Après une nouvelle défaite pour Rogue en LEC Spring 2025, Adam s’est confié longuement dans une interview menée par Trayton lors de son émission /Chat All. Le toplaner français est revenu sur son état de forme, les problèmes de Rogue, la situation de BDS et la compétitivité du LEC sous le format Fearless.
Une parole rare sur les coulisses d’un split difficile
Invité pendant plus d’une heure dans l’émission de Trayton, Adam a abordé sans filtre l’état actuel de Rogue, les raisons de la crise traversée par BDS, mais aussi ses ambitions individuelles et sa vision du LEC. Loin de se réfugier derrière les excuses, le joueur français a posé un constat clair : « On a vraiment des très très gros problèmes en mid game ». Si Rogue propose des early games compétitifs, l’équipe s’effondre une fois passée la phase de lane, minée par un manque de coordination et une confiance fragilisée. « Je dirais pas qu’on se fait pas confiance les uns les autres, mais en fait on a peur de fou. On a peur de cliquer forward, de tenter des trucs. Et vu qu’on perd souvent en scrim, on n’a jamais vraiment la certitude que ce qu’on essaie sur la carte est bon ou pas ».
Ce déficit de repères impacte directement leur performance sur scène. Rogue est l’équipe qui a disputé le plus de BO depuis le début du split, sans réussir à convertir ses matchs en victoires. Le joueur évoque un calendrier qu’il juge inéquitable : « En quatre semaines, on aura joué sept BO3. C’est censé être un format où tu scales tranquillement. Là, au bout de deux semaines, on était déjà à trois BO. En termes d’équité sportive, c’est discutable ».
BDS : un manque d'identité et une construction d’équipe qui ne fonctionne pas
Interrogé sur l’état actuel de BDS, Adam ne mâche pas ses mots. Ancien joueur de la structure, il livre un regard critique sur les choix effectués à l’intersaison. Selon lui, la volonté de créer une botlane forte autour de Parus et Ice n’a pas été accompagnée d’une construction cohérente autour. « BDS, il manque juste une identité d’équipe. Ils ont voulu construire autour de leur botlane, en prenant un toplaner comme Irelevant pour son style weakside. Mais aujourd’hui, ils n’arrivent pas à rendre Ice fort. Et je peux le dire, j’ai joué un an avec lui : ce mec est vraiment gifted. Il est trop fort, mais là on lui donne pas les clés ».
Adam pointe également le choix d’Irelevant comme toplaner, qu’il juge peu compatible avec les besoins de l’équipe. « Irelevant, c’est pas un joueur qui va activer son ADC. Il l’a jamais fait dans sa carrière. C’est pas un playmaker. En vrai, c’est un peu un PNJ. Il crée rien sur la carte, ni en early, ni en mid game. Et en teamfight, il est pas clutch ». Si la critique est directe, Adam nuance tout de même son propos : « Ce serait très médisant de dire que BDS est foutu. Tout le monde peut imaginer ce que cette équipe pourrait être. Peut-être qu’il leur suffit d’une bonne semaine de scrims pour relancer une dynamique ».
Un Adam en pleine forme, lucide sur ses qualités et son évolution
À titre personnel, Adam estime qu’il traverse la meilleure période de sa carrière. Un séjour en Corée durant l’intersaison lui a permis de remettre les compteurs à zéro et de retrouver un niveau de confiance qu’il juge élevé. « Je suis quelqu’un qui tryhard les scrims. Si je sens que je suis faible en scrim, ma confiance chute. Mais là, je vais sur n’importe quel matchup avec full confiance. Je me sens très bien individuellement ».
S’il est souvent associé à un style de jeu agressif et atypique, Adam insiste sur sa capacité d’adaptation. « Je joue des picks comme Jayce, Gnar, Rumble. Mon PlayStyle est très différent de chez BDS, et je pense être l’un des joueurs les plus polyvalents d’Europe actuellement ». Le format Fearless, en bannissant les picks déjà joués, le pousse justement à mettre en avant cette polyvalence. « Le Fearless, ça avantage clairement les joueurs qui savent tout faire. Et vu qu’il y a plus de swap lane, je peux rejouer mes champions. Mais faut que la team soit prête, et qu’on sache jouer sans TP. Aujourd’hui, on a trop de lacunes macro pour que je puisse me permettre certains picks ».
Le LEC : un niveau plus compétitif, mais un écart qui se creuse
Adam estime que le niveau du LEC est monté d’un cran. Il identifie clairement un top 4 composé de Karmine Corp, Fnatic, G2 et KOI. « Aujourd’hui, ces quatre équipes peuvent prétendre au top 1. Le LEC est plus compétitif qu’avant, mais la Fearless a aussi creusé les écarts ». Selon lui, les meilleures équipes s’adaptent mieux aux contraintes du format. « Les grandes équipes peuvent first-time des picks et ça fonctionne. Elles ont une synergie naturelle. Les autres, si elles essaient, elles se ruinent. La Fearless a juste créé un abîme entre le haut et le bas du classement ».
Interrogé sur les équipes capables de rivaliser avec la LCK ou la LPL, Adam reste mesuré mais confiant : « On a vu la KC battre des équipes comme TES ou HLE. FlyQuest a mis 3-2 à Gen.G. C’est plus aussi ridicule qu’avant. Mais les top équipes LCK, ça reste un autre monde ».
Un avis tranché sur le streaming des scrims
Enfin, Adam a réagi à la tendance initiée par Los Ratones lors des EMEA Masters, qui ont choisi de streamer l’intégralité de leurs scrims. Pour lui, cette pratique n’a aucun intérêt sportif. « C’est nul. Tu peux pas innover, tu peux pas sortir les strats que tu bosses avec ton équipe. Tu dois adapter ton gameplay pour ne rien leak. Ça t’aide ni à court terme, ni à long terme ». Même la dimension de contenu n’excuse pas, selon lui, les risques pris : « Tu dois rien à personne. C’est pas une game officielle. Que tu sois regardé par 10 ou 100 000 personnes, si tu veux faire 0/10, tu peux ».
Malgré les difficultés traversées par Rogue, Adam garde une ligne de conduite claire : progresser, rester visible et démontrer sa valeur. « Que je fasse 10e ou pas, moi l’important c’est de continuer à bien jouer ». Une lucidité rare dans un environnement souvent dominé par le résultat immédiat.
- Lien pratique : le suivi complet du LEC Spring Split 2025