Après une troisième semaine de phase de groupes encourageante, G2 Esports continue d’affirmer sa solidité en LEC Winter Split 2025. Romain Bigeard, manager emblématique de l’équipe, s’est exprimé au micro de Trayton, abordant plusieurs sujets sensibles : l’impact des réseaux sociaux, la pertinence du streaming des scrims et la dynamique entre Skewmond et Caps.

Un discours pragmatique sur les scrims de G2 et leur confidentialité

L’un des points marquants de l’entretien a concerné la question du streaming des scrims, sujet de débat récurrent dans l’esport. Bigeard a balayé d’un revers de main l’idée que les équipes puissent retransmettre leurs entraînements. « C’est de la merde », tranche-t-il sans détour, mettant en avant les risques stratégiques et compétitifs qu’un tel choix impliquerait. Pour lui, un scrim doit rester un espace de travail protégé, où l’équipe prépare ses drafts et affine sa coordination sans risquer de donner des informations cruciales à ses adversaires. « Nos joueurs doivent être concentrés à 100 % sur la manière dont on va gagner le week-end, pas sur la façon dont ils vont jouer devant un public temporaire ». Il pointe du doigt les conséquences directes que pourrait avoir la diffusion d’une session de scrim : modification des drafts adverses, adaptation plus rapide aux stratégies développées et, surtout, une perte de sérieux dans la préparation des matchs.

Il rappelle que Riot Games a longtemps interdit la diffusion de scrims pour préserver l’exclusivité des matchs officiels et protéger la compétitivité des équipes. L’objectif est d’éviter que les informations précieuses sur la méta, les choix de champions ou les schémas de jeu d’une équipe soient trop facilement accessibles. « Un scrim, c’est un laboratoire. Ce qu’on teste en interne doit rester en interne ».

Il évoque aussi un autre danger lié aux scrims diffusés : leur impact sur la perception publique des performances d’une équipe. Une mauvaise prestation pourrait générer des vagues de critiques injustifiées, alimentant la pression sur les joueurs bien au-delà de ce qu’ils subissent déjà en match officiel. « Imagine que tu joues une série de scrims face à une équipe rivale, que tu perdes 5-0, et que deux jours plus tard tu les affrontes sur scène. L’opinion publique aura déjà jugé l’issue du match avant même qu’il ne commence ».

Les G2 sur scène au LEC

Enfin, il insiste sur la différence avec d’autres disciplines comme le football, où certaines séances d’entraînement sont ouvertes au public. « Ce n’est pas comparable. Dans LoL, la draft et l’adaptation sont essentielles. Montrer ses entraînements, c’est donner un avantage gratuit aux autres ». Pour lui, l’idée de scrims streamés sert plus une logique de création de contenu qu’un réel intérêt compétitif, et c’est une approche qu’il rejette fermement.

L’impact des réseaux sociaux : entre engagement et toxicité

Les réseaux sociaux sont devenus un élément incontournable du paysage esportif, et Bigeard en est bien conscient. Il reconnaît leur rôle dans la visibilité du jeu et l’engagement des fans, mais souligne aussi la toxicité qu’ils peuvent engendrer.Il évoque notamment la réaction du public après une défaite contre Fnatic en LEC. « Je suis allé voir notre subreddit, il y avait au moins dix posts demandant de virer tout le monde. Un disait de virer tous les joueurs sauf Caps, un autre disait de garder Caps mais de tout changer ».

Ce qu’il en retient, c’est que la moindre contre-performance déclenche une vague de critiques, parfois disproportionnée. Pour certains joueurs, la meilleure solution reste de s’en détacher. Il cite l’exemple d’un membre de l’équipe qui, après une défaite, a immédiatement désinstallé Twitter pour éviter d’être exposé aux commentaires négatifs.

Skewmond et Caps : une rivalité mal interprétée ?

Un autre sujet qui a émergé sur les réseaux sociaux concerne la relation entre Skewmond et Caps. Certains fans ont interprété l’attitude des deux joueurs comme une tension latente. Bigeard désamorce immédiatement le débat : « Il faut que les gens comprennent qu’être joueur pro de très haut niveau implique souvent des différences dans les capacités sociales. Caps n’est pas du genre à montrer beaucoup d’émotions après un match, ça ne veut pas dire qu’il déteste Skewmond ».

Le public du LEC et G2

Il raconte même avoir eu une conversation avec Caps à ce sujet, qui s’est montré surpris des interprétations faites en ligne. « Il était paniqué en apprenant que les gens pensaient qu’il détestait Skewmond ». Pour Bigeard, cette polémique illustre bien la manière dont les moindres gestes des joueurs sont analysés sous toutes les coutures sur internet.

Une mentalité tournée vers la victoire

À travers cet échange, Bigeard rappelle une ligne directrice claire : G2 Esports ne cherche pas à faire du spectacle sur les réseaux ou en scrim, mais à gagner. « L’objectif, c’est la Coupe du Monde. Pas de générer du drama inutile ». Cette approche pragmatique permet à l’équipe de garder le cap malgré la pression et les critiques. G2 Esports reste focalisé sur l’essentiel : les résultats en LEC, avec l’ambition de continuer à dominer la scène européenne.