Directeur esports de Webedia et figure importante de la scène esportive française, Bertrand Amar revient sur une folle saison de LFL, et nous parle des projets de 2022. Après une saison 2021 qui a battu tous les records (grâce notamment aux performances de la Karmine Corp), Bertrand Amar évoque les objectifs fixés pour 2022. En tête de liste, les événements offline et l'apparition du cast international.

Dans un premier temps, revenons ensemble sur la saison écoulée en LFL, en 2021 : globalement, qu'en avez-vous pensé en termes de niveau ? Était-ce le plus haut niveau jamais atteint depuis sa création ?

Cela a été une année exceptionnelle pour nous à plusieurs titres. On a atteint des audiences records, que ça soit en saison régulière ou bien en European Masters sur les matchs de nos représentants !  Quand on me demande d'expliquer ça, c’est clairement plusieurs phénomènes concomitants. Il y a eu la hype de la création d'OTP en début de saison, l'arrivée de la Karmine évidemment… et aussi plein de choses qui se sont passées autour de la ligue, comme la Fantasy League, les événements offline que l'on a pu organiser fin 2020 à Monaco, et en juillet à Aix… Et puis, la situation sanitaire avec le covid qui a fait que les audiences Twitch étaient en progression et atteignaient des niveaux historiques. Tout ça a fait que cette année était dingue du point de vue des audiences, de l'engagement mais aussi d'un point de vue compétitif. L'attractivité de la LFL a fait que les équipes se sont, dans leur majorité, prises au jeu de la compétition et ont fortement investi pour atteindre des niveau de team qui sont au-delà d'un niveau national. Dès qu'on sort des frontières, sur les éditions des EUM, qui existent depuis la création de la LFL, la moitié ont été remportés par des équipes LFL. Ce qui est assez incroyable sur une quinzaine de ligues en Europe. 

En termes de couverture médiatique, la LFL a battu plusieurs records tout au long de la saison en termes de spectateurs, de sujets sur les réseaux sociaux, d'articles… Qu'est-ce que vous en pensez de tout cela ? Est-ce que vous êtes fier de ce travail ? D'avoir réussi à galvaniser l'ensemble…

Oui, franchement ! Clairement on est fiers. Moi, la LFL j'y ai cru dès le départ ! Avant même le départ puisqu'on a décidé d'investir fortement dessus et de se positionner lorsque Riot a proposé la création d'une ligue en France à l'automne 2018. On s'est positionnés, c'était un pari ! Beaucoup de gens doutaient de la structuration du circuit français pour pouvoir tenir la distance avec des équipes assez structurées, des audiences régulières… C'était un vrai pari. On a mis beaucoup d’énergie, de passion mais aussi d'argent pour faire naître cette ligue pendant notamment la première année et demie. La première année, c'était un boulot de convaincre les teams, les audiences, les partenaires et tout l’écosystème que la France était prête à changer de modèle, de passer de tournois stand-alone qui se déroulaient principalement dans des LANs à un modèle de ligue professionnelle. C'était un vrai bouleversement. Évidemment, on est fiers. C'est un travail collectif. La LFL, c'est beaucoup de gens qui ont fait ce succès. Les équipes qui bossent sur la LFL chez Webedia, les équipes de broadcast chez O’Gaming puis OTP… et puis bien sûr toutes les équipes qui ont pris le truc au sérieux, même si au départ ce n'était pas gagné. Typiquement, il n'y avait pas de caméras après leur game, on ne pouvait pas faire des interviews de leurs joueurs…  Elles ont eu du mal à comprendre que c'était dans leur intérêt de faire ces interviews, ces contenus, montrer leur maillot et donc la visibilité pour leurs sponsors, etc. Cela a été aussi un vrai boulot d'éducation auprès des équipes. La première année, on a pas mal galéré sur ce point. 

La LFL a bénéficié de la bonne santé de la Karmine Corp, qui a tout balayé sur son passage cette année, aussi bien en France qu'en Europe. Comment l'effet «  Kcorp » s'est-il fait ressentir ? J'imagine que vous êtes satisfait de voir une autre écurie servir de lead en France… 

Si la Karmine Corp est en LFL, c'est parce que la LFL était attractive pour la Karmine Corp. Je rappelle qu'ils se sont engagés en Division 2 et qu'ils ont tout fait pour accéder à la LFL. Avant même la Karmine Corp, la LFL était attractive et l'était déjà pour les teams. Quand on regarde les audiences, on a doublé chaque année. C'était plus facile de doubler de la première à la deuxième année dans le sens où on partait d'audience assez basse. Et encore ! Déjà 2019 c'était correct. Là, il y'a eu clairement l'effet Karmine qui a boosté les audiences, et qui a obligé les équipes à se réveiller. Les équipes étaient déjà dans un certain confort, quelque chose d’établi. La Karmine est arrivée, a secoué tout le monde, obligeant des équipes présentes depuis toujours, qui étaient installées, peut-être un peu trop institutionnalisées, à justement se bouger, remobiliser leurs communautés. Je pense que Karmine a profité clairement à tout le monde. 

Avant le début de la saison 2021, quels objectifs vous étiez-vous fixés avec Webedia ? Étaient-ils remplis à la fin de la saison ? 

L'objectif c'est toujours de progresser, et notre rôle aussi c'est d’animer la ligue. L'objectif en 2021, c'était de faire mieux que 2020. Pour cela, on a créé par exemple la Fantasy League. C'est la première fois qu'une compétition esport en France possède sa propre Fantasy League. Ce n'était pas évident car certaines équipes étaient réticentes. On était convaincus que c'était intéressant pour tout l'écosystème. Pour le public, parce que ça les engage entre les journées de compétition. Pour les joueurs, c'est valorisant d'avoir sa carte comme un album panini. Pour les teams, elles ont leur lobby, elles sont libres de mettre leurs partenaires dedans, d'organiser des concours pour animer leur communauté, faire gagner des lots… C'est un outil mis à disposition des teams, et complètement gratuit pour les users. S'ils veulent aussi investir, à travers des packs pour obtenir plus de cartes, c'est de l'argent qui retourne aux équipes. Pour nous, il n'y avait pas de discussion. Clairement, c'est quelque chose pour lequel on a dû passer en force. Parce que certaines équipes étaient réticentes, nous disaient « vous allez utiliser l'image de nos joueurs, etc. ». Là-dessus, on a dû un peu imposer cette volonté avec Riot parce qu'il y a une Fantasy League en LEC, en LVP.  Pour nous ce n'était pas possible qu'il y ait 8 équipes en Fantasy League alors qu'il y en a 10 en LFL ! Notre boulot, c'est d'avoir des idées, d'amener de nouveaux produits, d'en discuter avec les teams. Parfois ces dernières ne veulent pas, et nous n'insistons pas. Cette année, on a proposé des choses qui ont été refusées. Mais sur la Fantasy, on était convaincus que c'était dans l'intérêt de la ligue. Le succès a été au rendez-vous : 50 000 utilisateurs actifs, 9 million de pages vues sur le site. Je pense qu’aujourd’hui aucune team ne regrette cette création.

Toutes les équipes ont réussi à trouver leurs intérêts ? 

Oui ! Toutes les équipes sont traitées au même niveau. C'est aujourd'hui acté et plus discuté ! 
Pour revenir sur nos ambitions en 2021, il y avait aussi le fait d'animer encore plus la ligue, avec la Fantasy notamment, et l'ambition de faire du offline. On sortait d'une année extrêmement frustrante en 2020 où il y avait eu zéro événement, et où nous avions dû annuler plein de choses. Là, l'ambition, c'était de pouvoir refaire du offline. On s'est mis très vite à visiter des salles, chercher des options pour se dire « Dès que ça se déverrouille un peu, on organise vite quelque chose ». Là-dessus, on a fait un choix, qui est assez innovant, celui de faire des journées de saison régulière. Traditionnellement dans l'esport, l'offline c'est pour les finales. Nous, toujours dans un souci d'animer la ligue, d'apporter aux équipes, on voulait que ces dernières puissent profiter du plaisir de jouer sur scène et pas simplement les deux équipes qui arriveraient en finale. On a créé ce format inédit, de déplacer une journée de saison régulière, avec les 10 équipes sur scène. Ça leur permet de monter sur scène, et cela permet à toutes les communautés de voir leurs formations performer, un peu comme Izidream à Aix en Provence. On vient d'annoncer les premières dates de 2022, les 2 et 3 février à Nice. Deux journées de championnat, 5 matchs par soir, 10 équipes sur scène, et c'est quelque chose dont je suis fier. 


Bertrand Amar, l'homme aux multiples casquettes, de la LFL à ES1

On appelle la LFL « la ligue française de League of Legends ». Avec BDS, ou encore Mirage Elyandra, peut-on l’appeler aujourd'hui la ligue «  francophone » ? Est-ce une bonne chose selon-vous ? 

Oui je suis d’accord. Cela devient la Ligue Francophone de League of Legends. Ce n'était pas une volonté affichée. Ce sont plus les événements qui se sont déroulés comme ça. Moi je trouve que c'est plutôt une bonne chose. La LFL est clairement sortie de ses frontières. Elle a toujours eu une ouverture, du fait d'avoir la possibilité d'accueillir des académies de LEC, comme Misfits, qui n'est pas une structure française mais qui a toujours eu sa place dès le départ en LFL. Ils avaient le choix de la ligue nationale dans laquelle ils pouvaient inscrire leur équipe académique. Et depuis, ils n'ont jamais remis ce choix en question. Ils ont compris que la LFL, c'est de la super visibilité et aussi un super terrain d’entraînement compte tenu de son niveau compétitif.

Ce n'est pas un problème pour vous d'avoir ce « flou » entre ligue française et ligue francophone ? 

Pour moi ce n'est pas un problème. Monaco joue bien dans le championnat de France de football... d'autant que cela ne prend pas de place à des d'équipes françaises. Il y a la Division 2 aussi. On est dans un vrai circuit ouvert qui a fait le succès de la LFL avec ses montées, ses descentes puisque  deux teams de LFL se sont retrouvées reléguées en Division 2 à l'issue des barrages du mois de septembre. Effectivement il y a des formations suisses et canadiennes qui peuvent évoluer en LFL, mais elles ne prennent la place de personne. Je trouve que c'est plutôt un bon signe que la ligue soit ouverte comme cela. 

Parlons maintenant du mercato. Un mercato exceptionnel avec l'arrivée de stars internationales. Rekkles forcément. Mais aussi Crownshot, Cody Sun… Quel est votre avis ?

Le mercato est complètement dinguo. Rekkles qui arrive en LFL… Évidemment !  Il y avait des rumeurs dans le milieu disant que Karmine était sur Rekkles. Au début je n'y croyais pas, je me disais « ce n'est pas possible ! » Et puis de jour en jour, les options s'amenuisant pour lui, couplé à l'ambition européenne de Karmine,  je me suis dit «  pourquoi pas ! ». Et puis, il y a eu ce jour où ça s'est emballé, où les rumeurs se sont vraiment concrétisées. On a halluciné, c'était complètement dingue !  
C'est une légende qui arrive dans le championnat de France. C'est un peu ce que j'avais ressenti quand Beckham avait signé au Paris-Saint Germain et débarquait en Ligue 1. Tu te dis « Wahou, comment c'est possible ? ». La première star planétaire qui arrive dans un championnat national, c'est lunaire. 
C'est génial ! Mais après il faut que l'on reste la ligue française, francophone. Il faut toujours que la LFL soit un terrain pour les talents français, pour émerger. C'est quand même hyper important. Il ne faut pas que l'on se retrouve avec une LFL qui ressemble à un LEC. Il faut qu'on soit là aussi pour découvrir des talents, et pas qu'accueillir des talents. Je suis triste et fier à chaque fois quand je vois partir des stars de la LFL comme Toucouille. C'est un peu les bébés de la LFL. C'est hyper valorisant de les voir partir dans des grandes ligues internationales, et triste en même temps puisqu'on se dit « qui seront nos prochaines stars ? » . C'est notre rôle aussi d’identifier les pépites, les talents ou nos personnalités très fortes comme Viking. Pour ce que je vois des line-ups de l'année prochaine, cet équilibre est toujours là. C'est-à-dire que l'on a des recrues qui viennent de l'étranger, et des joueurs qui émergent, qui viennent de la Division 2. Et j'ai envie de dire que c'est parfait ! 

Je voulais d'ailleurs rebondir sur cette problématique : beaucoup d'observateurs reprochent depuis quelques années qu'il n'y a pas assez de joueurs français dans la ligue. Deux camps s'affrontent. Ceux qui pensent cela. Et les autres qui rétorquent que, étant donné que la LFL est la meilleure ligue derrière le LEC, il est normal de vouloir attirer les meilleurs joueurs. Quel est votre avis ?

Comme je le disais, l'important, c'est l’équilibre. On a besoin de joueurs confirmés parce qu'aujourd'hui on est une ligue qui est attendue en Europe. Parce que la ligue étant ouverte, les équipes ont besoin d'assurer leur maintien… Il faut du haut-niveau et en même temps il faut qu'on reste la LFL. Je trouve que l’équilibre est préservé. La Division 2, quant à elle, sert à cela : A la naissance de la LFL, elle n'existait pas. Elle a été créée en 2020 par Riot avec ZQSD et L’Équipe qui la diffusait. Riot nous a demandé de l'intégrer à la LFL fin 2021. Cela s'est fait vraiment au dernier moment, on n'a pas pu encore vraiment prendre en main la Division 2 sur la saison 2021. On a juste fait en sorte qu'elle soit en cohérence avec la LFL en la diffusant sur OTP en prévision des up & down. Mais clairement pour moi, la Division 2, c'est son rôle. Cela doit être elle qui alimente la LFL en nouveaux talents. Nous, ce que l'on va faire pour 2022, c'est la mettre plus en lumière. En plus la nouveauté, c'est que les académies de LFL évoluant en Division 2 ne pourront plus le faire à l'issue de cette saison. C'est pour cela que l'on voit certains mouvements d'équipes qui décident de vendre leur slot. Tout ça, c'est top. Il va y avoir une nouvelle énergie en Div 2 qui permettra à des joueurs d'émerger pour, pourquoi pas, accéder directement à la LFL en se qualifiant, ou en se faisant transférer la saison d'après. Pour nous, c'est le gros projet de 2022 : donner une existence plus propre, plus claire. 

Beaucoup de joueurs, interviewés ça et là, disent que la LFL, c'est tout bonnement le LEC numéro 2. Partagez-vous cette avis ? 

On est quand même en France, à parler de la ligue française… Forcément il y a un côté un peu chauvin. Je ne suis pas sûr que les joueurs étrangers disent la même chose (il rit). De notre point de vue, oui ! C'est clair qu'au niveau engagement, audience, on est  au niveau du LEC si ce n'est parfois au-dessus ! Ce sont les chiffres qui parlent. Après, je pense que ce qui plaît aussi dans ces ERL, dans l'écosystème Riot, c'est que ça soit ouvert. Ça, c'est une notion qui a mis du temps à s'installer. Au lancement de la LFL, il n'y avait que 8 équipes : 8 équipes qui avaient le niveau, l'ambition et les moyens pour figurer dans la ligue, avec la volonté de vouloir l’étendre à 10 participants en 2020 pour pouvoir mettre en place des up/down. Malheureusement, il y a 2 équipes, dont Team-*aAa* et on le regrette, qui ont quitté la ligue à l'issue de la première saison. Du coup, on n'a pas pu avoir cette extension aussi rapidement que souhaité. Maintenant, en 2021, on a vraiment vu cet écosystème ouvert. Et on va le voir encore plus en 2022. Je pense vraiment que les ambitions des équipes de Division 2 vont être décuplées. D'autant plus qu'il y a moins d'équipes académiques, puisque par principe elles n'ont pas le droit de monter en LFL et de ce fait, cela enlevait de l'intérêt compétitif puisque certaines équipes se servaient de ces matchs comme entraînement… Là, on aura une course en Division 2. Ouais, c'est hyper excitant ce qui nous attend. 


La LFL donnera le coup d'envoi de la saison 2022 le mercredi 12 janvier

Parlons de la Division 2, qui connaît également un certain gap : on note l'arrivée de plusieurs structures, JobLife ou encore Lille Esport affiliée au club de football du LOSC. Toutes ces arrivées justifient-t-elles que la santé des ligues françaises se portent bien ? Est-ce une bonne chose aussi de voir des structures sportives, des structures d'influenceurs, débarquer dans cet écosystème ?

J'aime beaucoup l'idée que des clubs sports investissent dans l'esport. Il y a de toute façon une convergence inéluctable en ce moment entre le monde du sport et l'e-sport aussi bien dans leur modèle organisationnel, dans leur fonctionnement et même dans leur discipline. Beaucoup de jeux qui sont des simulations sportives et liés à des fédérations deviennent des terrains e-eport ! Sur League of Legends, Schalke 04 a été le premier club majeur. Il y a eu aussi le PSG ! Le FC Nantes, j'y suis très attaché en Division 2. Quand le club est passé tout proche de la relégation en Ligue 1, j'ai eu très peur puisque je me suis dit que s'il partait en Ligue 2 de foot, ils arrêteraient peut-être l'esport… Je trouve ça hyper prestigieux d'avoir des marques du sport comme le FC Nantes, Tony Parker… Et puis, l'autre élément qui constitue l'ADN de la Division 2, c'est effectivement un peu les équipes d'influenceurs. Rappelons que Karmine a débuté en Division 2 ! Le fait que Karmine soit sorti de la Division 2… oui, on avait envie que ce modèle inspire d'autres streamers pour s'engager ! On a discuté avec pas mal d'entre eux, pour voir quelles étaient leurs envies. Certains sont venus spontanément vers nous afin de connaître les conditions d'entrée. Je pense que beaucoup ont envie, peut-être pas de reproduire ce qu'a fait la Karmine, parce que ce n'est pas dit que ça soit reproduisible, mais au moins de s'inspirer du modèle, d'avoir des communautés déjà existantes qui se transforment en communautés de supporters. Donc oui, c'est cool ! Certaines équipes ont choisi de rester, dont certaines équipes académiques. Mais il y aura encore des mouvements au plus tard en fin d'année, sans parler des up and down, puisque je rappelle que l'on peut aussi accéder à la Divison 2 en venant de l'Open tour, c'est le cas de PCS ! L'ERL, la LFL dans son ensemble est totalement ouverte aussi bien vers le haut que le bas. C'est assez génial, je trouve ! 

Cette année, la Division 2 sera diffusée sur MGG. Pourquoi ce choix ? Comment cela s'est passé dans l'attribution, le choix… 

La production et le cast sont toujours assurés par ZQSD, qui sont là depuis le début de la Division 2 ! On est des gens fidèles. Ils ont participé à la création de la Division 2 et continuent à apporter leur pierre à l'édifice ! Pourquoi MGG à la diffusion ? On a un projet média autour de la marque MGG qui était historiquement Millenium, une marque vieillissante qu'on a rebrandée il y a un peu plus d'un an, que l'on a fait incarner par de nouveaux journalistes en mettant des visages à l'image comme Review, Calo, Biaggi… des personnalités qui avaient envie de plus d'espace d'expression. On avait le projet de lancer une chaîne Twitch, un média MGG, puisqu'il y a de plus en plus de ponts qui sont faits avec notre chaîne, ES1, etc. On avait ce besoin d'avoir un canal propre à des diffusions e-sport, là ou la chaîne gaming communautaire de Webedia, LeStream, ne diffuse pas d'esport. Donc on avait ce besoin, c'est la première chose ! Le projet MGG était acté. Ensuite, on avait vraiment cette ambition de donner plus de lumière à la Division 2, et sur OTP, elle souffrait de la LFL pour plusieurs raisons. Premièrement, quand vous avez les droits des Ligues 1 et 2, c'est la Ligue 1 qui est le plus mise en avant. Et en plus de ça, la Division 2 était produite par ZQSD mais diffusée sur OTP.  Donc OTP ne pouvait pas vraiment se l'approprier parce que ce n'était pas vraiment leur producteur, peut-être pas leur vision du broadcast… Certes, c'était diffusé par OTP mais ce n'était pas approprié par eux, et de fait, ils ne pouvait pas « carry » la Division 2 puisque cela n'était pas un de leurs produits. 
OTP se retrouvait avec un produit qui n'était pas créé par eux-mêmes, et diffusé sur leur chaîne. C'était donc dur pour eux de le valoriser, etc. On s'est dit « on a l'ambition de créer un média et de mettre en lumière la Division 2 ». Et puis en plus, OTP avait toutes ses soirées d'occupées, ne pouvait pas créer ses propre shows, ou du moins plus difficilement. On a donc décidé de la mettre sur MGG. Elle est donc la première compétition à arriver sur la chaîne, qui n'a pas vocation à être une chaîne orientée LoL, mais plutôt à devenir une chaîne e-sport généraliste qui aura d'autres compétitions sur d'autres jeux sur sa grille. 

Terminons maintenant cet interview en évoquant la prochaine saison, 2022. Premièrement, quels sont les objectifs pour 2022 ?

L'ambition, c'est de toujours animer la ligue, de ne jamais s'endormir. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu un événement très tôt dans l'année. On a annoncé l'événement de Nice avant la reprise du championnat, ce qui n'est pas commun. J'ai voulu que cela donne le tempo ! On est une année sur laquelle il va se passer pleins de choses. On a des projets encore que l'on annoncera dans une conférence de presse le 10 janvier prochain. Après une année exceptionnelle comme 2021, notre rôle est de vraiment continuer à animer, continuer à surprendre aussi bien l'audience, les équipes que les partenaires de la ligue et des équipes, pour que ça bouillonne toujours, tout en ne faisant pas n'importe quoi. C'est la ligue 1, c'est prestigieux. Il faut à la fois animer, innover et en même temps garder un côté statutaire qu'est celui de la LFL. C'est l'ambition.

Cette année, on note l'apparition d'un cast anglais pour couvrir la LFL. Comment celui-ci va-t-il se mettre en place ? Pourquoi ce choix ?

On a des ambitions internationales. Jusqu'à aujourd'hui, la LFL, soit il fallait comprendre le français, soit les personnes étrangères coupaient le son. On va voir quelle est l’attractivité de la LFL au-delà de la France. On va voir combien de personnes ont envie de voir les premiers kills de Rekkles… C'est hyper excitant. Ça sera réalisé depuis les studios de Northern Arena, qui est liée à Mirage Elyandra. Ils ont des studios de production d'un niveau télé, vraiment broadcast à Toronto. Dans ces studios sont réalisés des contenus pour des chaînes de télévision canadiennes. On attend un gros niveau de production. C'est à la fois l'ambition et l'inconnu. Je suis pressé de voir le 12 janvier combien de personnes regarderont le stream inter. Potentiellement, ça peut clairement faire changer la ligue de dimension ! Il faut bien se rendre compte que dès qu'on va chercher les partenaires, des sponsors pour la ligue,  on est sur des budgets de communication français. Alors que dès qu'on a une audience internationale, comme le LEC, Blast sur CS ou toutes autres compétitions internationales, c'est une autre catégorie de budget. Ce sont des budgets marketing internationaux qui sont beaucoup plus importants. Compte tenu du fait qu'on redistribue une bonne partie des revenus dans l'écosystème, dans les teams, si l'audience internationale explose, ça peut être des revenus en plus pour tout le monde. Cela peut faire réellement step-up la LFL sur les prochaines années. Il va falloir suivre vraiment de très près le succès international de la LFL 

Malgré le covid, des événements physiques ont eu lieu en 2021. Pour 2022, vous avez annoncé à Nice. Allez-vous, tout au long de l'année, annoncer d'autres dates dans d'autres villes ? 

Ouais ! Il y a des options qui sont posées sur des salles. On attend de voir en combien de temps Nice se remplit. On est dans une configuration particulière, en semaine, hors vacances scolaire. A Aix, on a vendu les places en une minute, mais il y en avait 800, nous étions en pleines vacances scolaires… Là, la billetterie a ouvert il y a quelques jours. Plus de la moitié des places ont été vendues. C'est très encourageant. Ça va être un petit peu le baromètre pour voir dans quels types de salles on peut jouer. On sait que le Summer Split tombe pendant les vacances. C'est plus facile pour un public jeunes, d'étudiants, de se déplacer en ces périodes. On discute avec des villes dans toute la France. On va essayer de faire en sorte que la LFL résonne dans plusieurs régions de France d'une manière ou une autre. On réfléchit à des choses pour créer des événements autour de la LFL, et que les fans ou qu'ils soient puissent se retrouver ensemble pour suivre des games. D'autres événements sont en préparation, des options sont déjà posées sur des dates ! Ça se construit petit à petit. 

Avant la crise du covid-19, une idée était évoquée. Celle de faire un système à la Overmatch League : que chaque équipe ait son arène/stade pour jouer à domicile. Ce qui amènerait à des rencontres domicile/extérieur. Est-ce toujours d'actualité ? 

C'est propre aux équipes ! Nous, en tout cas, on leur laisse la possibilité, effectivement, si elles veulent jouer leurs matchs à domicile dans une arène. Elles ont le droit de le faire. Karmine peut organiser des KCX avec un match de LFL dès lors qu'il n'y a que l'équipe Karmine sur scène. C'est un événement Karmine et ils ont le droit de le faire. Peut-être qu'il y aura des équipes, associées à des villes, qui vont imaginer d'avoir des arènes de 100, 150 places et l'audience locale qui vient voir chaque match. C'est un truc qu'on encourage. Les teams peuvent le faire, jusqu'au jour où nous organisons un événement offline où là toutes les teams doivent se déplacer. 

Concluons par un petit jeu des pronostics : qui voyez-vous l'emporter la saison prochaine ? Quelle(s) équipe(s) va, vont surprendre ? 

Franchement, je pense que le niveau de la LFL va être extrêmement élevé cette année. A priori, une équipe qui est, peut-être, un peu moins ambitieuse, qui a une préparation compliquée, c'est Oplon.  Au-delà de ça, tout peut arriver ! Évidemment Karmine part favori !  Il y a aussi Vitality qui est extrêmement bien aussi… Le niveau va être très élevé, très compétitif. En Division 2, c'est difficile à dire. Clairement, Thomy a de grosses ambitions. Il ne s'en cache pas. Ils sont là pour monter en LFL. Je pense que c'est l'équipe qui aura probablement le plus les crocs en Division 2. Maintenant on va voir comment ils vont structurer ça. Ils créent une structure esport from scratch, sans les habitudes propres à ces structures. Cela peut être une bonne chose, on l'a vu avec Karmine, qui a eu un modèle de fonctionnement totalement différent, avec des joueurs qui étaient chez eux, pas l'encadrement habituel d'une structure esport, et qui a réussi ! Le modèle JL sera à suivre de près, mais je me garderais bien de faire des pronos dans un cas comme dans l'autre. 

Merci beaucoup Bertrand d'avoir répondu à nos questions ! Chez Team *aAa* nous avons pour habitude de laisser le mot de la fin à nos invités… 

Franchement : merci à *aAa* de votre intérêt pour la LFL. On a toujours un petit pincement au cœur quand on associe LFL à *aAa*. Vous êtes une marque mythique, historique de LoL quand même ! C'est rien de le dire ! Avoir une Team *aAa* en LFL, c'était kiffant. Le message ? Revenez par l'Open tour, la Division 2, mais revenez !