Salut la commu!

Cela fait maintenant quelques années que je traîne mes guêtres dans l'esport et notamment sur aAa. Je peux aujourd'hui dire avoir vu des choses extraordinairement belles, et d'autres ordinairement dégueulasses. J'ai vu passer hier encore un thread, sur une joueuse française de jeux de combat, disant qu'elle se fait harceler par un mec issu lui aussi de la communauté. Cela m'a fait penser à un appel aux témoignages lancé sur le reddit Street Fighter, où des joueuses parlaient de leurs expériences en LAN. Ces histoires ont finalement fait très peu de bruit dans la communauté, sans même atteindre les 2000 vues sur Youtube à l'heure où ces lignes sont écrites. Soyons clair de suite, je ne proposerai aucune solution pour lutter contre le sexisme en LAN ou dans les JV, tout simplement parce que si j'estimais avoir une idée de génie, j'en parlerai directement avec les concerné(e)s (associations féministes dans le monde du gaming, organisateurs de LAN) plutôt que d'en faire un blog sur aAa. Ce blog est juste pour moi un moyen de relayer ces comportements trop courants, d'ailleurs aucun nom ne sera cité, victime comme bourreau. À chacun d'en tirer les conclusions qui s'imposent, et décider s'il faut modifier son comportement en LAN, sur internet et/ou dans la vie réelle. Pour ceux qui voudraient écouter la vidéo en intégralité, voici le lien.

 

Certaines histoires témoignent d'un sexisme ordinaire, comme cette femme qui après avoir découvert les jeux de combat est allée à quelques événements majeurs. Si dans la majorité d'entre eux l'expérience fut globalement positive, elle éprouve une certaine lassitude quant elle doit à chaque fois répondre à la question : "Avec qui es-tu venue ?" Elle aimerait être considérée comme une joueuse de jeux de combat et non pas comme la copine d'un joueur, surtout qu'elle investit son propre argent pour prendre l'avion et payer son hôtel. Elle a aussi parlé de la fois où un joueur sponsorisé lui a demandé de lui faire une fellation, ce qui l'a mis très mal à l'aise, même si cela semble avoir été dit sur le ton de l'humour.

Une combattante reconnait d'abord que participer aux tournois lui a permis d'avoir une famille tout autour du monde. Elle déplore cependant les comportements qui disent qu'une femme ne devrait pas aller en tournoi, que de toute façon elle ne passera pas les poules et que cela ne lui apportera rien. La victoire n'est pas forcément son but premier, elle veut y aller pour progresser, manger de la bonne (ou mauvaise) nourriture et rencontrer de nouvelles personnes/revoir des amis. Des hommes aussi viennent à ces événements, ne prennent pas un round, et meurent en poules. Ceux-là ne reçoivent aucun reproche, pourquoi lui en faire à elle ? Si la victoire est importante, réunir des gens partageant la même passion, capables de discuter pendant des heures sur le fait de presser des boutons dans le bon ordre et au bon moment, est tout aussi voire plus important.

Cette autre joueuse raconte qu'elle ne veut pas aller seule à des événements, pour éviter à la fois le racisme et le sexisme d'une partie de la communauté. Même si selon elle, il n'y en a pas forcément plus qu'ailleurs, et qu'elle a rencontré son/sa partenaire actuel(le) grâce à sa participation à des compétitions, elle n'est toujours pas rassurée à l'idée de se déplacer seule. Un autre témoignage corrobore celui-là, mais reconnait que bien souvent les organisateurs, les bénévoles font un travail extraordinaire et n'hésitent pas à surveiller lorsqu'une joueuse leur signale une personne ayant des comportements déplacés.

Une dame ayant presque 10 ans d'expérience dans cette communauté, raconte comme elle s'en sentit très mal à l'aise durant un événement, car un joueur qu'elle connaissait peu n'arrêtait pas de lui envoyer des messages, lui demandant où elle était et si ils pouvaient se voir. Après lui avoir offert un cadeau alors qu'ils se connaissaient à peine, et lui envoyant des messages toutes les heures, elle dû se résigner à prévenir ses amis qui connaissaient aussi cet homme. L'histoire s'arrête là, mais elle ne peut s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si elle n'avait pas eu ses amis avec elle, précisant que même si elle se sent capable de se défendre, elle ne devrait pas avoir à le faire durant ce genre d'événements, ni même à penser à autre chose qu'améliorer son jeu. Elle recommande aux autres femmes d'être bien entourée, de s'entraider entre elles, tout en déplorant que ce soit encore le choix le plus raisonnable à faire, se disant qu'il serait bien qu'elles n'aient pas à se demander qui viendra avant de décider ou non de participer à un événément.

Une gameuse avec un handicap témoigne de l'accueil que lui a réservé une assocition féminine: les Combo Queens. Elles l'ont inspirée et l'ont motivée à créer sa propre association pour aider les joueurs avec certains handicaps à participer eux aussi aux tournois.

Cette histoire fait plus froid dans le dos. Une joueuse raconte comment elle buvait avec un joueur mondialement connu, sans trop abuser. Elle se souvient avoir bu deux verres, avant un incident où elle a renversé son verre sur une tierce personne. Le joueur est alors allé lui chercher un nouveau verre, la pressant de continuer à boire avec lui. Se sentant de plus en plus mal, elle a demandé à ses amis de la ramener à l'hôtel. En regardant la télévision, elle a perdu son sens de l'ouïe, celui de l'équilibre, avant de perdre totalement conscience et de se réveiller en ne se rappelant plus rien. Ce joueur est mondialement connu, il porte en partie la scène de son jeu sur ses épaules, et elle ne veut pas le nommer, car elle sait que ce sera sa parole contre la sienne, et elle ne se sent pas assez forte pour supporter tout ce qui pourrait suivre. Pourtant selon ses dires, ce joueur aurait déjà agressé d'autres femmes, et son comportement a encore été remarqué lors de l'EVO de cette année.

Un autre témoignage s'ajoute à celui-ci, disant qu'en plus d'avoir du mal à se faire totalement accepter, les joueuses ne veulent pas attirer l'attention sur ce genre d'histoires, pour ne pas devenir celle qui a fait bannir un joueur populaire, leur offrant ainsi une impunité qui alimente un cercle vicieux.

Une autre femme nous parle de son expérience en des termes bien plus positifs. Étant timide, elle ne connaissait personne partageant sa passion pour les jeux de combat. Celle-ci fut plus forte que sa timidité, la décidant à prendre contact avec la communauté locale. Ce fut le début d'une très belle histoire, lui permettant de progresser dans ce domaine, de rencontrer des gens non seulement dans sa région, mais dans le monde entier, et lui donnant le courage de quitter son pays pour aller à certains événements. Même si elle reconnait avoir entendu des histoires donnant la chair de poule, son expérience à elle fut positive, et pour elle, il ne faut pas laisser quelques personnes décourager les autres passionné(e)s de venir expérimenter l'ambiance extraordinaire lors de ces événements.

La dernière personne est tout aussi positive, racontant la force que lui a donné sa participation aux tournois, et concluant en disant que si les jeux vidéos sont dans son ADN, alors les jeux de combat sont son sang. Elle encourage toute le monde à venir découvrir ce milieu, tout en recommandant à toutes les personnes ayant l'habitude de faire en sorte que les nouveaux/nouvelles venu(e)s se sentent tout aussi à l'aise.

 

Ces témoignages ayant principalement touché la communauté américaine, concernent avant tout celle-ci. Néanmoins l'hexagone n'a rien à leur envier, il suffit de voir les témoignages de nos joueuses FGC les plus connues, et d'autres anonymes. Croire que cela ne touche que le milieu des jeux de combat serait bien sûr réducteur, il suffit de faire un tour sur le chat d'une célèbre web TV spécialisée sur League of Legends lorsqu'une femme interview un joueur, ou de se souvenir de l'accueil réservé à cette joueuse de l'Overwatch League la saison dernière, pour se rendre compte que ces problèmes surviennent dans tout type de jeux.

D'ailleurs nous avons aussi des associations pour aider les personnes ayant des appréhensions à se déplacer en tournoi, que ce soit GameHer, Women in Games pour les femmes, HandiGamers et Rebird pour les personnes souffrant de handicap.