bientôt six mois, c’est une preuve de qualité du jeu.
Si les gens ayant pris des clefs sur aAa pouvaient nous envoyer du feedback sur le forum officiel, çà aurait beaucoup de valeur, qu’ils n’hésitent pas à poster sur les forums officiel ou en commentaire. C’est quelque chose que les développeurs lisent, on envoie des rapports toutes les semaines et ce que les testeurs disent a de l’importante et de l’impact sur le jeu. A bientôt in game.