Invités du Post Game Lobby après leur victoire 2-1 face à KOI, Reha et Vladi sont revenus avec franchise sur une série tendue, leur retour express de Corée, et les ajustements encore nécessaires pour lancer réellement le Spring Split 2025.

Reprise tendue, mais victoire essentielle

Pour son retour à la compétition après une intersaison raccourcie, la Karmine Corp entamait le Spring Split face à KOI avec l’objectif de repartir sur de bonnes bases après un titre de champion au Winter Split. Sur le papier, la confrontation s’annonçait équilibrée. Sur le terrain, elle a révélé une équipe encore en rodage, mais capable de réaction. Menée dans la troisième manche, la KC a réussi à renverser la situation grâce à un bon contrôle de la carte en mid/late game et à des erreurs adverses bien exploitées. Un succès qui vaut autant pour les points que pour la confiance, comme l’a souligné l’entraîneur Reha : « C’est important de commencer par une victoire. Et ça faisait longtemps qu’on n’avait pas remonté une game comme ça. On montre qu’on a encore du caractère. »

La dernière draft, avec un Ivern sans frontline naturelle, a été un choix fort, assumé mais compliqué à exécuter. « C’était jouable, mais difficile. Jouer Ivern sans un vrai tank devant, c’est dur. Cela dit, on avait de la portée, et trois lanes gagnantes, donc c’était acceptable », commente Reha. Un avis partagé par Vladi, qui évoque un début de partie catastrophique de sa part : « En early game, moi et Targamas, on a fait n’importe quoi. À -5k golds, cette game n’est jamais censée être gagnable. Mais ils sont allés trop loin plusieurs fois, on a récupéré des shutdowns et ça nous a remis dans la partie. » Une victoire arrachée, symptomatique d’un groupe encore en reprise, mais capable de rester discipliné dans des situations tendues.

Une reprise post-Corée sans marge de manœuvre

La série marquait aussi le retour à la scène compétitive après le tournoi First Stand, disputé à Séoul. Une expérience intense, mais qui a laissé peu de place à la récupération. « On n’a pas eu beaucoup de temps. Je savais combien de scrims il nous fallait avant de rejouer en compèt, donc j’ai calé le planning en conséquence. Il a juste fallu accepter », explique Reha, visiblement lucide sur la nécessité de prioriser l’essentiel.

Derrière la préparation technique, l’accent a aussi été mis sur la cohésion du groupe. « Quand on passe autant de temps ensemble, parfois ce n’est même pas qu’on ne s’entend pas, c’est juste qu’on en a marre. Il faut passer du temps ensemble autrement, faire des choses, rigoler », ajoute-t-il. Cette dimension relationnelle est devenue un axe de travail à part entière, d’autant plus dans un split au format court et intense. Vladi évoque d’ailleurs avec le sourire la relation qu’il entretient avec Canna : « On continue ce qu’on faisait avec Canna, ça a marché à First Stand, ça a marché là, alors on garde ça. »

S’ils ne rentrent pas dans les détails, les joueurs semblent accorder une vraie importance à ces moments hors-League pour préserver l’équilibre mental, condition souvent sous-estimée dans la gestion d’un groupe sur le long terme. Quelques parties de jeux d’horreur sont même évoquées avec humour par le coach, comme soupape à la pression compétitive.

Hanwha Life en référence et adaptation tactique en cours

Le séjour coréen n’a pas seulement servi à jouer, il a aussi permis d’observer. Et pour Vladi, une équipe s’est détachée : Hanwha Life. « Pour moi, c’est la meilleure équipe du monde actuellement, notamment dans leur gestion du tempo et des setups. On veut apprendre à jouer la map comme eux », commente-t-il. La KC en tire des enseignements concrets : meilleure anticipation, rigueur sur les resets, et discipline sur le tempo. Des points qu’elle cherche désormais à intégrer à ses propres systèmes de jeu.

Reha complète cette analyse en insistant sur l’évolution des drafts et de la macro : « Ce n’est pas juste qu’on veut pick autre chose que des mages, c’est qu’on pense qu’il y a d’autres façons viables de jouer. Mais face aux équipes asiatiques, ce qu’on sait faire ne suffit pas toujours. » La volonté est claire : élargir la palette, sans renier les bases de l’équipe, connues pour leur solidité en teamfight et leur jeu de portée en late game. L’objectif affiché est donc de trouver un équilibre entre flexibilité stratégique et identité de jeu affirmée.

MVP contesté, bilan personnel modeste

Désigné joueur du match, Canna a reçu un titre que son midlaner n’a pas totalement validé. « Honnêtement, je ne comprends pas trop. Il est mort plusieurs fois, même si game 1 il a été bon. Pour moi, c’est Caliste qui aurait dû l’avoir », tranche Vladi, sans détour. Reha, plus nuancé, souligne l’impact du toplaner dans le retour de la game : « Jayce est un pick central dans cette compo. S’il est en retard, c’est une catastrophe. Et il a réussi à revenir dans la game. »

Interrogé sur son propre niveau, Vladi se montre lucide. À la suite d’un débat sur les meilleurs midlaners du LEC, il réévalue sa position dans la hiérarchie : « Après ma perf aujourd’hui, je ne peux pas me mettre au niveau de Caps. » Il se classe en A tier, derrière le joueur de G2, qu’il considère comme « probablement le meilleur de l’histoire de la région ». Il place ensuite Humanoid, Nuke, puis un groupe plus large composé de Jojo, Czajek, Jackies et Kamiloo, avec RKR en retrait. Reha estime que Caps mérite le respect historique, mais que l’écart n’est pas aussi net qu’on pourrait le penser : « Dire qu’il est une tier au-dessus de tout le monde, c’est discutable. »

Une hiérarchie à construire

Au-delà de cette première victoire, le duo évoque les forces du split en cours. Fnatic apparaît comme l’équipe la plus en forme selon Vladi, suivi par Vitality, dont l’arrivée de Nisqy semble déjà se faire sentir. La Karmine s’inclut dans ce trio de tête, tout en gardant un œil sur BDS, finaliste du Winter, et sur SK. Reha rappelle toutefois que ces débuts peuvent être trompeurs : « Rogue n’a pas mal joué. Mais quand tu sors d’un split difficile et que tu perds la game 1, c’est très dur de réagir. Il faut attendre de voir si certaines équipes parviennent à se stabiliser. »

Face à KOI, la Karmine Corp n’a pas livré une performance parfaite, mais elle a trouvé les ressources nécessaires pour arracher une victoire importante. Cette entrée en matière confirme certaines limites actuelles, liées au rythme soutenu de la reprise, mais aussi la capacité du groupe à rester soudé et lucide dans l’adversité. Entre gestion humaine, ajustements tactiques et ambitions revues à la hausse, le printemps sera sans doute une période de transition, mais aussi de structuration pour une Karmine qui veut peser davantage dans ce split.