Légendaire joueur de Starcraft 2, Ilyes « Stephano » Satouri a fait rêver les fans d'esport dans les années 2010, devenant l'une des premières grandes stars de l'ère moderne de l'esport. Aujourd'hui, une biographie lui est dédiée et nous avons rencontré son auteur, dont le nom parlera peut-être à certain(e)s : Clément « Odey » Authié.
Stephano : talent, trophées et biographie
« Stephano : La Rockstar de l'esport » est le titre de cette biographie fort bien écrite par Clément « Odey » Authié qui retrace le parcours de ce champion français qui a bousculé plus d'une fois les meilleurs joueurs coréens. Ce projet, lancé il y a quelques années, touche à sa fin et le temps des impressions et de la publication est arrivé (vous pouvez d'ailleurs le soutenir en apportant une petite contribution sur Ulule).
Nous avons profité de l'occasion pour poser quelques questions à Clément. Parcours personnel, Stephano, futur projet... Entretien.
Tu fais partie des vieux de la vieille de l'esport français, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Clément « Odey » Authié : J’ai découvert et aimé l’esport avec Warcraft 3, j’étais passablement nul au jeu mais plutôt actif sur la scène esport vers 2006 / 2007. J’étais manager chez legionnaiRe, qui était une assez bonne équipe à l’époque (on avait des joueurs comme SyDe, Monster, beez… et Stephano, pendant quelques mois !) Plus tard on a même rejoint aAa (j’ai encore un joli maillot doré chez moi) et en parallèle, j’écrivais des articles chez esportsfrance.com.
Sur StarCraft 2, j’étais un poil moins nul, sans pour autant vendre du rêve. J’ai fait quelques LANs, mais j’ai fini par arrêter car mes études me prenaient trop de temps.
Après un bref égarement universitaire, j’ai renoué avec le monde de l’esport en allant bosser chez Millenium, cette fois-ci en contrat, puis dans une boîte de production vidéo où j’ai écrit pas mal d’émissions de vulgarisation pour le web et la télé (Canal Esport Club, Esport Zone…).
Aujourd’hui je suis un peu couteau-suisse, en freelance !
Pourquoi une biographie de Stephano et pas un autre joueur ?
En fait, l’idée du projet ne vient pas de moi. En été 2018, une entreprise m’a contacté pour écrire un livre sur Stephano. Je crois que c’était un partenariat avec GamersOrigin (son équipe de l’époque), je t’avoue que j’ai un peu oublié les détails du deal originel ! J’ai tout de suite kiffé le projet car il évoquait pour moi des années incroyables, teintées de nostalgie. Malheureusement, c’était laborieux d’avancer car je bossais à côté et mes commanditaires ont fini par lâcher l’affaire, mais ils étaient OK pour que je publie le livre en mon nom une fois terminé.
Quelle est la plus grande difficulté que tu as rencontrée pour réaliser ce projet ?
En fait, il existe assez peu de livres sur l’esport et encore moins de biographies, donc je n’avais pas trop de modèle. Le truc le plus difficile a donc été de trouver le bon ton : comment bien doser humour et info, décrire ou non les parties, de quelle manière… et puis à force de recommencer, j’ai fini par trouver quelque chose qui me plaisait. Mais oui, dans un milieu où la vidéo et le stream sont la norme, ça n’a pas été évident de s’attaquer à un long format écrit !
A tes yeux, Stephano est-il le plus grand joueur français de RTS de tous les temps ?
Oui. Sur mon podium, il y a ToD, Clem et Stephano. Le premier est impressionnant car c’est un vrai pionnier, qu’il a osé déménager en Chine et tout miser sur l’esport à une époque où c’était carrément préhistorique.
Le second est le meilleur Français (et même peut-être le meilleur au monde) à avoir jamais touché à un RTS. Le jeu de Clem sur StarCraft 2 aujourd’hui, avec toutes ses petites micro-interactions minutieuses, est lunaire, et j’ai l’impression qu’il n’a même pas atteint sa forme finale ! C’est impressionnant, surtout quand on sait à quel point la scène est compétitive de nos jours.
Mais Stephano est un mélange de tout ça. Très doué pour son époque, souvent victorieux, stratégiquement génial… et surtout, une vraie star. Il a été l’un des premiers à faire le malin sur Twitter, à oser faire de la provocation sur scène. Aujourd’hui, c’est plutôt courant dans l’esport mais à l’époque, ça ne se faisait presque pas. Tous ces éléments font qu’aujourd’hui encore, c’est le plus grand pour moi. Évidemment, le fait que StarCraft 2 était LE jeu de l’époque l’a beaucoup aidé à obtenir ce statut.
Comment décrirais tu en quelques mots la carrière de Stephano et ce qu'il représentait à l'époque pour quelqu'un qui découvre l'esport aujourd'hui ?
Il faut comprendre que l’histoire de StarCraft 2 s’est construite autour de l’opposition entre des Coréens giga-forts, presque invincibles, et des occidentaux qui se faisaient régulièrement découper en tranches par ces derniers.
Stephano a réussi à bousculer cette hiérarchie en remportant de nombreux tournois d’envergure internationale, au nez et à l’absence de barbe des joueurs coréens. Il n’a jamais été le tout meilleur du monde, mais c’était assurément le meilleur foreigner, le meilleur occidental.
C’est un peu comme si aujourd’hui, G2 ou Fnatic gagnaient les Worlds sur LoL : un exploit, mais surtout un truc totalement inattendu.
Maintenant que ce projet arrive à son terme, en as-tu un autre de prévu ?
Rien du même genre, pas dans l’immédiat du moins ! À l’époque, ToD avait invité plein d’anciens de la scène Warcraft 3 sur son stream. C’était cool, ça m’avait donné envie d’écrire un truc sur l’histoire du jeu, avec plein de photos, de graphismes, de témoignages, peut-être en anglais. Mais ça prend beaucoup de temps de faire quelque chose de propre, et ça n’intéresserait que les dinosaures comme moi !
Je suis sûr que le format du livre peut marcher de ouf en écrivant sur des sujets comme la Karmine Corp, Vitality… même une biographie stylée de Faker, ça se vendrait bien ! D’ailleurs, c’est peut-être en préparation quelque part. De mon côté, je suis un peu resté bloqué en 2010, donc on verra :D.
— Clément Authié (@OdeYYYYY) May 1, 2024