A quelques semaines de la reprise de la Trackmania Grand League, nous vous proposons de (re)découvrir l’histoire du plus haut niveau du jeu sur Stadium.

Parlons championnats du monde

La Trackmania Grand League est le circuit professionnel officiel du jeu. Elle est composée de deux saisons (Spring et Fall) et d'un championnat du monde pendant l'été. Toutefois, avant la TMGL – introduite en 2019 – le jeu développé par Nadeo a connu de nombreuses compétitions et dénominations pour son circuit professionnel.

Pour retracer cette histoire, nous avons, entre-autres, échangé avec Fredrik « Bergie » Bergmann qui a été l'un des acteurs principaux des championnats du monde pendant plusieurs années, Côme « Cocow » Marquet, ancien joueur pour *aAa* et actuellement manager pour Izidream et Eyohna qui suit la scène depuis ses débuts et dont les connaissances ont aidé à la réalisation de cet article.

Les débuts à l'eswc

En 2006 sort Trackmania Nation ESWC qui, comme son nom l’indique, est spécialement développé pour les compétitions ESWC. Dès sa sortie, le jeu abrégé en TMN est présent à Bercy pour l’ESWC 2006 avec un cashprize de 32 000$. Les circuits sont très loin de ceux que l’on connait maintenant comme Bergie l'explique : « Lors des premières années, les cartes n'étaient pas très techniques. En pratique elles étaient juste mauvaises car le style tech n'existait pas encore. Les circuits étaient très hétérogènes et les joueurs faisaient beaucoup d'erreurs. »


ESWC 2006 au p alais omnisports de Paris-Bercy, désormais AccorHotels Arena

Cette année-là, c’est Dorian « Carl » Vallet (à ne pas confondre avec CarlJr) qui l’emporte et devient par la même occasion le premier champion du monde de l’histoire de Trackmania. Celui que l’on connait désormais sous le pseudo de SuperCarlouf est toujours actif puisque depuis quelques années, il participe à la Trackmania Open Grand League, permettant de se qualifier à la Trackmania Grand League.

Après une année 2006 difficile pour le groupe gérant l’ESWC, la compétition revient en 2007 avec un cashprize moindre (19 000$) mais reste toujours la compétition la plus importante de l’année. Carl participe une seconde fois pour défendre son titre mais n’arrive à prendre que la seconde place derrière le néerlandais Freek « Xenogear » Molema.

L’année 2008 voit la naissance d’un des plus grands noms de l’histoire de Trackmania avec le couronnement du suédois Kalle « Frostbeule » Videkull. Les deux précédents champions du monde, Carl et Xenogear, finissent respectivement 4ème et 2ème de la compétition. Le cashprize de cette année s’élève à 23 000$. 2008 voit aussi le début du style de maps Tech, initié notamment par la carte Hockolicius, encore emblématique aujourd’hui.

Toutes ces éditions n'étaient pas ouvertes à tous. En effet, Bergie explique que c'était très variable en fonction des pays, pour certains il y avait des phases de qualifications nationales. La France, par exemple, avait des qualifications en LAN où le top 1-3 gagnait sa place pour l'ESWC. C'était pareil pour la Norvège entre 2009 et 2014. Pour le reste, c'était surtout des invitations pour les meilleurs joueurs et les pilotes des plus grosses structures.

La crise économique mondiale n’a pas épargné l’ESWC qui n’aura pas lieu en 2009, la quatrième coupe du monde ne se déroulera qu’en 2010 à Disneyland Paris sur le nouvel opus de la saga Trackmania : Trackmania Nation Forever (TMNF) sorti en 2008. Le jeu est sensiblement le même, on voit principalement l'apparition de la dirt et de l'eau. Cette édition est remportée par Bergie, joueur norvégien de l’équipe Intel. Cette année-là, on trouvera un futur joueur *aAa* (il sera sur le podium de l'ESWC pour *aAa* en 2014) aux premières places d’une compétition majeure avec Yoann « Yoyo » Cook, troisième. Carl est aussi toujours présent avec une quatrième place, il aura participé à la finale de chaque édition jusque-là.

Place à la Paris Games Week

Désormais lors de la Paris Games Week, l’ESWC 2011 voit la première finale de cette rétrospective avec des noms encore présents aujourd’hui au meilleur niveau en TMGL. La compétition est remportée par le Slovaque Erik « HakkiJunior » Lestach. Le podium est complété par Martin « Tween » Pacher (Slovaquie) et Yoyo. On retrouve aussi Tim « Spam » Lunenburg (Pays-Bas) à la quatrième place. Spam et Tween s’affrontent effectivement encore au meilleur niveau mondial.

L’ESWC 2012 signe l’arrivée d’une future légende de la scène : en effet, Spam remporte la compétition devant Tween et un certain canadien du nom de Carl-Antoni « CarlJr » Cloutier âgé de seulement 16 ans. Cette année est la dernière sur TMNF qui sera remplacé l’année suivante par Trackmania 2 Stadium.

Les trois années qui vont suivre seront marquées par la domination de CarlJr qui remportera 3 titres d’affilée. Ainsi, entre 2013 et 2015, on retrouvera en finale Tween et Spam à deux reprises ainsi que Thomas « Pac » Cole (britannique aussi joueur actuel de la TMGL), Yoyo ou Bergie.

2015 sera aussi la dernière année au cours de laquelle Trackmania sera présent à l’ESWC.

La maniaplanet World cup pour combler

En 2016, après la fin de la collaboration avec ESWC, Nadeo organise sa propre coupe du monde sous le nom de Maniaplanet World Cup. Cette compétition se passe sur le même format que l'ESWC, avec les mêmes administrateurs et les mêmes types de cartes. Cette année-là, Pac remporte la compétition devant CarlJr et Tween.

Nous avons posé plusieurs questions à Cocow quant à sa perception de l'événement et ce qu'il représentait pour les joueurs. Ce dernier avait d'ailleurs participé à la Maniaplanet World Cup sous les couleurs de *aAa*.

Comment les joueurs ont reçu la fin de l'ère ESWC ?

Trackmania a fait ses débuts en esport avec l'ESWC. Le premier nom était d'ailleurs Trackmania ESWC, cela en dit long sur le lien qu'avaient le jeu et l'organisateur de tournoi. Pour les compétiteurs, ça a été très dur à encaisser car il s'agissait du tournoi majeur, le tournoi qui donnait le titre de champion du monde à un joueur. Tous les autres tournois étaient "secondaires" et nous permettaient simplement de nous préparer pour l'ESWC. En bref, quand Trackmania ne figurait plus sur la liste des jeux de l'ESWC, nous savions que l'avenir allait devenir flou et nous avions honnêtement peur de voir la scène compétitive disparaître.

Quels ont été les changements entre l'ESWC et la MPWC ?

Le titre et le prestige de la compétition pour commencer. Pendant l'ESWC, nous étions dans une zone joueurs que beaucoup de spectateurs convoitaient. Il y avait un vrai soutien du public, d'amis ou de la famille qui pouvaient venir à la PGW et passer par ce stand pour suivre nos résultats. Ce n'était pas le cas à la MPWC : nous étions entre joueurs de Trackmania dans une petite salle au dessus d'un magasin LDLC. On ne se sentait pas vraiment en LAN vu qu'il n'y avait pas de public, c'était un peu fade à jouer. En terme de compétition par contre, cela n'a rien changé : on jouait encore sur des maps techs, et on couronnait à la fin le meilleur joueur du monde.

Comment était la compétition en elle-même ?

C'était une des premières compétitions organisé uniquement par Nadeo, les moyens étaient donc (j'imagine) un peu moindre par rapport à ce que l'ESWC pouvait apporter. La MPWC s'est cependant très bien passé, je n'ai aucun souvenir de retard/problèmes pendant que nous jouions, sauf celui de Massa, qui n'a pas pu correctement jouer en finale à cause de l'écran qui lui avait été donné. On s'attendait globalement à mieux, étant donné que l'on fêtait tout de même les 30 ans d'Ubisoft.

Comme l'explique Cocow, la MPWC a surtout servi à combler le vide laissé par le départ de l'ESWC sans réussir à s'approcher de son prestige ou de son engouement. Elle n'aura été qu'une solution temporaire suivi par diverses initiatives qui n'auront pas su faire l'unanimité.

Le renouveau de la TMGL

2017 ne verra pas de championnat du monde mais les débuts des ligues professionnelles avec la Trackmania Pro League composée d’une saison régulière et de playoffs. CarlJr remportera cette première saison mais son titre n’est pas considéré comme un titre de champion du monde.

La deuxième saison de la Trackmania Pro League, en 2018, suivra le même format et sera remportée par Pac. Toutefois, cette saison ne s’arrêtera pas là et sera suivie du Trackmania World Championship à la Paris Games Week. Tween, CarlJr et Pac s’inclineront face au Tchèque Martin « Kappa » Krompolc.


Tween, Pac et CarlJr à la TMWC 2018 (c) GamersOrigin

Quelques mois plus tard sera annoncée l’actuelle TMGL : une rupture totale avec la TMPL et les compétitions que l’on connaissait jusque-là. En effet, la TMGL est une compétition en multilap récompensant l’endurance sur des circuits dont le style n’avait encore jamais été exploité à ce niveau. C’est en effet l’utilisation du style mixed – déjà présent sur des compétitions telles que l’A&C ou la Spheriz – qui marquera le plus gros changement. Là où, depuis 2008, le style tech était le seul présent aux différentes coupes du monde et dans les LANs et tournois majeurs (la Gamers Assembly accueillait des tournois Fullspeed et Dirt, toutefois moins importants que les tournois tech).

En plus de 15 ans, Trackmania a su perdurer et se renouveler. Beaucoup de noms ont couvert une grande partie de cette période comme Tween dont la régularité et le niveau ne sont plus à prouver depuis très longtemps. Il a certes souvent fini à la seconde place des coupes du monde (4 fois) sans la remporter mais il a remporté des compétitions telles que la Gamers Assembly Tech 2014 ou la Giant Cup en 2018.