Après la deuxième journée du First Stand 2025, Zaboutine a livré une analyse sans concession du niveau de jeu en Europe. Il critique les lacunes stratégiques des équipes du LEC, la mauvaise gestion des objectifs et l’absence d’adaptation aux évolutions du jeu, tout en soulignant les erreurs individuelles qui plombent les performances.
Un constat sévère sur le niveau européen et de la KC
Après la deuxième journée du First Stand 2025, Zaboutine a pris la parole pour livrer son analyse des matchs disputés. Il n’a pas cherché à masquer sa frustration face au niveau affiché par les équipes européennes, qu’il estime largement en retard sur leurs homologues asiatiques. Il met en avant des lacunes structurelles, aussi bien dans la compréhension du jeu que dans l’exécution des plans de match.
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Pour lui, l’Europe reste bloquée sur une vision dépassée de League of Legends, où l’on considère encore que la priorité sur une lane garantit l’accès aux objectifs neutres. « On joue encore avec le modèle priorité → vision → objectif, mais la méta a évolué. Les équipes asiatiques ont compris qu’il fallait exploiter la vision de façon dynamique et non pas en appliquant des principes figés », explique-t-il. Il insiste sur l’importance de jouer autour de la négociation de l’espace, où les erreurs de placement sont immédiatement sanctionnées.
Une exécution bancale et des drafts discutables
Zaboutine pointe également un problème dans la gestion des objectifs et la prise de décision en Europe. Il évoque notamment le fait que la Karmine Corp n’exploite pas correctement ses forces et se retrouve à jouer des drafts complexes sans véritable préparation. « Les drafts sont cohérentes sur le papier, mais elles demandent une exécution parfaite. Or, quand tu vois comment certaines games sont jouées, tu te rends compte que les joueurs ne comprennent même pas comment utiliser leur draft. »
Il prend en exemple une draft où la KC aligne un Varus-Nautilus contre Miss Fortune-Rell, une opposition qu’il juge déséquilibrée dès le départ : « C’est injouable. Si tu es obligé d’augmenter la qualité du matchup pour espérer un 50/50, c’est perdu d’avance. »
Des joueurs en difficulté et une gestion de vision obsolète
Sur le plan individuel, Yike est l’un des joueurs les plus critiqués par Zaboutine. Il lui reproche un jeu mécanique sans réflexion stratégique, qui consiste uniquement à appuyer sur ses touches sans se poser les bonnes questions. « Il commence des objectifs alors qu’il n’a ni la position ni la pression nécessaire. Il appuie sur R et il meurt. Ce n’est pas comme s’il se faisait invade ou qu’il était privé d’options en jungle. Il fait juste de mauvais choix. »
Zaboutine élargit le débat en expliquant que cette mauvaise gestion des objectifs est un problème global en Europe : « En LEC, on a encore cette idée naïve que si nos joueurs peuvent rotate plus vite, l’objectif est à nous. Mais en réalité, il faut savoir comment défendre un espace. Ce n’est pas parce que tu as la priorité sur une lane que l’adversaire va rester passif. Les équipes asiatiques, elles, ne respectent pas ces principes rigides. Elles savent comment casser la structure de jeu européenne. »
Il regrette que l’Europe n’ait pas encore intégré la dimension bluff et pression psychologique dans la gestion de la vision, un domaine où la LCK et la LPL ont pris une longueur d’avance. « Aujourd’hui, le jeu ne repose plus uniquement sur la prise de vision, mais sur la manière dont tu la défends et dont tu manipules l’adversaire. T1 et d’autres équipes coréennes sont passées maîtres dans l’art de faire douter l’adversaire sur leurs intentions. En Europe, on est encore à poser des wards de manière mécanique, sans réfléchir à leur impact. »
Une culture de travail inefficace
Si certains critiquent le manque de sérieux des joueurs européens, Zaboutine ne croit pas à l’argument de la paresse. Pour lui, ce n’est pas un problème de motivation, mais d’efficacité dans la manière dont on travaille. « Les joueurs ne sont pas fainéants, ils travaillent juste mal. Ce n’est pas une question de quantité, mais de qualité. On peut passer des heures en scrim si derrière, il n’y a pas d’assimilation des concepts de jeu, ça ne sert à rien. »
Il rapporte même le témoignage d’un ancien coach de Fnatic, qui expliquait que les joueurs retenaient très peu les enseignements donnés en briefing. « Ce coach disait : ‘Le matin, on leur explique des concepts, ils disent avoir tout compris. Le soir, ils ont tout oublié.’ Ce n’est pas un problème de volonté, mais d’inefficacité dans l’apprentissage. »
L’Europe peut-elle encore progresser ?
Malgré ce constat sévère, Zaboutine ne pense pas que tout soit perdu pour l’Europe. Il estime que certaines équipes, comme BDS, tentent de moderniser leur jeu en s’inspirant des meilleures équipes du monde. « BDS essaye d’adopter un jeu stratégique plus réfléchi, inspiré de Dplus KIA. Ils jouent bien autour des objectifs, avec des phases de rotation claires. D’autres équipes, comme Vitality, essaient d’intégrer des concepts plus avancés, mais n’ont pas encore les joueurs pour. »
Il insiste sur le fait que les talents existent, mais que leur développement est entravé par une approche de jeu trop rigide et une formation qui manque d’efficacité. « Il y a des joueurs talentueux en Europe, mais on ne leur donne pas toujours les outils pour exploiter leur plein potentiel. Pour rattraper l’Asie, il faut revoir notre manière d’entraîner et de comprendre le jeu. » Si le First Stand 2025 a mis en lumière les limites du jeu européen, Zaboutine reste persuadé qu’une évolution est possible. Reste à voir si les équipes prendront en compte ces critiques pour ajuster leur approche avant les prochaines compétitions.
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