Dach, ZeratoR et leurs équipes ont relancé l'impressionnante machine du ZEvent et son concert après une année de pause bien méritée, avec la volonté de proposer une version encore améliorée de cet événement devenu incontournable. A l'approche des festivités qui débuteront ce 5 septembre 2024, la rédaction a pu poser quelques questions à ZeratoR.
Encore une petite semaine avant le ZEvent
L'un des événements les plus suivis de l'année sur les internets français va bientôt débuter, le ZEvent verra en effet son top départ donné en deux temps : le jeudi 5 septembre avec un concert qui s'annonce déjà historique (la billetterie est d'ailleurs accessible par ici) et le vendredi 6 septembre avec le lancement des streams de plus d'une centaine de participants. Pour l'occasion la rédaction a posé quelques questions à Adrien « ZeratoR » Nougaret. Entretien.
Qu'est-ce qui vous a poussés à lancer une nouvelle édition après cette année de pause ?
Ce qui nous a poussés à lancer une nouvelle édition après l'année de pause, c'est qu'on n'a jamais voulu arrêter, en réalité. On a pris une pause l'an dernier parce qu'on avait besoin de recul, on avait besoin de penser à tout ça, de se fixer sur nos objectifs, sur ce qu'on voulait vraiment faire de l'événement. Est-ce qu'on avait fait le tour ou pas ? Qu'est-ce qu'on aimait ? Qu'est-ce qu'on aimait moins ? Et de reconstruire une formule qui nous plaisait et qui nous animait, tout en pensant aussi à comment est-ce qu'on pourrait le construire pour que ça reste à l'avenir. On n'a pas arrêté en se disant : est-ce qu'on va reprendre ? On a arrêté en se disant : on va reprendre, mais prenons un peu de temps pour réfléchir.
Comment toi et tes équipes procédez-vous pour choisir les associations qui sont soutenues ?
Pour choisir les associations cette année, un peu comme lors de la précédente édition, on a contacté la Fondation de France qui fait agrégateur de dons pour nous. C'est-à-dire que les gens ne donnent pas à une association ou à ZeratoR, ils donnent à la Fondation France via le site qui est mis en place. Et ce sont eux qui redistribuent ensuite les dons. Ce sont aussi eux qui éditent les reçus fiscaux pour les donateurs qui permettent d'avoir les réductions d'impôts, etc. Pour résumer le processus, on est allé les voir en leur disant : « Bon, la multi-collecte de l'an dernier s'est super bien passée, mais maintenant qu'on a une multi-collecte, on peut peut-être s'attaquer à des thèmes qu'on n'osait pas forcément aborder lors des années précédentes. » Typiquement, on voudrait aider les étudiants. Sauf qu'à l'époque, trouver une association qui peut récolter des sous pour le besoin étudiant, qui peut gérer 10 millions d'euros, 8 ou 9, peu importe, c'est assez compliqué. Il y en a très peu qui ont les épaules. Par contre, si on parle de un ou deux millions d'euros, voire un peu moins, forcément, là, ça devient possible. On n'avait pas envie de mettre uniquement les étudiants dans cette collecte-là. On a plutôt orienté notre choix sur le thème de la précarité et de la misère.
On est allé voir la Fondation de France en leur demandant de nous faire une shortlist des associations qui avaient pignon sur rue dans ces domaines-là, tout en proposant aussi, nous, des thèmes d'associations ou des associations directement. On leur a dit qu'on souhaiterait aider les paysans, les mal logés, les mal nourris, les étudiants, les jeunes, les moins jeunes, etc. On leur a donc demandé de revenir vers nous avec une liste et de nous dire ce qu'ils en pensaient, en leur précisant qu'on souhaitait avoir une grosse association que tout le monde connaissait. Ils sont revenus vers nous quelques semaines plus tard, avec un gros call, je crois que ça a duré une après-midi et une soirée entière, durant lequel ils nous ont présenté une trentaine d'associations. Sur cette trentaine d'associations, on en a shortlisté une quinzaine. Et puis d'une quinzaine, on est arrivé à cinq parce qu'on ne voulait pas en avoir que deux pour que ça fasse une énorme somme et prendre que deux thèmes, mais à la fois, on ne voulait pas en prendre 40 pour se dire que si on lève 10 millions et que c'est divisé par 40, c'est un peu dommage. Et c'est comme ça qu'on a procédé au fur et à mesure, on en a aussi évidemment beaucoup parlé à nos proches.
On s'entoure énormément pour choisir les assos chaque année. On demande beaucoup d'avis en faisant aussi nos petites recherches, même si on sait que dans l'associatif, bien sûr, rien n'est parfait, mais ce n'est pas une raison pour ne rien faire. C'est comme ça que s'est passé le choix des associations. C'est un peu comme l'an dernier, sauf que l'an dernier, il y avait eu un vote du public sur une liste qu'on avait pu faire avec la Fondation de France, mais pas de vote cette année. On a fait directement avec cet organisme qui avait été très concluant l'an dernier.
Les ZEvent ont permis de récolter de nombreux dons pour plusieurs associations (c) ZEvent
Dans l'organisation globale d'un ZEvent, quelles sont les trois choses les plus difficiles à tes yeux ?
Les trois choses les plus difficiles à mes yeux... En Top 1, je dirais que c'est le fait que ça aille lieu. La première difficulté, c'est la date. C'est très compliqué puisqu'il faut trouver une date qui peut correspondre à une salle de concert qui est libre, à 80 chambres d'hôtel qui sont libres, en même temps à une salle pour les streamers qui est libre, que ce ne soit pas en plein milieu de l'été pour qu'il n’y ait personne, mais que ce ne soit pas en plein milieu des mois un peu chargés pour que les gens puissent venir quand même. On essaye de faire en début ou en fin de mois, puisque quand tu fais dans le milieu des mois, on a remarqué que ça arrange beaucoup moins les gens. Globalement, que ce soit viewer ou streamer, on essaye de prévoir des émissions, etc. La date, c'est donc un premier sujet.
Le deuxième, je dirais que c'est désormais le concert. Je n'aurais pas dit ça des années avant, mais organiser le concert, c'est toujours très compliqué. Il faut parler à un monde qui n'est pas le nôtre, qui est celui de la musique. Typiquement, pour aller voir un artiste, certes, on lui envoie parfois un DM Twitter ou un DM Insta, mais ce n'est pas lui qui décide s'il peut venir. Il faut passer par son manager qui va demander au tourneur, qui va demander sa maison de disques, qui va demander à plein de gens. Il y a plein d'étapes. Ce n'est pas vrai pour tous, mais en tout cas, il y a plein d'étapes avant qu'un artiste puisse venir, même si lui nous a dit : « Ok, pas de problème, je suis trop chaud. » Ça, c'est assez compliqué, car les délais sont toujours étirés parce qu'il faut que telle personne parle à telle personne, qui parle à telle personne, qui parle à telle personne, etc., mais en fait, telle personne est en week-end, donc elle vous répondra lundi, puis lundi, elle oublie, donc il faut la relancer mercredi. Et mercredi, elle dit : « Ok, du coup, il faut passer à la personne suivante », qui est par contre maintenant en week-end prolongé. Je ne dis pas qu'ils sont tous en week-end, bien sûr, mais je veux dire, les aléas de la vie peuvent faire que ça peut prendre du temps de trouver le concert.
Et la troisième chose qui est difficile au ZEvent, je dirais que c'est de gérer les informations par rapport aux gens. En gros, bien préparer tous les streamers, leur dire : « La cagnotte, elle peut être set up comme ça. Les donations goals, ceci, cela. Les émissions, si vous voulez en faire, ceci, cela. » Donc la transmission d'informations en interne est un petit peu compliquée parce que tout le monde a plein de projets en même temps et n'est pas forcément hyper assidu sur les réponses qu'il peut donner, etc.
La date, le concert et les informations en interne, c'est toujours trois points assez difficiles. Il y en aurait plein d'autres, bien sûr, mais dans les plus difficiles qui me viennent à l'esprit, là, c'est ça.
Le concert du ZEvent 2024 se tiendra au Zénith de Montpellier (c) ZEvent
- Lien pratique : la billetterie pour le concert du ZEvent
Quel est l'imprévu le plus mémorable que vous ayez dû gérer lors d'un ZEvent ?
Le truc, c'est que les imprévus mémorables sont souvent les plus gênants et il faut s'adapter. Je pense notamment au fait quand les dons plantent ou qu'il y a des problèmes d'électricité. On a eu beaucoup de trucs. On a eu coupure d'électricité, on a eu coupure de connexion internet, on a eu fausse alerte à la bombe, on a eu plantage des dons. Il y a pas mal de choses comme ça. Ça, c'est les plus mémorables, enfin, c'est surtout dont ceux je me souviens. Et en termes de happening, je cite souvent l'arrivée en scooter de Billy à la Grande Motte bien sûr. Mais après, il y a aussi les choses qui sont pas prévues, qui sont assez mémorables. Je pense aux questions pour un streamer, notamment celui d'Alain Chabat. Je pense au catch aussi. Il y a plein de choses qui pourraient me venir en tête. La liste est ultra longue et il y a beaucoup de choses dont on peut se souvenir au ZEvent. L'imprévu aussi assez mémorable dont je me souviens n'est pas un happening mais c'était lors des premières cagnottes de t-shirts absolument incroyables où on me dit le dernier jour qu'il y a eu tellement de t-shirts vendus qu'énormément d'argent allait être ajouté dans la cagnotte globale. Il y a des trucs comme ça qui sont parfois assez impressionnants où tu te dis : « Putain, mais ça, c'est quand même incroyable que ça arrive. »
Par le passé, les critiques du ZEvent ont été émises par certaines personnes. Comment as-tu encaissé cela ?
Pas par le passé, non. Passé, présent, futur. Il y a eu, il y a toujours eu et il y aura toujours des critiques envers le ZEvent, que ce soit les associations choisies, les personnes qui sont invitées ou celles qui ne le sont pas, ou les gens qui ne sont même pas invités, mais qui sont là. Il y a aussi le contenu qui est fait en stream, le contenu qui est fait en stream mais pas sur mon stream, le type d'émission, les intervenants, etc. Il y a toutes sortes de critiques qui peuvent être faites. J'avoue que ça m'affectait beaucoup plus avant. Depuis que je suis beaucoup sorti des réseaux sociaux, c'est, je ne dirais pas pas du tout le cas, mais en tout cas beaucoup moins le cas, quasiment plus du tout le cas. J'ai compris et appris que de toute façon, on n'arriverait pas à satisfaire tout le monde et donc on avance dans la direction qui nous semble la bonne, c'est-à-dire celle de faire des choses pour faire grimper la cagnotte, puisque c'est ça, le ZEvent, c'est certes du divertissement, mais c'est avant tout une collecte de fonds. Donc, si quelque chose peut faire monter la cagnotte, évidemment, c'est toujours positif, surtout quand les gens arrivent à créer quelque chose autour. C'est ça qui est vachement bien, que ce soit des émissions, des happenings sur les lives, des donations goals, etc. On a vraiment des choses absolument incroyables. Et les critiques, de toute façon, elles seront là.
On n'a quasiment aucun événement qui fait beaucoup d'audience de nos jours, qui est exempt de critiques. C'est bien qu'elles existent et on les a souvent prises en compte, je pense, dans le ZEvent. Et évidemment sans tout changer, puisqu'il ne faut pas oublier que ça reste aussi une bulle. La masse silencieuse, très contente, elle s'exprime moins. Donc, ne pas ignorer les critiques c'est très important, néanmoins, il ne faut pas tout faire en fonction de celles-ci non plus, parce qu'il ne faut pas oublier que c'est juste un prisme. En général, quand il y a une critique, moi, j'en parle beaucoup aux gens autour de moi et aux gens qui sont un peu loin de moi aussi, en leur demandant des avis un petit peu sortis de mon cercle, parce que ne demander qu'à son cercle, c'est dangereux aussi. Et si je vois que ça ne ressort pas vraiment ou qu'on me dit des choses pertinentes qui sont liées à cette critique, on essaie de s'adapter en fonction des retours, de s'ancrer un peu plus dans le réel.
Avez-vous déjà en tête certaines évolutions pour les prochaines éditions ?
Oui, on a en tête la principale évolution pour les prochaines éditions, j'en ai déjà un peu parlé cette année, mais c'est que l'an prochain, on aimerait, on espère que ce sera possible techniquement, ouvrir le ZEvent à toutes et tous, c'est-à-dire à n'importe quel streamer, streameuse, quelle que soit sa communauté sur Twitch et la taille de son following base, de sa chaîne, etc. On aimerait que tout le monde puisse créer sa petite cagnotte et faire son petit truc autour du ZEvent. C'est-à-dire qu'en gros, c'est un peu l'armée des Huns, des donateurs des un euro, comme on disait. Sauf que là, ce sera l'armée des streamers. Cette année, on est 136 en comptant les gens qui sont en ligne. L'an prochain, peut-être qu'on sera 3036, je n'en sais rien. Ça se rapprocherait plus de quelque chose qu'on voit comme le Téléthon, même si je n'aime pas trop comparer, parce que ce n'est pas exactement pareil.
Le ZEvent débutera donc dans quelques jours, le jeudi 5 septembre pour être exacts, et prendra fin le dimanche 8. Il sera à suivre sur de nombreuses chaînes Twitch et bien entendu sur team-aAa, via notre suivi spécial.