Dans une tier list commentée sur sa chaîne YouTube, YamatoCannon classe la Karmine Corp au sommet de la hiérarchie du LEC pour le Spring 2025. G2 et Fnatic suivent, mais avec des réserves. L’ancien coach livre une analyse complète des forces et faiblesses de chaque formation.
La Karmine Corp favorite selon YamatoCannon
Avec la reprise imminente du LEC Spring Split 2025, coup d'envoi programmé pour ce samedi 29 mars à 14h, YamatoCannon a dévoilé sa lecture du plateau européen à travers une tier list commentée. L'ancien entraîneur de Fnatic ou Team Vitality ne s'est pas contenté d'un simple classement, mais a proposé une analyse détaillée des dynamiques d'équipe, des forces individuelles et des tendances tactiques qui devraient marquer la saison. Pour lui, la Karmine Corp se détache en tête, mais plusieurs éléments pourraient venir bousculer cet équilibre apparent.
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Le format du Spring — un round-robin en best of three, suivi de playoffs — ainsi que la persistance du système de draft « Fearless » jouent un rôle central dans l’analyse. « C’est un format brutalement juste », note-t-il, insistant sur le fait que les équipes les mieux préparées seront naturellement en haut du tableau.
Le haut du panier : KC, Fnatic, G2
La Karmine Corp, tout juste couronnée lors du Winter Split, est selon YamatoCannon l’équipe à battre. Il souligne l’excellence de ses solo laners, notamment la paire Canna-Vladi, capable selon lui de rivaliser avec les meilleurs sur le plan mécanique et de « mettre G2 en difficulté dans les solo lanes ». L’identité d’équipe, bien structurée, et la profondeur de pool de champions sont présentées comme les grands atouts du collectif. Toutefois, Yamato met en garde : « KC n’est plus l’outsider. Être attendu change complètement la donne. C’est plus dur de rester champion que de le devenir. »
Fnatic suit de près dans son classement. L’équipe dispose, selon lui, d’un plafond de jeu très élevé, porté par une botlane réputée (Upset/Mikyx) et un Oscarinin qu’il considère dans le top 3 des toplaners du LEC aux côtés de BrokenBlade et Canna. L’arrivée de Duffman dans le staff pourrait aider à structurer l’équipe sur le plan macro. Mais Yamato reste prudent : « Tant que je n’ai pas une pleine confiance en Razork pour porter l’équipe dans les moments décisifs, je ne peux pas les placer devant KC. »
G2 complète ce haut de tableau, mais avec davantage d’interrogations. Le duo Labrov-Hans Sama est au cœur des préoccupations. Le support, jugé limité en champion pool, pourrait être ciblé en draft avec le format Fearless. Et si Yamato salue la montée en puissance de Hans Sama sur certains picks très lane-dominants, il regrette un manque de flexibilité : « Hans Sama, c’est un peu le Gumayushi européen : très fort sur ses picks, mais plus vulnérable dès que ça sort de sa zone de confort. » Il pointe toutefois la solidité du duo Caps-BrokenBlade et le potentiel du staff à construire des drafts innovantes, surtout maintenant que G2 entre dans une saison sans le statut de favori.
Le milieu de tableau : KOI, BDS
Derrière le trio de tête, YamatoCannon place KOI et BDS dans une zone intermédiaire. Ces deux équipes présentent des qualités notables, mais aussi des limites structurelles qui les empêchent pour l’instant de prétendre à mieux. KOI dispose d’un socle compétitif intéressant, porté notamment par Elyoya, qu’il juge en grande forme. « Il a réalisé un très bon split », affirme-t-il, saluant sa capacité à contrôler le tempo des early games. La botlane, lorsqu’elle peut dominer la phase de lane et travailler de concert avec le jungler, est capable d’installer un rythme agressif. Mais c’est dans la constance que le bât blesse. Yamato souligne notamment le manque de précision d’Alvaro et Supa dans certaines phases critiques, avec des exemples comme la 2v2 concédée face à KC ou des drafts jugées bancales, à l’image du combo Kai’Sa/Braum. Jojo est également pointé du doigt. Après un début correct, le midlaner canadien a vu son niveau décliner rapidement. « Il est revenu sur des picks de confort trop tard », regrette-t-il, dans une ligue où la densité de talent au mid est particulièrement forte. Un sursaut de Jojo et une meilleure utilisation de la top lane pourraient faire évoluer KOI, mais pour l’instant, l’équipe reste cantonnée à une position d’outsider.
Du côté de BDS, YamatoCannon décrit une équipe structurée, mais trop prévisible. Le style de jeu repose sur des drafts standardisées et une exécution disciplinée, ce qu’il appelle des compositions « cookie-cutter ». Dans un environnement compétitif exigeant comme celui du LEC, cela suffit souvent à prendre l’ascendant sur les équipes les plus faibles, mais rarement à créer la surprise face aux cadors. Il reste dubitatif sur les performances d’Irrelevant et Paros, qu’il juge trop inconsistants. « Ils n’ont pas répondu aux attentes », explique-t-il, tout en saluant l’apport d’un joueur comme 113, jugé solide dans son rôle. Nuke et Ice, de leur côté, offrent une certaine stabilité, mais sans élément différenciant majeur. Selon lui, BDS doit espérer que la méta joue en sa faveur pour accrocher une qualification en playoffs, mais le plafond semble limité : « Je ne les vois pas casser le top 3, ils se feront out-macro par les meilleures équipes. »
Le bas de tableau : Vitality, GIANTX, SK, Rogue, Team Heretics
Plus bas, le ton se durcit. Vitality est pointé du doigt pour son choix de faire jouer Nisqy en tant que support, un pari très risqué selon lui. « Si Nisqy parvient à jouer un bon Nautilus, un bon Alistar, et à tenir la lane face à Mykix, je serai extrêmement impressionné. Mais je n’y crois pas. » L’absence de lane swap rend l’adaptation encore plus complexe. GIANTX n’échappe pas à la critique. L’équipe, désormais privée de Closer, manque de direction. Yamato regrette un style de jeu trop réactif, sans véritable identité stratégique. Il accorde toutefois un léger avantage à GIANTX sur Vitality, en raison de la synergie préexistante entre Noah et Jun en botlane.
SK Gaming déçoit également. Les arrivées de Kedui et Boukada n’ont pas convaincu Yamato, qui doutait déjà de l’impact du jungler chez Karmine Corp Blue. Il anticipe une régression, en particulier sur le plan du jeu en début de partie. Enfin, Rogue et Team Heretics ferment la marche. Rogue est selon lui un exemple d’équipe totalement neutralisée, incapable de se réinventer malgré un roster prometteur. « C’est incroyable à quel point cette équipe a été pacifiée. Même Malrang semble éteint. » Team Heretics, de son côté, est salué pour avoir joué avec lucidité sur ses propres limites, mais reste clairement hors du rythme du reste de la ligue.
Sous pression, les favoris comme les outsiders
YamatoCannon voit le Spring comme une saison de transition, marquée par la fin des lane swaps et l’imposition du format Fearless, qui mettra à rude épreuve la flexibilité des drafts et la préparation stratégique. Trois équipes — Karmine Corp, Fnatic et G2 — se détachent clairement, mais les écarts restent fragiles. Les confrontations directes, les ajustements de méta et la capacité à maintenir un niveau constant sur toute la durée du split seront déterminants.
La Karmine Corp devra assumer son nouveau statut de favorite et faire face à une pression différente : celle de devoir confirmer. G2, pour la première fois en position de challenger, pourrait surprendre en retrouvant de l'agressivité dans le jeu. Fnatic, quant à elle, devra prouver qu’elle peut éviter les creux de performance qui l’ont trop souvent freinée. Derrière, les équipes comme KOI, BDS ou GIANTX devront capitaliser sur leurs bases existantes pour s’inscrire dans la durée. D’autres, comme Vitality ou Rogue, semblent déjà en difficulté, avant même le début de la compétition. Une chose est sûre : avec ce format plus exigeant, le Spring 2025 ne laissera que peu de place à l’approximation.