Nous sommes allés à la rencontre de Bryan "Elemzje" Tebessi, membre de Team Secret, pour l'interroger en prévision du Six Major Raleigh.
Dans quelques semaines, les hostilités seront lancées en Caroline du Nord. La ville de Raleigh accueillera du 12 au 18 août prochains l'édition 2019 du Six Major. 16 équipes en provenance des quatre coins du Globe s'affronteront pour le titre de ce nouveau Major, la gloire et leur part des 500 000 dollars mis en jeu pour l'occasion.
Pour continuer notre série d'interview, nous nous sommes cette fois-ci rendus auprès de Bryan "Elemzje" Tebessi, joueur chez Team Secret, pour parler de son équipe, de ses dernières performances et du Six Major qui se fait de plus en plus attendre.
Vous avez terminé septièmes de la Pro League Saison 9, puis avez perdu votre match de barrage face à Vitality, descendant ainsi en Challenger League. Quels sentiments ont premièrement régné dans vos rangs ?
On était forcément déçus. Après, ce match contre Vitality, on se savait capables de le gagner comme de le perdre. On était tous un peu préparés à ça, on savait que ça n'allait pas franchement bien dans l'équipe. La première moitié de la saison nous a un peu tué. Ça a été un peu horrible, parce qu'en plus, c'est le soir où sTiZze nous annonce son départ, cinq minutes après la défaite. Il y a quand même un truc d'assez fort, c'est que nous nous sommes directement assurés, Leon, meepeY et moi de rester ensemble.Tu en as parlé, sTiZze vous a annoncé son départ juste après la défaite face à Vitality. Comment avez-vous fait face à cette nouvelle complication ?
Comme tous les affronts de toutes les équipes, quand un imprévu arrive, tu as deux options, laisser tomber ou persévérer. C'est la seconde que nous avons choisie. Je suis très content du mental dont l'équipe a fait preuve. Même moi qui n'étais pas forcément enjoué et qui appréhendait un peu l'avenir, je me suis retrouvé avec un Leon et un meepeY ayant la hargne. On a bien entendu eu une petite période de mou, mais on a su se remettre dedans. C'est ce que j'admire chez nous, notre mental de ouf.Quant à toi, comment as-tu vécu le départ de sTiZze ? Ne ressens-tu pas comme un vide, la perte de l'un de tes repères dans cette équipe internationale ?
Personnellement, j'avoue avoir quand même été un peu touché du départ de sTiZze. C'était mon binôme dans de nombreux cas de figure. Même dans le personnel, c'est quelqu'un de vraiment agréable donc ça m'a forcément fait mal. Après, il a fait le choix de partir pour sa carrière professionnelle, décision que je respecte énormément. Donc oui je suis un petit peu déçu, mais avec le temps cela va s'estomper et je reste très content d'avoir pu jouer avec lui.
Vous annoncez par la suite jouer avec Ferral comme stand-in. Pourquoi lui ?
Au début, on avait des infos comme quoi Joonas n'allait pas rester chez G2. On l'a testé dans un premier temps, ça s'est très bien passé, mais Ferral était aussi dans notre liste de choix potentiels. On l'a testé et malgré le fait qu'on pourrait penser qu'il est vraiment moins fort en termes d'aim et de skill pur que Joonas - ce qui est pour moi totalement faux - Ferral nous a apporté LA chose qu'il nous manquait, à savoir de la folie, une agressivité un peu calculée, maîtrisée avec du calling et du lead en complément de meepeY. Chacun donne ses idées, mais Ferral apporte vraiment beaucoup de ce côté-là et fait le taf niveau frags. C'est pourquoi notre choix s'est porté sur lui. (NDLR : Elemzje précisera par la suite que le choix de Ferral est également motivé par la volonté d'avoir un collectif à majorité britannique pour être éligible aux événements locaux)Votre gain en agressivité a déjà fait parler de lui à Vegas. Mais l'apport stratégique de Ferral vous profite également...
Clairement. Ferral est quelqu'un de très calme, très posé qui ne s'énervera jamais. Il est vraiment très calme, joue son jeu, est très intelligent dans son jeu et arrive remarquablement bien à desceller les failles des équipes adverses, en défense comme en attaque. La force de notre équipe, c'est qu'on a une très bonne adaptation et c'est ce qui je pense a fait la différence à Vegas, en plus de l'agressivité, car je pense que la plupart des équipes ne s'attendaient pas à ce que nous soyons aussi agressifs que nous l'avons été. J'ai discuté avec des joueurs là-bas qui m'ont avoué ne vraiment pas s'attendre à ce que l'on rentre dans le tas de la sorte.Il fut annoncé comme stand-in temporaire, mais qu'en est-il ? Continuez-vous avec lui ?
Il n'y a pas encore eu d'annonce officielle, mais Ferral joue bien avec nous pour le Major.Le changement de sTiZze pour Ferral ne s'est-il pas finalement avéré positif au vu de vos dernières performances ?
Les deux joueurs sont vraiment différents, mais même si sTiZze apportait beaucoup à l'équipe, Ferral apporte énormément, mais différemment. C'est carrément positif, tout se passe très bien avec lui.
Votre qualification au Six Major en remportant l'Allied Esports Vegas Minor marque-t-elle une nouvelle ère dans l'histoire Secret ?
Je pense que personne dans l'équipe ne s'attendait à gagner ce Minor, à part peut-être Ferral, qui a dit en arrivant dans l'équipe "les gars, on va au Minor, moi je le gagne" [rires]. Fonkers, Leon, meepeY et moi-même sortant d'une période un peu difficile, Ferral nous a vraiment boosté. Il a vraiment bien joué au Minor, ce qui nous a conforté dans l'idée que nous pouvions peut-être reconquérir un top mondial. On jouait notre premier match contre Soniqs. On savait pertinemment qu'on allait gagner, d'autant plus qu'ils avaient un remplaçant, on se savait plus en place qu'eux. Le deuxième match contre PENTA a été le premier vrai test, contre une équipe Pro League nous ayant vaincu la saison précédente. Cela s'est très bien passé, on ne s'est posé aucune question et leur avons littéralement couru dessus pour leur montrer qu'on était là. On a enchaîné les matchs, tout s'est bien passé, ce toujours dans le même état d'esprit : confiants, avec une bonne ambiance et une certaine lucidité. C'est ce qui a fait la différence.Ne pas disputer la Pro League doit vous permettre de vous concentrer à 100 % sur le Major. Comment se prépare-t-on à un tel événement dans de telles conditions ?
Jouer un Major, c'est jouer un des deux tournois les plus importants de l'année face à 15 autres équipes présentes parce qu'elles ont le niveau. Il y aura forcément des joueurs excellents, des stratégies tout autant excellentes, des équipes qui joueront très bien ensemble. Je pense que quand tu prépares ce genre d'événement, il faut que tu prépares dans un premier temps ta cohésion d'équipe, ton teamplay, ta communication. C'est primordial. Ensuite, il y aura beaucoup de duels qu'il faudra gagner donc il ne faut surtout pas lâcher le jeu et jouer pour être en forme et gagner ces duels importants. Après, il ne faut pas non plus trop en faire, il faut aussi se détendre et ne pas passer en surchauffe avant le Major.En ce sens, peut-on dire qu'un Major est un événement hors du temps à préparer différemment d'une Pro League ?
C'est complètement différent, oui. Quand tu joues en Pro ou Challenger League, tu joues des équipes européennes, donc tu n'as pas forcément le même style de région en région. Le style brésilien est vraiment différent de l'européen. Les Brésiliens sont très agressifs en défense, un peu moins en attaque. Ils faut vraiment savoir les contrôler en défense et les push en attaque. C'est vraiment la clé. Chaque région a son propre style de jeu. Les APAC, c'est pareil, ils sont assez agressifs et d'un style de jeu particulier. Il faut donc se préparer à tout et savoir à quoi s'attendre à chaque match. Donc tu ne te prépares clairement pas de la même façon pour une Pro League qu'un Major.Quel objectif vous donnez-vous pour ce Six Major ? La victoire semble-t-elle à votre portée ?
Au Minor comme dans la plupart des tournois comme le Major de Paris l'année dernière, on y a toujours été étape par étape : les poules, puis les quarts, puis les demies et enfin la finale. Si on continue sur notre dynamique actuelle, j'ai confiance en le fait qu'on saura réaliser un très très bon résultat. Je n'ai pas envie de provoquer le karma [rires], mais honnêtement, si on continue sur notre lancée en travaillant comme on doit le faire, je pense qu'il y a moyen d'aller chercher au moins un Top 3. Après, il ne faut pas oublier que cela va être de la LAN et nous y sommes en règle générale plus forts. Certaines équipes ne jouent pas pareil en offline qu'en online et on va essayer de jouer sur ça. La LAN est un environnement qui nous convient.Tu as pu nous donner quelques éléments de réponse jusqu'ici, mais pointe-nous du doigt votre plus grande force et votre plus grande faiblesse...
Je dirais que ce qui est notre force est également notre faiblesse : notre agressivité. A certains moments, nous sommes agressifs et ça marche, quand à d'autres moments, nous le sommes trop et en payons le prix.Ne connaissant pas encore vos adversaires de la phase de groupes, souhaitez-vous affronter une équipe en particulier, ou au contraire en éviter ?
Personnellement, je pense qu'on sera prêts pour toutes les équipes présentes. Je n'ai pas de préférence et je pense que du moment que tu joues un Major et que tu ambitionnes un très bon résultat voire une victoire, il faut quoiqu'il arrive être prêt à jouer et à battre tout le monde. Moi, je suis personnellement prêt à jouer tout le monde.Il faut être prêt à jouer tout le monde, mais c'est plutôt compliqué dans la mesure où vous ne connaîtrez vos premiers adversaires de la phase de groupes que très tardivement. Comment vous préparez-vous dans cette incertitude, en mettant l'accent sur votre jeu ou en étudiant tous vos adversaires potentiels ?
Pour l'instant, on se concentre sur notre jeu. Comme je l'ai dit, on oeuvre vraiment pour améliorer notre teamplay, notre communication, notre mental. En ce moment, on joue vraiment beaucoup d'équipes présentes à haut niveau, de Pro League ou émergentes style forZe. Jouer de grosses équipes à même de te bousculer est bénéfique pour le mental, c'est l'objectif et cela nous permet de savoir à quoi nous serons confrontés. Cela permet aussi de pracc ces équipes et de te dire « j'ai le niveau ».
Crédit photo : Ubisoft
L'an dernier, bien que la composition de l'équipe était sensiblement différente, vous vous hissiez sur le podium du Six Major. En ce sens, vous dites-vous que performer à Raleigh de la même manière qu'à Paris est tout à fait réalisable ?
Totalement. A Paris, on est tombés sur le groupe de la mort. Pas forcément de chance sur le tirage, mais comme je l'ai dit, il faut battre tout le monde. On a eu un très mauvais début contre Rogue. On les avait battus à la DreamHack Valence deux mois plutôt et nous nous sommes dit qu'en jouant normalement on pouvait les battre, sauf que Rogue est une équipe connue pour son adaptation et sa facilité à changer son jeu. On arrive dans un état d'esprit « laxiste », eux arrivent à fond dans le match et nous ont détruit. Après, on bat OrgLess puis FaZe pour passer en quarts. Une performance comme au Major de Paris est possible. Maintenant, il ne faudra pas être laxiste comme on l'a été l'an dernier et vraiment tout donner du début à la fin. Ça dépend aussi des équipes que l'on joue. Nous sommes tombés face à Vitality en quart de finale, une équipe - hormis aux dernières relégations - qu'on a tout le temps battue, sans avoir de soucis avec leur style de jeu qui était vraiment facile à contrer pour nous. La malchance du tirage des poules nous fait par la suite tomber sur G2, qui ont roulé sur la compétition. La demie était donc un peu plus compliquée, même si je pense qu'on aurait pu accrocher une map, aller chercher une troisième manche et peut-être même gagner. On aurait pu mieux faire, c'est sûr. Pour Raleigh, ça va être pareil. Il va falloir être là du début à la fin, se concentrer, bien rentrer dans chaque match. On reste dans le même état d'esprit que celui qu'on a adopté au Minor, même si ce n'est pas forcément les mêmes équipes, qu'il y aura plus de niveau, peut-être même plus de pression. On reste dans le même état d'esprit qu'au Minor, il n'y a aucune raison qu'on ne passe pas les poules.Je te remercie pour le temps accordé à la réalisation de cet interview et te laisse le mot de la fin
Merci à toi pour l'interview, c'était vraiment cool. Merci à tous mes fans ainsi que ceux de Team Secret, à tous ceux qui nous soutiennent dans la victoire comme dans la défaite. Merci également à Secret pour le soutien éternel.