Invité de l’émission Chat All animée par Trayton, Boukada est revenu sur son parcours express chez Karmine Corp Blue, son arrivée chez SK Gaming, la réalité du métier de jungler en Europe, et ses objectifs pour 2025 dans un LEC plus ouvert que jamais.

De KCB à SK Gaming : une trajectoire rapide et réfléchie

Quelques semaines après avoir remporté la LFL avec Karmine Corp Blue, Mehdi « Boukada » Lahlou a fait le grand saut vers le LEC en rejoignant SK Gaming. Dans Chat All, l’émission animée par Trayton, le jungler français est revenu sans filtre sur cette transition éclair, son choix de carrière, et la réalité du haut niveau européen.

Boukada n’a jamais cherché à enjoliver son parcours. Lorsqu'il évoque son passage à la Karmine Corp Blue, il parle d'une période très intense, mais courte. « Quand je suis arrivé à la Karmine, c’était très court. J'ai fait genre trois mois. Mais c'était vraiment cool. J’ai été super bien accueilli. » Malgré la brièveté de l'expérience, il souligne l’impact humain et sportif que cela a eu sur lui. La ferveur des fans KCorp reste marquante : « J’ai toujours du soutien des fans de la Karmine aujourd'hui. C’est super cool. »

Rapidement, la possibilité d'accéder au LEC s'est ouverte. Boukada explique avec honnêteté que ce genre d'opportunité est rare, surtout à son poste. « Le rôle de jungle en Europe, c’est super bouché. Il n’y a pas beaucoup de places. Donc, quand une porte s’ouvre, tu es obligé d’y aller. Même si ce n’est pas forcément dans la meilleure équipe du moment. » Il reconnaît que SK Gaming sortait d’une saison 2024 compliquée, mais il a préféré miser sur une place de titulaire dans l’élite plutôt que de patienter dans l'ombre. « Mon but, c’était de jouer en LEC. Si tu attends trop, tu peux disparaître. »

L'apprentissage express du très haut niveau

Interrogé sur les différences entre la LFL et le LEC, Boukada est très clair. « En LFL, tu peux te permettre de faire des erreurs, parfois ton équipe te couvre. En LEC, si tu rates une décision, c’est beaucoup plus dur de la rattraper. » Il insiste sur l'écart en matière de rigueur collective, notamment sur le midgame : « Les moves à 15-20 minutes, c’est là que tu vois vraiment la différence. »

Le jungler français évoque aussi l’adaptation à la vie berlinoise, au rythme plus soutenu, au jeu en studio. « Jouer en studio, au début c’est spécial. Il faut s’y habituer. Mais après, ça devient vraiment kiffant. » Concernant l’ambiance interne chez SK Gaming, il décrit un groupe de travail sérieux mais encore en construction. « Le début était super bien. On fait 2-0 en première semaine, on bat Fnatic. Derrière, on a eu une spirale plus négative. On perd en scrims, tu doutes un peu. » Il parle aussi de l’impact psychologique de ces hauts et bas. « En vrai, quand tu gagnes au début et que tu perds après, c’est dur mentalement. Mais tu apprends. Et tu comprends que tout le monde passe par là. »

La jungle européenne et ses réalités

Boukada aborde aussi sans langue de bois la situation du rôle de jungler en Europe. « Il y a beaucoup de très bons junglers. Mais la jungle en Europe, c’est bouché. Les mecs restent longtemps en poste, et même quand ils bougent, il y a beaucoup de concurrence. » Il cite notamment l’influence de joueurs comme Yike ou 113 sur le marché des transferts récent.

À titre personnel, il évoque ses modèles et ses inspirations. « J’aime beaucoup Peanut. Pas parce que c’est le joueur le plus flashy du monde, mais parce qu’il a duré longtemps au top, et qu’il sait faire gagner ses équipes. » Un profil de joueur fiable et intelligent qu’il admire et auquel il aspire. Il analyse aussi le niveau général du LEC. « Cette année, il y a beaucoup de volatilité. Tu peux battre une équipe qui est top 2 une semaine, puis perdre contre une équipe en bas de tableau la semaine suivante. » Pour lui, cela tient autant au niveau intrinsèque des équipes qu’à l’instabilité du format actuel.

Objectifs clairs : s'imposer et viser l'international

Quand il parle d’ambitions, Boukada reste fidèle à son discours sobre et déterminé. « Mon premier but, c’est de m’installer en LEC. De montrer que je mérite ma place. » Il n’élude pas les difficultés à venir, mais il assume pleinement ses objectifs. « Mon rêve, c’est de jouer à l’international. Aller aux Worlds. Affronter les meilleurs junglers du monde. » Il sait qu'il a encore du chemin à parcourir, mais il insiste sur l'importance du travail au quotidien. « Ce qui compte, c’est la régularité. Faire ce qu’il faut tous les jours, même quand ça va moins bien. »

En terminant l'entretien, il souligne aussi l'importance pour lui de garder une mentalité positive, même dans les périodes plus difficiles. « C’est normal d’avoir des hauts et des bas. Ce qui compte, c’est de continuer à avancer. »