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Malgré la crise Européenne, les entreprises, au contraire des états, n'ont elles pas le droit de s'atermoyer; elles doivent plus que jamais assurer leur survie. Parvenir à réduire les budgets et à se positionner efficacement (via des acquisitions à bas coût) en temps de crise et à ne pas céder aux sirènes de la croissance au détriment du bon sens et aux dépenses au retour sur investissement négatif durant les phases d'expansion, c'est ce qui a fait la longévité des entreprises séculaires et des structures esportives décennaires.

 

Games Solution : Une barre et demi !?

 

Dans le petit monde de l'esport, on manque de données et le culte du secret ne révèle que bien plus tard l'étendue des dégâts qu'une bulle peut causer. Les entreprises ne publient leurs comptes que bien âpres la fin de la saison, mais parfois, même malgré ce retard, on en tire des informations assez déstabilisantes. Games Solution, organisateur de l'ESWC, a perdu un million et demi d'euros lors de l'édition 2010 ! Cette perte financée par des dettes contractées auprès des banques, des fournisseurs et de l'investisseur lui-même sont déjà colossales, dépassant et de loin les scenarios les plus catastrophiques de feu Games Services. L'édition la moins rentable n'avait détruit que 370 000Euros de valeur ; de plus cette édition 2010 n’a réalisé qu’un chiffre d’affaire d’un demi-million d’euros, à peine de quoi couvrir les cash prizes.

 

A moins d'une injection massive de capitaux frais, on voit mal des résultats positifs, qui se chiffreraient au maximum a quelques dizaines de millier d'euros épurer le passif; d'autant plus que celui-ci n'inclut pas les pertes de DIP Communication lors de l'événement : la société Toulousaine est aujourd'hui placée en liquidation judiciaire. Cette même question d'épuisement des actifs se poserait aussi pour d'autres structures représentatives de la bulle StarCraft II : Cybernation et Virus en particulier, respectivement par insuffisance et absence de business model.

 

Ubisoft tout en douceur

 

Ubisoft a achevé avec succès sa stratégie du premier semestre qui consistait à ne pas perdre trop d'argent, à savoir 37.1 Millions d'Euros, c'est mieux que les 90 Millions d'Euros de l'année dernière. Le chiffre d'affaire a dépassé de 30% des objectifs qui avaient été estimés de manière très modeste par le groupe, grâce selon le communique de presse à la performance du online dont le chiffre d'affaire double quasiment à 30 millions d'euros et à celle du back-catalogue. On notera qu'Ubisoft a réalisé récemment deux acquisitions, Owlient, créateur de jeu Free to Play dont notamment Howrse au premier semestre et RedLynx, dont la marque phare est le jeu de trial Trials et spécialisé dans la distribution numérique; deux secteurs dans lesquels l'éditeur Français souhaite se développer.

 

 

Yves Guillemot a déclaré, "Nous lançons au deuxième semestre un line-up de franchises reconnues destinées aux joueurs passionnés et grand public. Nos jeux ciblent les plateformes Haute-Définition qui continuent de progresser, le segment online en forte croissance et les genres porteurs du segment Casual. Le potentiel de ces titres combiné à une qualité en nette amélioration et à un premier semestre de bonne facture, nous confortent dans notre capacité à atteindre nos objectifs 2011-12. Le travail que nous avons entrepris pour lancer plus régulièrement nos franchises Haute Définition avec un très haut niveau de qualité, les opportunités immenses offertes par le segment casual, et la poursuite de notre nette progression sur le segment online commencent aujourd'hui à porter leurs fruits. Ils seront déterminants dans l'amélioration de la performance financière d'Ubisoft et dans le retour à une génération de trésorerie positive attendues pour l'exercice 2012-13."

 

Call of Duty : Le Beaujolais Nouveau d'Activision-Blizzard

 

Chez Activision-Blizzard aussi le vent tourne, la vache à lait World of Warcraft a perdu à nouveau 1 million d'abonnés, avec des couts d'infrastructure constants; alors que l'enthousiasme pour Call of Study grandit. Le numéro 1 mondial a augmenté ses estimations de bénéfice de 10%, ce qui a permis à l'action de s'adjuger 4% après la cloche a Wall Street, mais elle concède finalement 3% suite à l'annonce de la chute du nombre d'abonnes faite au milieu de la conférence téléphonique qui a davantage retenu l’attention des investisseurs. L'analyste de Wedbush Securities, spécialiste du secteur confie d'ailleurs que "Cette tendance n'est pas bonne, en particulier alors que ce jeu est leur fondation, leur activité la plus profitable et leur apportant des revenus récurrents", ajoutant que cela rend le jeu plus vulnérable à l'arrivée du MMO d'Electronic Arts basé sur l'univers de Star Wars en Décembre.

 

Moins de 24 heures après le lancement de Call of Duty et malgré les instabilités avouées du nouveau service Elite que Bobby Kotick a promis de corriger rapidement, la hausse de 10% des estimations de résultats a tout de même surpris les analystes. Bobby pense que le nouvel opus "Est en passe de devenir le Call of Duty ayant le plus de succès de tous les temps". Il faudra pour cela faire mieux qu'un milliard de dollars de vente en moins de deux mois, c'est le record établi par la cuvée 2010.

 

Electronic Arts : La lumière au bout du tunnel ?

 

C'est le 27 Octobre qu'Electronic Arts s'est occupe de Wall Street, en relevant le bas de sa fourchette de bénéfice par action pour l'année 2011 de 70/90 a 75/90 centimes de dollars, décevant les investisseurs qui s'attendaient à mieux, certains allant jusqu'à pronostiquer 1.13$. Selon Eric Brown, directeur financier, des centaines de milliers de personnes auraient précommande Star Wars, qui aurait tout de même coute plus de 100 millions de dollars à développer et sortira enfin le 20 Décembre. Electronic Arts garde l'accent sur le développement des jeux sociaux et veut concurrencer Zynga par exemple, en vendant aussi plus de contenu a la rentabilité bien plus élevée que le circuit de distribution traditionnel. Battlefield 3 s'est vendu a 5 millions d'exemplaires lors de sa première semaine de sortie, un record pour un titre d'Electronic Arts, on apprend également qu'il y a déjà eu 67 Millions de Véhicules détruits en jeu, soit l'équivalent de 10 ans de production des usines Renault.

 

Nintendo : Now you're playing with losses. Super losses.

 

Rien ne va plus pour le géant Nippon qui a perdu la moitié de sa capitalisation depuis le mois d'Avril, faute à un échec critique de la 3DS. Pour la première fois de son histoire et donc depuis 1889, Nintendo va perdre de l'argent cette année. La force du Yen serait responsable de 52.4 milliards de Yen de manque à gagner (environ 500 millions d'euros) et les pertes annuelles devraient atteindre 20 Milliards de Yen. Nintendo a complètement raté le virage du smartphone et continue à vouloir vendre un périphérique qui n'intéresse plus les joueurs casuals selon le président de Fukoku Capital Management. Le manufacturier présentera la version finale du successeur de la Wii lors de l'E3 l'année prochaine, d'ici là il espère vendre toujours autant de 3DS, mais moins de jeux dessus.

 

 

Tencent : Les Tinois s’adaptent

 

Le dernier de la liste, c'est Tencent, le géant de l'Internet Chinois qui a reporté une augmentation de 13.6% de ses recettes pour le troisième trimestre de cette année. Ce chiffre est en dessous des attentes, faute à une croissance moins forte que prévue et des marges plus faibles qu'attendues du fait des investissements, on se souvient que Tencent a par exemple fait cette année l’acquisition de Riot, le développeur de League of Legends qui est maintenant en Open Beta dans l'empire du milieu. Tencent se méfie du climat économique actuel et devrait à l'avenir consolider ses fondamentaux et augmenter ses revenus par utilisateur, alors que la base d'utilisateurs en Chine semble stagner et que l'industrie devient de plus en plus compétitive. Ma Huateng, Président du Conseil d'Administration rappelle aussi que Tencent doit s'adapter aux changements de la régulation Chinoise et estime que son groupe y parvient jusqu'a présent.

 

Ces résultats contrastés prouvent en tout cas une nouvelle fois que l'industrie du jeu vidéo ne répond qu'à son propre cycle, celui des consoles et des sorties de blockbusters et non aux cycles économiques classiques.