Sans surprise, l’année 2011 a été également une catastrophe financière pour l’ESWC version Games Solution et pour son investisseur Jean-Marie Coutant. Avec des pertes opérationnelles de 800 000€ pour l’organisation des seules finales au Paris Games Week, c’est plus de 2 millions d’euros qui se seront volatilisés en deux éditions et l’entreprise se retrouve à devoir 1.4 Millions à ses créanciers financiers (en théorie la Société Générale, étant donné que c’est elle qui avait « garanti » les capacités financières à payer les cash prizes de 2010) auxquels viennent s’ajouter 450 000€ d’autres dettes. Promoteurs immobiliers du Loiret, soyez-en avertis, le sport électronique est bien plus dangereux pour vos deniers que les sub-primes.

 

 

Le fait qu’Oxent, société que Matthieu Dallon, le créateur de l’ESWC et de Games-Services version 1 reprenne la marque n’est donc pas une surprise. En plus de l’attachement personnel évident, Oxent s’était occupé intégralement de l’évènementiel et de la communication du salon. Le prestataire ayant les mains libres, les lourdes pertes du tournoi sont un avertissement sérieux appelant à une gestion bien plus rigoureuse et à une absence d’erreurs.

 

Oxent édite donc notre confrère esportsfrance.com, ainsi que les réseaux sociaux gamersband.com et egame-star.com qui ne semblent pas être des succès d’audience tonitruants… Mais Oxent ne manque pas pour autant d’arguments pour séduire, la proximité avec le studio Nadeo, dont l’ESWC avait assuré une incroyable promotion sur Trackmania il y a cinq ans est un atout de choc pour se positionner dès à-présent sur Shootmania. Il reste néanmoins à prouver que le nouveau fast-FPS connaisse le même succès, faire le buzz n’étant pas une garantie d’être un best-seller et encore moins de s’installer dans la durée.

 

Ainsi un véritable test aura lieu avec le Cyberathlete Summit qui permettra de juger de la popularité et des capacités du titre à mobiliser les foules, mais aussi celles du prestataire à organiser un spectacle de qualité. Pour un évènement  de plus grande ampleur il ne sera plus possible de compter uniquement sur Ubisoft, et les nouveaux entrants du sport électronique susceptibles de sponsoriser l’évènement ne connaissent pas l’évènement, et les chiffres de 2006 sont peu susceptibles de les convaincre tant le sport électronique a évolué entre-temps.

 

Les détails devant être annoncés prochainement, il nous reste donc cette déclaration de Matthieu Dallon à commenter:

 

 « En 10 ans, l'ESWC a établi les principaux standards du sport électronique moderne : starification des joueurs, matchs sur scène face au public, commentaires en direct, diffusion live multi-supports, fédération d'organisations à l'échelle mondiale, droits de licence avec les grands éditeurs de jeu. Cette intégration de l'ESWC à la stratégie d'Oxent marque un nouveau départ pour la compétition.».

 

Matthieu Dallon et Antoine Frankart, Directeur-Général et Président d'Oxent

 

D’aucuns trouveront le discours un petit arrogant. L’ESWC a raté complètement le virage majeur du sport électronique moderne qui n’est pas les commentaires devant un public mais bien la dématérialisation via les streams. L’évènement a perdu deux précieuses années et est devenu d’importance mineure. Il est un petit peu orgueilleux et fallacieux de revendiquer l’invention du sport électronique moderne quand on sait que la Corée a eu jusqu’à très récemment 5 ans d’avance d’une part, et que les streams sont réellement arrivés après la faillite du modèle ESWC d’autre part.

 

Matthieu Dallon a au moins le mérite de ne pas jeter l’éponge, après 10 ans de lessivage annuel par le milieu impitoyable du sport électronique. La question des cash prizes (mais aussi des salaires, etc.) non-payés de 2008 risque en tout cas de revenir dans bien des esprits. Heureusement le milieu est assez cupide pour ne pas être rancunier et lui laissera volontiers une deuxième chance, les passifs financiers étant remis à zéro, Matthieu Dallon a une nouvelle fois toutes les cartes en main.