Ce dimanche 18 août voyait le couronnement de Clément “Clem” Desplanches en tant que champion du monde, un titre qu’aucun Français n’a eu la prétention de convoiter, et que seules les plus grandes légendes ont eu la chance d’obtenir. Après une finale remportée 5-0 face au meilleur joueur de tous les temps, le petit prince de l’Europe se hisse sur le toit du monde à l’occasion du bouquet final de l’EWC.

Clem au panthéon de l’esport français

Un an après le sacre d’Oliveira, Clem devient le tout premier joueur français à s’offrir la plus grande des décorations : un titre de champion du monde. Celui qu’on surnomme souvent “Le Comeback Kid” signe une performance jamais vue auparavant en ne perdant pas la moindre carte dans une grande finale de championnat du monde (qui plus est en BO9, un format rarissime).

Clem sur la scène de l'EWC
Clem, le prodige à pouvoir détrôner Serral (C) EWC/L.Bouchon 

Le petit génie qui peuplait déjà les LAN françaises dès 2013, alors haut comme trois pommes, a une histoire à en couper le souffle, et il obtient déjà la plus prestigieuse des décorations à 22 ans seulement. Le jeune français réalise une compétition hors normes au-delà de sa finale absolument historique. Il débute le plus gros tournoi de l’histoire de Starcraft dans le groupe B du Group Stage, clairement le groupe le plus hétérogène des deux, en affrontant Classic.

Si Clem est réputé pour avoir propulsé le TvZ à un niveau inimaginable, c’est bien par son TvP que le français s’affirme dès la première rencontre du tournoi. On imaginait difficilement Classic battre Clem, mais un 3-0 avec la manière vient rassurer tout le monde : c’est un Clem de grand gala qui est présent à l’EWC.

Sa prochaine rencontre s’avérera être la plus compliquée, en la personne de son éternel rival, Riccardo “Reynor” Romiti. L’Italien âgé de 22 ans également sortait d’une rencontre durement arrachée à Cure, coéquipier de Clem. Les deux jeunes prodiges se sont donc affrontés pour nous donner l’une des plus belles rencontres du tournoi, se soldant par une victoire du Terran français. Reynor est le seul qui parviendra à arracher la moindre carte à Clem, qui signe la plus grande performance sur un tournoi de cette envergure : 18-2 en cartes, personne ne fait mieux.

Cette victoire décisive propulse Clem en finale du Groupe B, où il affronte Serral pour la première fois du tournoi. Le GOAT en personne avait lui aussi mené d’une main de maître son début de tournoi, n’ayant laissé aucune carte à ses deux victimes, Coffee et herO. Cette première rencontre entre Serral et Clem se solde par une domination totale du français, qui nous fait du Clem dans le texte. Trop rapide, le français prend l’avantage sur toutes les interactions possibles, Serral est dépassé, et ne voit pas le jour. 3-0, Serral abdique en 45 minutes et Clem envoie un message fort en décrochant son ticket pour les demi-finales.

Deux jours s’écoulent entre sa qualification et sa demi-finale, et la seule question était maintenant de savoir si on allait voir le même Clem qui a infligé une leçon à Serral. Les hostilités commençaient alors par herO, la référence Protoss du tournoi. Ce match se présentait comme un réel test pour Clem qui a historiquement eu du mal contre les Protoss coréens. Mais Clem avait rendez-vous avec son destin, et balaie un herO qui est simplement tombé sur plus fort que lui.

Un BO9 à 250 000$

Alors lancé suite à ce 4-0 décisif face à herO, Clem était comme un poisson dans l’eau pour cette finale face à Serral, un adversaire qu’il connaît sur le bout des doigts et qui se dresse bien souvent sur le chemin du français en route vers un titre. Après tout, Serral a été présent dans la moitié des finales des championnats du monde depuis 2018 et le Finlandais a un avantage écrasant en termes d’expérience sur Clem.

Il y a de ça encore quelques mois, personne ne savait si Clem pouvait prouver tout son talent sur la scène d’un tournoi majeur, loin du confort de son domicile. Puis, vient sa révélation à Atlanta en décembre dernier, où Clem entre enfin dans la cour des grands, montrant un niveau de jeu jamais vu auparavant. C’est alors qu’il n’était plus question de savoir si Clem allait un jour être champion du monde, mais plutôt de savoir quand il le serait.

Cette grande finale à Riyad rappelle rapidement Atlanta, et si Clem est dans son élément, Serral, de son côté, soupire grandement à chaque split parfait du français et à sa lente réalisation qu’il était l’heure pour Clem d’être champion du monde.

L'EWC en quelques points

  • Première grande finale où le vainqueur ne perd aucune carte (5-0)
  • La performance la plus dominante sur un championnat du monde (18-2)
  • Premier champion du monde français
  • Première finale de championnat du monde sans aucun joueur coréen
  • Clem double son cashprize remporté en carrière, devenant le 5ème joueur avec le plus de gains en tournois (834 673$)
  • La 6ème finale de championnat du monde pour Serral (2-4)
  • Les trois races représentées dans le Final Four (Clem, herO, Serral, Dark)
  • La plus belle carte du tournoi : GuMiho vs ShoWTimE Game 1