Jeune pépite française et joueur Protoss d’exception : Arrogfire a accepté de se confier au micro de la rédac’. Au menu on retrouve ses récentes performances, son avis sur l’avenir de Starcraft et des RTS, ainsi que son parcours jusqu’ici.
Arrogfire, la petite pépite française
Tu fais partie des plus jeunes joueurs de la scène Starcraft. Peux-tu nous parler de comment tu as découvert le jeu et de ton parcours jusqu’au niveau que tu as atteint ?
J’ai découvert le jeu grâce à mon grand frère qui jouait à Starcraft 2 pour le fun et qui m'a fait jouer à la campagne. Mais c'est qu'à partir d’environ 2017 que j'ai commencé à vraiment essayer de monter en classement et à regarder des compétitions en même temps pour progresser le plus vite possible. Ça m'a permis de monter assez vite, puis j'ai participé à mes premières lans françaises qui m'ont permis de rencontrer des gens comme ShaDoWn et notamment Rom, qui était assis juste à côté de moi dans ma première LAN. Il a accepté de me coacher assez régulièrement et gratuitement, me permettant de progresser au jeu encore plus rapidement, ce qui m'a fait atteindre la ligue grand maître quand j'avais 12 ans et 5 jours. C'était le record à l'époque mais plus maintenant (rires).
Après, je suis monté lentement mais sûrement vers 6K MMR, où j'ai pas mal stagné cette fois-ci, contrairement aux autres MMR où, même si je stagnais un peu, j'arrivais à les dépasser assez vite. Puis j'ai finalement réussi à dépasser ce cap au bout d’un an et demi à osciller vers 5800 MMR, me permettant de monter progressivement vers le niveau auquel je suis actuellement.
Malgré ton jeune âge, tu es passé par de nombreuses équipes comme AlphaX, Matcherino, et maintenant tu es sous l’aile de Rotterdam. En tant que vétéran, est-ce que Rotterdam t’aide à appréhender le jeu de manière différente ?
On n'a pas trop eu l'occasion de parler du jeu malheureusement, mais en tant que manager je le trouve très compréhensible malgré les difficultés que je peux rencontrer.
L’hiver dernier, tu t’es qualifié pour les régionaux des ESL Masters Winter. Dès le premier tour, tu affrontes Serral. Quelle expérience en tires-tu ?J’en tire globalement une bonne expérience, même si je pense que j'aurais pu mieux jouer contre lui, et que la pression et le stress m'ont un peu empêché de jouer à mon potentiel maximal. J'ai réussi à atténuer ce stress lors des rounds suivants, en sachant que mes games de ladder se déroulaient souvent assez bien contre Serral, tout en prenant en compte la différence de niveau qu'il y avait entre nous deux.
Lors de ces mêmes régionaux, tu étais le plus jeune joueur qualifié à l'âge de 16 ans. En tires-tu de la fierté ?
Oui j'en tire de la fierté, mais j'avoue que cela ne m'a pas marqué en sachant qu'il y avait plein d'autres joueurs assez jeunes proches de mon âge.
En été 2023, tu t’es déplacé à Jönköping pour les Masters, ce qui signe ta première participation à un gros tournoi en LAN. Quelles ont été tes plus grandes difficultés comparées aux tournois en ligne ?
Mes plus grandes difficultés comparées aux tournois en ligne ont été le professionnalisme qu'il fallait avoir en LAN. En effet, il me manquait de nombreuses informations au sujet du tournoi à cause de mon manque d'implication pour l'event, ne réalisant pas l'importance de l'event. Ce qui m'a donc fait arriver en retard par rapport aux autres joueurs, peu de temps avant le début des matchs, m'empêchant de bien configurer mes contrôles. Tout en sachant qu'il y avait aussi tous les paramètres de l'ordinateur à gérer pour qu'ils ressemblent à ceux présents chez moi.
Ça m'a empêché de jouer dans les conditions que j'aurais pu avoir avec plus de préparation à l'avance. De plus, le fait de jouer sur un un setup complètement différent du mien, ce qui est toujours le cas dans des grosses LAN comme celle-ci, ça perturbe vraiment beaucoup et la performance des joueurs est donc aussi liée au niveau d'adaptation qu'ils ont.
En tant que jeune joueur français, est-ce que le parcours de Clem te paraît être une inspiration ou, au contraire, une pression supplémentaire ?Selon moi, le parcours de Clem est une inspiration, étant donné qu'il a réussi à passer un cap de niveau que je rêve de dépasser, et qui me permettrait de devenir réellement professionnel si je passais full time sur le jeu. Ce n'est pas une pression supplémentaire puisque je ne compare pas sa progression à la mienne de façon régulière.
De nombreux RTS ont été annoncés récemment, comme Stormgate ou Battle Aces. Est-ce que tu es intéressé par ces jeux ? Les vois-tu un jour remplacer Starcraft ?
Oui, je suis relativement intéressé par ces jeux car je pense que le RTS a besoin d'un renouvellement, et qu'un nouveau jeu qui révolutionnerait le genre à l'instar de ce que fût Starcraft 2 en 2010 permettrait aux RTS de regagner en popularité. J’attends donc de voir à quoi les nouveaux RTS vont ressembler lorsqu'ils seront finis. Pour l'instant, de ce que j'ai vu, je ne dirais pas qu'ils seront nécessairement mieux que Starcraft 2, mais je pense qu'il est possible qu'un nouveau RTS soit globalement mieux développé que Starcraft 2 et qu'il le remplace dans les prochaines années, en sachant que beaucoup de joueurs attendent un nouveau RTS.
Où vois-tu Starcraft 2 dans 10 ans ?
Je pense que dans 10 ans, un autre RTS aura remplacé ce qu'est Starcraft 2 sur la scène esport à l'heure actuelle. Vu ce que représente dans le temps une période de 10 ans, je pense que Starcraft 2 sera un jeu niche à l'instar de Warcraft 3 et Age of Empires 2 à l'heure actuelle, en conservant une partie de sa communauté actuelle.
L'Esports World Cup arrive à grands pas et amène beaucoup d'équipes sur Starcraft. Quel regard portes-tu sur cette nouvelle compétition en Arabie Saoudite ?
Malheureusement, je ne pense pas encore avoir le niveau en tant que joueur pour me qualifier pour ce tournoi, mais j'essaierai quand même les qualifiers. En tant que viewer, je pense que le tournoi sera cool à regarder.