L'entubage des investisseurs n'est pas quelque chose de récent, même si commencer une introduction par "De tout temps, des gens ont perdu des fortunes en investissant dans des bulles spéculatives" est déconseillé dans tous les cours de Français du secondaire, nous nous permettrons pour une fois une exception.
Au début du siècle dernier, les Emprunts Russes ont permis le développement de l'URSS (in fine) au détriment d'environ un tiers de l'épargne des Français partie en fumée. A la fin du siècle, d'autres épargnants ont perdu la quasi-intégralité de leur matelas sur des "valeurs d'avenir" telles Alcatel, Infogrammes, Enron ou Vivendi. Au moment de l'éclatement de cette bulle Internet, ils se sont réfugiés sur l'immobilier, en particulier aux Etats-Unis, avec les conséquences que l'on connait. Sur Wikipédia, ce sont pas moins de 50 crises Financières ou Monétaires qui sont ainsi recensées.
Aujourd'hui, les valorisations des entreprises de l'Internet 2.0, Facebook, Twitter, LinkedIn atteignent plusieurs Milliards de Dollars, pourtant celles-ci génèrent des profits négligeables par rapport à leur valorisation et ne vivent que des multiples levées de fond qu'elles effectuent à un rythme qu'aucune entreprise cotée en bourse (et publiant donc ses comptes) ne pourrait soutenir sans désarroi profond de ses actionnaires et de fortes difficultés de gouvernance.
L'explication de cette survie tient en fait à leur taille négligeable par rapport à l'ensemble des capitalisations boursières de ce monde : il n'y a pas besoin de beaucoup d'investisseurs pour entretenir la bulle Internet 2.0. En effet si l'on entend dire que Twitter est valorisé 8 Milliards de Dollars, cette valorisation n'est que virtuelle, pour cela un petit schéma maison s'avère nécessaire.
Comme vous pouvez le voir ci-dessus, il n'y a peut-être besoin que d'1 Milliard de Dollars investis pour "capitaliser" Twitter à hauteur de 10 Milliards, c'est au moment du débouclement, lorsque de nombreux investisseurs voudront vendre leurs parts, que la valorisation réelle risque d'apparaître. Le marché est pour l’instant plutôt demandeur et un bon investisseur est celui capable de survivre une crise sans banqueroute, pas de s’enrichir virtuellement plus que les autres durant une période d’expansion.
Pour l’instant seul LinkedIn a effectué une entrée (plutôt réussie) en bourse (une IPO), mais les investisseurs historiques, présents avant l’IPO, n’ont pas encore le droit de vendre leurs parts. Une fois que ceux-ci commenceront à sortir, l’action pourrait en subir les conséquences. Les opérations financières actuelles se font en effet au détriment des nouveaux actionnaires, puisque les entreprises de la bulle ont peu besoin d’argent et peuvent demander des avantages abracadabrantesques aux yeux des habitués de la finance.
Le cas Zynga
Une action, c’est avant tout un droit de vote à l’assemblée générale des actionnaires qui prend des décisions sur la direction que doit prendre l’entreprise. Pour protéger les créateurs de l’entreprise et leur donner plus de voix qu’ils ne possèdent de parts de l’entreprise, des actions préférentielles sont créées, accordant par exemple deux droits de vote au lieu d’un.
Vous connaissez probablement Zynga, nous en parlons fréquemment sur Team-aAa. Le créateur de jeux vidéo pour réseaux sociaux a l’intention d’entrer en bourse très prochainement, et le climat difficile ne lui fait pas peur. Son PDG Mark Pincus a même l’intention selon Bloomberg de s’accorder 70 droits de vote par action, tandis que ceux présents avant l’IPO en auront 10 et les petits nouveaux 1 seul.
Cette structure à trois niveaux est inéditepuisque si Google ou LinkedIn se sont introduites en permettant aux « historiques » et aux fondateurs d’avoir 10 fois plus de droits de votes sur leurs actions, jamais on était allé aussi loin dans la hiérarchisation des actionnaires. Zynga n’a pour l’instant « pas besoin » de cette IPO et peut se permettre cette fantaisie sans risquer l’ire de personne, et pourtant cette répartition des droits de votes sera primordiale lorsque les difficultés arriveront. Même si le PDG vend 15 des 16% qu’il possède (conservant 1%) des parts, il aura autant de poids que l’équivalent de 70 fois plus de nouveaux actionnaires…
En général en Finance, quand quelque chose paraît extraordinaire, il l’est, et les conséquences en sont lourdes lorsque l’on retourne dans les lois qui gouvernent l’ordinaire. Mais même si cette bulle 2.0 éclate, elle aura fait progresser l’Internet et en particulier l’Esport, puisque la MLG et la NASL sont financées par des business angels de la même manière que Tumblr ou Facebook. Mais ce dernier vaut-il vraiment autant que VISA ou Ford ? Tout ceci nous promet des lendemains qui déchantent et probablement des cash prizes impayés, mais les joueurs n’en auront-ils pas profité pour autant sur le dos des actionnaires, in fine ?
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
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Modifié le 17/04/2019 à 13:49
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
un léger rapport avec l'esport sur la fin, rappelant que des ligues comme la NASL ou la MLG ne rapportent rien et ne donnent pas autant de retour sur investissement que ce qu'on investit dedans; in fine on a une conclusion sous-entendue que ça va nous péter à la gueule comme la CPL ou l'ESWC tout en ayant été globalement positif pour le développement de l'esport et que de toute façon on trouvera toujours des pigeons pour investir des flots de liquide là dedans.
Ou alors j'ai rien compris.
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
J'ai juste crisé quand j'ai vu ceci :
"Au moment de l'éclatement de cette bulle Internet, ils se sont réfugiés sur l'immobilier, en particulier aux Etats-Unis, avec les conséquences que l'on connait."
la crise immobilière aux USA vient de la crise des subprimes ; en très bref, les banques américaines ont accordé des prêts à des ménages à faible revenu, qui ont souvent donné leur maison en hypothèque. De nombreuses personnes à qui l'ont avait accordé ces prêts se sont vus dans l'impossibilité de rembourser, et la conséquence directe fut que les banques US se mirent à avoir sur le dos un parc immobilier extrêmement important ; on connait la suite :)
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
non, tu as le lien ?
#7 Tu décris la fin, je parle du début, pourquoi les banques ont accordé des prêts : suite à la bulle Internet, les fonds ont voulu réequilibrer leur allocation en accordant plus de place à l'immobilier et au crédit aux particuliers, c'est eux qui ont acheté les CDO (les crédits immobiliers accumulés et repackagés), comme y'avait de la demande pour ces CDO, il y a eu des prêts à plus (trop) de ménages, + baisse des taux directeurs, etc.
J'ai pas voulu refaire l'épisode des subprimes en entier, d'autant qu'il n'est pas terminé.
"Cette politique de bas taux a été justifiée par la volonté de la Federal Reserve Bank d'éviter la récession aux États-Unis suite à l'éclatement de la bulle internet à partir de mars 2000 et aux attentats du 11 septembre 2001."
Disons que je me réfère à http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_subprimes#Causes_.C3.A9voqu.C3.A9es
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
Pour la partie troll :
se référer à Wikipédia, c'est comme lire Public pour se tenir informé des nouvelles internationales !
Sinon effectivement, je te plussoie, on était juste pas synchronisés sur la période :) !
Et quitte à parler un peu éco ... l'épisode des subprimes n'est qu'une goutte d'eau dans la merde actuelle, où on essaie tant bien que mal de maitriser un "truc" qui est juste pas maitrisable ... c'est comme soigner un mec qui vient de se faire arracher la jambe avec des pansements Mercurochrome.
Et pour lancer le débat : vos pronostics sur la fin de l'€uro ? (oserais-je dire vos pronostics sur la fin de l'UE ?)
Modifié le 17/04/2019 à 13:49
Malheureusement les bonnes sources en matière d'économie sont payantes.