Alors que Team BDS traverse une période délicate en LEC Spring 2025, son head coach Striker a pris la parole dans l’émission Chat All de Trayton. L’occasion de revenir sur les difficultés actuelles, les responsabilités du staff, la progression de ses joueurs et l’évolution du LEC.

Un regard sans détour sur les responsabilités du coach et la situation de BDS

Striker s’est présenté sans filtre face à Trayton. L’interview, dense et structurée, a permis de mieux comprendre les ressorts internes de Team BDS dans cette période marquée par une série de résultats décevants. Le coach est revenu en détail sur la dynamique de l’équipe, la construction du projet, les attentes envers certains joueurs, mais aussi sa manière de concevoir son rôle dans un environnement hautement compétitif.

Dès les premières minutes, Striker a tenu à clarifier une chose : en tant que head coach, il assume l’intégralité des choix de draft, bons ou mauvais. « Si c’est une draft de merde, c’est la mienne les gars », a-t-il lâché, avant d’ajouter : « Même si elle a été préparée à cinq ou six, j’en suis responsable. C’est moi qui la lock ». Pour lui, l’important est de maintenir une culture de responsabilité claire, sans chercher à masquer les erreurs derrière des circonstances ou des détails de préparation.

Revenant sur le match perdu par BDS avec 13 000 golds d’avance, Striker évoque une frustration partagée mais aussi un devoir de continuité dans le travail. « Ce qu’on essaie de s’assurer, dans un premier lieu, c’est qu’il y a toujours de la communication. Même quand on perd, il faut qu’on continue à parler ensemble, à regarder ce qu’on fait de bien ou pas, sans tomber dans la panique ». Il insiste également sur la part d’autocritique permanente nécessaire dans ce métier. « Je considère qu’il y a aussi une partie de mon salaire qui revient de la prise de responsabilité de tanker les critiques. Tu gagnes, c’est les joueurs. Tu perds, c’est toi. C’est normal ».

Une approche exigeante du coaching et une vision claire de ses joueurs

Au fil de l’interview, Striker a détaillé son quotidien, la façon dont BDS organise ses journées de travail, la place du staff dans la performance, et la manière dont les objectifs sont hiérarchisés. Il parle d’un rythme strict : « On est en call à 10h30 tous les jours. On commence par la macro, ensuite on a scrim, puis des sessions spécifiques 1v1 ou 2v2, et un debrief collectif chaque soir ».

Il explique aussi comment les outils d’analyse sont utilisés pour suivre l’évolution de l’équipe. Un travail de fond mené au jour le jour, qui laisse peu de place à l’improvisation : « On regarde nos datas chaque semaine, on compare avec le reste du LEC, on sait ce qui est en retard, ce qui progresse ».

Interrogé sur la situation de 113, souvent critiqué pour ses performances irrégulières, Striker ne se dérobe pas. Il confirme que le joueur est difficile à cadrer mais possède aussi des qualités rares. « Des fois, 113 n’est pas sur la même longueur d’onde que lui-même. Tu lui demandes de ralentir, il accélère. Tu lui demandes d’accélérer, il ralentit. Mais cette variance, elle est là, et elle peut être maîtrisée ».

À propos de Parus, rookie promu cette année, Striker nuance les critiques. « Il a beaucoup progressé. Là où il est encore en train de travailler, c’est lorsque le jeu est très serré. Quand il faut jouer une tempo très tight, très précise, c’est plus dur. Mais sur d'autres points, il est déjà très bon ».

Il revient aussi sur la difficulté de transformer un rookie d’ERL en joueur LEC. « Jouer LEC, c’est pas juste être bon mécaniquement. C’est apprendre à jouer contre des mecs qui vont exploiter chaque décision bancale ».

Un regard lucide sur le niveau du LEC et la pression autour de la scène

Striker prend également le temps d’évaluer l’état du LEC en ce début de saison. À ses yeux, le niveau moyen est monté d’un cran par rapport à 2024. « Si tu prends les 50 joueurs du LEC aujourd’hui, au 14 avril, ils sont meilleurs que l’année dernière ». Il observe notamment une hausse du niveau mécanique général et une meilleure compréhension collective dans plusieurs équipes.

Il identifie cependant un top 3 clair composé de G2, Fnatic et Karmine Corp, qu’il estime au-dessus du reste du peloton. Mais il précise : « Même les games entre les grosses équipes et les plus petites se jouent souvent à des détails. Une map play mal exécutée, un fight lancé au mauvais moment, et ça bascule ».

Sur la question de la pression médiatique, des réseaux sociaux et de la visibilité permanente du staff comme des joueurs, Striker reste calme. Il reconnaît que cela fait partie du jeu. « On vit une compétition. Mais pour le public, c’est aussi un produit de divertissement. Et ça génère du bruit. Il faut faire le tri ». Il affirme aussi que son rôle est d’amortir cette pression pour ses joueurs. « Il faut que je sois le pare-chocs. Je suis là pour encaisser quand il y a des tempêtes. Pour qu’eux puissent continuer à progresser ».

Bilan intermédiaire et projection sur la suite

Alors que BDS reste englué dans la deuxième moitié du classement, Striker refuse toute forme de renoncement. L’équipe travaille, progresse lentement sur certains aspects, et reste déterminée à inverser la tendance. « On n’a jamais abandonné un projet. Même quand c’est dur, on reste dans notre ligne de travail ».

Si les résultats immédiats restent insuffisants, l’interview révèle un staff lucide, structuré et concentré sur les fondamentaux. Striker n’élude rien. Il reconnaît les erreurs, endosse les responsabilités, mais reste persuadé que le groupe peut monter en puissance. « Il y a encore beaucoup à faire, mais il y a aussi de quoi faire ».