Malgré un premier match encourageant, Karmine Corp s’est lourdement incliné en finale du First Stand 2025 face à Hanwha Life Esports (3-1). Zaboutine et Laure sont revenus sur cette rencontre, mettant en avant la marche encore trop haute pour l’équipe européenne face à un adversaire coréen qui a progressivement haussé son niveau de jeu.

Une finale déséquilibrée après une première game disputée

Karmine Corp a entamé cette finale avec une victoire convaincante, exploitant une bonne draft et profitant d’un Hanwha Life encore en phase d’adaptation. Mais la suite du BO a pris une toute autre tournure. « Tu gagnes la première, ils activent le mode full power. Ils passent une vitesse après chaque game et là, il n’y a plus personne en face. Ce n’est même pas une question de draft ou d’erreurs individuelles, c’est juste qu’ils ont accéléré et que KC n’a pas pu suivre. On l’a vu, dès qu’ils ont décidé de verrouiller la game 2, il n’y avait plus d’espace. » analyse Zaboutine, illustrant la montée en puissance progressive de HLE.

Laure partage ce constat et insiste sur l’évolution du rythme imposé par l’équipe coréenne : « La première game était vraiment intéressante, mais dès la deuxième, on a vu que HLE dictait totalement le tempo. Ils sont passés en mode LCK, high tempo, contrôle total de la carte et pression constante. KC n’a jamais pu suivre, et ce qui frappe, c’est qu’ils ont ajusté leur jeu après chaque manche pour s’assurer qu’il n’y ait plus de surprise possible. »

L’écart entre les deux équipes s’est creusé, notamment au mid et en jungle, où le duo Zeka – Peanut a fait la différence. Zaboutine met en avant cette domination : « Tu as l’impression de voir un duo de boosters de soloQ. Mid-jungle totalement ingérable. Peanut a parfaitement compris comment exploiter les failles de KC. À chaque game, il a pris plus de contrôle sur la carte, et avec Zeka, ils ont mis une pression qui a coupé les options de Karmine. Quand tu n’as plus la priorité mid et que ton jungle perd du terrain, toute la game devient plus difficile. »

Karmine Corp, un parcours honorable mais des limites évidentes

Si Karmine Corp peut être satisfaite de son tournoi, la finale a mis en lumière des limites structurelles dans le jeu de l’équipe. Vladi a particulièrement souffert face à Zeka, ne trouvant jamais l’espace pour exister. « Il a énormément progressé, mais le mid diff était trop grand. Il n’a pas pu tenir sa lane et s’est retrouvé en aspirateur à ressources sans créer d’impact. C’est un joueur qui a montré de très bonnes choses sur d’autres matchs du tournoi, mais contre un midlaner du calibre de Zeka, il n’a pas trouvé de solution. Il était souvent forcé à jouer défensif et n’a jamais pu imposer son rythme. » explique Zaboutine.

Le topside a également été mis en difficulté. Canna, malgré de bonnes intentions, a été surclassé par Zeus. « Canna a eu plusieurs fois un counterpick et s’est fait exploser. Ce n’est pas une honte, mais à ce niveau, la marche était trop haute. Quand tu te retrouves face à Zeus en pleine forme, il y a très peu de solutions. Il a été sous pression toute la série, et même quand il a tenté des choses, il n’a jamais eu l’espace pour réellement peser sur la game. »

Sur l’ensemble du tournoi, Zaboutine estime cependant que la Karmine Corp a dépassé les attentes. « Je suis très satisfait de KC. Je ne pensais pas qu’ils gagneraient le LEC et encore moins qu’ils iraient en finale du First Stand. Ce qu’ils ont accompli est déjà énorme. Il ne faut pas voir cette défaite comme un échec, mais plutôt comme une étape dans leur progression. »

Laure partage ce point de vue et souligne l’impact positif de cette performance pour la scène européenne : « C’est la première fois depuis longtemps qu’une équipe européenne fait rêver à l’international. KC a montré que l’Europe peut rivaliser, et même si l’écart avec la Corée est encore grand, cette finale envoie un message fort. Il y a un vrai potentiel pour la suite. »

Un premier signal positif pour l’Europe

Si KC doit encore progresser, son parcours laisse entrevoir une montée en puissance du niveau européen. Laure met l’accent sur l’impact que cela pourrait avoir sur le LEC : « J’espère que cela va pousser le LEC vers le haut. On pourrait enfin avoir un top 4 européen solide. L’Europe a souvent été dépendante d’une seule équipe pour briller à l’international, mais si KC continue sur cette lancée et si G2 et Fnatic se remettent au niveau, on pourrait avoir un vrai changement de dynamique. »

Mais pour franchir un cap, il faudra gommer certaines lacunes. Zaboutine pointe notamment le manque de polyvalence de KC dans ses drafts et dans sa manière d’aborder les matchs. « Il leur a manqué du répondant pour s’adapter aux games. On l’a vu, HLE a changé de rythme et d’approche à chaque manche. KC, en revanche, a eu du mal à ajuster son plan de jeu en conséquence. C’est un point sur lequel ils vont devoir progresser s’ils veulent aller plus loin. »

L’impact de Yike a également été remis en question. « Il y a des moments où il s’arrête de jouer. C’est un joueur qui sacrifie beaucoup pour ses lanes, mais contre ce niveau d’adversaire, ça ne fonctionne pas. Face à des équipes comme HLE, tu ne peux pas juste jouer pour les autres, il faut aussi être capable d’imposer ton tempo. » Selon Zaboutine, cela explique pourquoi G2 a fait le choix de le remplacer. « Ils ont dû se dire que le corriger prendrait plus de temps que de recruter un autre joueur. Ce n’est pas une question de talent, mais de profil. Yike est un excellent jungler, mais dans cette configuration, il a montré ses limites face aux meilleures équipes du monde. »