Retour sur le Six Invitational 2019.
La semaine dernière, le Six Invitational 2019 centralisait toute l'attention des aficionados de Rainbow Six et faisait vibrer des millions de personnes tout autour de la planète Siege. Les 16 meilleures équipes du monde s'étaient donné rendez-vous à Laval, dans la banlieue proche de Montréal, pour se disputer leur part du cashprize le plus important de l'histoire de l'événement ainsi que la gloire suprême et éternelle au Major qui se revendique comme les championnats du monde du jeu des studios d'Ubisoft.
Cela fait déjà une semaine que le Main Event a été ouvert et cinq jours que la compétition a rendu son verdict avec une nouvelle victoire de G2 Esports. Il est difficile de retourner à la réalité et d'effacer une intense semaine de Major de Montréal, mais il faut désormais passer à autre chose et avant de tourner définitivement la page sur la troisième édition du Six Invitational. Avant d'effacer les championnats du monde et de repartir pour des aventures encore plus folles, la rédaction vous propose son traditionnel récapitulatif de l'événement.
Un Six Invitational mémorable pour les trois ans de Siege
Le Six Invitational est l'événement dédié à Rainbow Six : Siege qui, chaque année, rassemble la passion et l'engouement des aficionados des quatre coins de la planète autour du jeu des studios d'Ubisoft. Dans un cadre d'estime et surtout au cœur de Montréal, la ville natale de Rainbow Six, l'Invitational est devenu un rendez-vous annuel placé sous le signe d'une véritable célébration du jeu et de ses communautés.
Il est considéré comme la vitrine de l'esport sur Rainbow Six et a vu les choses en grand pour cette troisième année, en très grand même. Effectivement, après une édition dans la TOHU Arena et ses 1000 places assises l'an passé, le Main Event Six Invitational prenait place cette année au coeur de la Place Bell, salle omnisports de la ville de Laval, à proximité de Montréal, à la suite d'une phase de groupes disputée dans le Centre de congrès Palace.
Les championnats du monde sont certes le fer de lance du Major de Montréal, mais ce dernier se détache des autres rassemblements dédiés à Rainbow Six comme esportifs en général de par tout ce qui est organisé en périphérie des affrontements dont nous pouvons notamment mentionner un véritable musée sur Siege et son histoire ainsi que des stations de jeux destinées aux visiteurs pour qu'ils fassent leurs premiers pas sur la nouvelle opération du jeu, Burnt Horizon.
Crédit photo : Bruno Alvares
Deuxième gigantesque arène dans laquelle une compétition sur R6S a eu lieu après la Jeunesse Arena de Rio de Janeiro, la Place Bell, l'antre du Rocket de Laval, fut le théâtre d'un combat acharné d'une part, mais également des célébrations des deux ans d'âge du Major d'autre part. L'hymne du Six Invitational aura résonné tout au long du week-end dans l'arène à l'occasion de festivités et d'une atmosphère et d'une ambiance saisissantes, de la cérémonie d'ouverture au trophée lift de G2, entre des affrontements de haute intensité pour le plus grand plaisir des milliers de fans ayant fait le déplacement depuis les quatre coins de la planète. Il n'y a pas à dire, bien qu'il fut celui de la consolidation de ses bases pour l'esport sur Rainbow Six, le Six Invitational troisième du nom a battu de nouveaux records et s'affirme comme le plus grand événement dédié au FPS d'Ubisoft que la scène ait connu.
L'APAC atteint de nouveaux sommets
Passée à la vitesse supérieure sur la scène internationale l'année dernière, la région Australie-Pacifique fut une nouvelle fois au centre de l'attention à ce Six Invitational. En effet, après que ses couleurs ont été hissées dans le Top 8 mondial l'an dernier, l'APAC a de nouveau fait parler d'elle et a cette fois-ci accompli d'encore plus grandes choses.
En premier lieu, Fnatic a montré un grand niveau de jeu et a brillé dans le Groupe A, triomphante de Reciprocity et FaZe, pour se hisser à nouveau parmi les huit meilleures équipes du monde à l'Invitational. Les Australiens ont ainsi montré que leur performance aux finales de la Pro League Saison 8 n'était pas un coup de chance, même amputés de Magnet. Quant à eux, révélés au monde entier à ces même Finals à Rio de Janeiro, les NORA-Rengo ont marqué de leur empreinte ce Six Invitational de par leur état d'esprit détendu et jovial tout autant que par ce qu'ils ont été capables de produire à Montréal. S'ils n'ont trouvé les moyens de faire chuter Evil Geniuses, les Japonais sont parvenus à l'emporter sur PENTA Sports par deux fois pour sortir du Groupe D et s'offrir une place au Main Event du Major.
Crédit photo : Bruno Alvares
Au grand dam de la région APAC, Fnatic et NORA-Rengo s'affrontaient en quart de finale de la compétition dans une rencontre fratricide qui verrait d'une part une des deux équipes de coeur de la communauté internationale plier bagage, mais d'autre part une autre s'offrir une place de marque dans le carré mondial. La rencontre aura été à sens unique, Wokka et ses coéquipiers auront balayé leurs confrères qui ne sont parvenus à s'exprimer lors de ce quart. S'il s'est prolongé, le rêve canadien a pris fin en demi-finale pour les nR, qui ont été vaincus par Team Empire 2 à 1 à l'issue d'une rencontre au cours de laquelle ils n'auront en aucun cas démérité en empochant notamment la première carte du match.
En somme, l'APAC a une nouvelle fois montré de quoi elle était capable face aux meilleures équipes du monde à ce Six Invitational, mais également qu'elle avait la légitimité d'évoluer en Rainbow Six Pro League et à ses plus grands événements.
Le Brésil en perdition
Si la saison 2018 fut celle de l'avènement pour l'Amérique Latine qui, après avoir placé une équipe dans le Top 4 mondial au Six Invitational, remportait son premier titre international aux finales de la Pro League Saison 7 à Atlantic City, cette troisième édition du Major de Montréal fut bien morose pour la nation brésilienne, c'est le moins que l'on puisse dire.
Dès le deuxième jour de compétition, les Ninjas in Pyjamas, qui disputaient les demies lors de l'édition précédente, étaient éliminés du Major après deux défaites successives face à leurs homologues de FaZe puis contre Reciprocity. Même sort pour FaZe le lendemain, vaincus par Fnatic puis Reciprocity en decider match, de même qu'Immortals, qui ont chuté face à Empire et Spacestation.
Au final, Team Liquid, extirpée non sans mal du Groupe C, supportait sur ses épaules les espoirs de la nation brésilienne tout entière au Main Event du Six Invitational. Elle y aura chuté d'entrée de jeu, vaincue par les Russes de Team Empire en quart de finale et aura rendu le dernier souffle de l'Amérique Latine à Montréal.
Crédit photo : Bruno Alvares
Le bilan est donc calamiteux voire catastrophique pour l'Amérique Latine à ce Major, qui a vu les trois quarts de ses troupes décimés lors de la phase de groupes et qui, à peu de choses près, aurait très bien pu ne pas voir ses couleurs arborées au Main Event. Seuls Liquid ont été en mesure de rentrer dans le Top 8 mondial et il ne fait aucun doute que les forces brésiliennes comptent bien revenir en forme aux finales de la Pro League Saison 9 pour l'anniversaire de leur sacre à Atlantic City.
Performance en demi-teinte pour l'Amérique du Nord
Championne du tout premier Six Invitational en particulier, la région Amérique du Nord a longtemps été considérée comme l'une des meilleures sur la scène Siege. Néanmoins, les résultats des derniers mois ne sont pas au beau fixe pour l'Oncle Sam, qui ne parvient à reprendre possession du trône occupé par une région européenne dominant les débats, notamment en Major. Ce Six Invitational devait être celui de la rédemption pour les Etats-Unis et le bilan final ne fut pas celui escompté.
En effet, les deux principales forces en présence du côté de l'Amérique du Nord, Rogue et Evil Geniuses, sont toutes deux passées à côté de leur Major. Les premiers, hissés en demi-finale des deux derniers Majors, ne sont même pas sortis de la phase de groupes, successivement vaincus par Spacestation et Immortals. En ce qui les concerne, les Evil Geniuses, titrés vice-champions des deux derniers Major après avoir justement remporté leur slot en grande finale en l'emportant face à Rogue en demie, ont rendus les armes en quart de finale à ce Six Invitational, vaincus par Reciprocity. Un résultat encore plus surprenant pour ses derniers qui n'ambitionnaient rien d'autre que la rédemption : prendre leur revanche sur G2, s'imposer en finale et reprendre possession de leur trophée en consécration à ce Major de Montréal. Il n'en fut rien, les hommes de Canadian n'ont pas même eu le temps de dire finale.
Cependant, l'Amérique du Nord n'écope pas d'un zéro pointé à ce Six Invitational et son niveau a tout de même été relevé par Spacestation Gaming et Team Reciprocity, qui sont toutes deux parvenues à se hisser avec la manière sur la scène du Main Event après une bonne performance en poule, notamment pour les REC, qui ont abattu EG en quart pour figurer parmi les quatre dernières sélections en lice au Major, avant de chuter face à G2 en demie.
Crédit photo : Bruno Alvares
Ses objectifs n'ont pas été remplis et sa performance ne fut pas celle attendue de tous pour l'Amérique du Nord, qui, si elle aura vu SSG et REC tenir tête aux gros poissons, n'aura vu EG et Rogue, ses principaux représentants à l'international, briller pour redonner son titre de noblesse au pays de l'Oncle Sam à cet Invitational.
L'ordre mondial bousculé au Six Invitational
Il serait un doux euphémisme de dire que nous n'avons pas été surpris par la tête de l'arbre final du Major, mais aussi par tous les résultats en général. En effet, la hiérarchie a semblé quelque peu bousculée à ce Six Invitational avec des favoris éliminés prématurément, comme des outsiders qui n'auraient jamais été imaginés là où ils sont arrivés.
Dans le Groupe A, Fnatic a su créer la surprise en s'imposant haut la main sur Reciprocity et FaZe pour se qualifier au Main Event. Ces derniers dont la non-qualification pour les Playoffs des championnats du monde n'ont pas non plus laissé indifférent. Pour ce qui est du Groupe B, quand Rogue sont sortis sans même avoir su remporter un match, Empire ont assumé leur statut et Spacestation ont montré un beau visage pour leur premier Major, qualifiés au nez et à la barbe de leurs homologues de Rogue. Si les résultats du Groupe C ne sont pas surprenants, le Groupe D a de son côté fait parler de lui de part la qualification des Japonais de NORA-Rengo pour la phase finale, quand il voyait dans le même temps LeStream et PENTA, les deux espoirs francophones de cet Invitational, échouer à la qualification au Main Event.
Crédit photo : Bruno Alvares
La surprise des quarts de finale est sans aucun doute la victoire de Team Reciprocity sur Evil Geniuses, qui sont sortis d'un Major où ils comptaient s'imposer par la petite porte. Quant à eux, même s'ils n'ont su franchir les demies, les Japonais de NORA-Rengo ont été surprenants tout au long du Major et ont marqué ce Six Invitational de leur empreinte. In fine, no show du Brésil, prestation catastrophique pour Rogue et Evil Geniuses et avènement de la région APAC, ce Six Invitational fut la compétition de toutes les surprises et a montré une relative inflexion de l'ordre régional comme mondial.
La malédiction continue pour Evil Geniuses
La performance d'Evil Geniuses reste la plus grande des surprises à ce Six Invitational. Alors que tout le monde les voyait combattre pour récupérer leur titre de champions du monde en grande finale, les Génies Diaboliques, même si lancés à vitesse grand V en phase de groupes, auront vu leur parcours prendre fin dès les quarts de finale.
Cet événement se voulait être celui de la rédemption pour Canadian et ses mates deux ans après qu'ils ont remporté la première édition de l'Invitational, mais il n'en fut rien, bien au contraire. Vaincus en finale l'an passé après avoir pourtant pausé une main et quatre doigts sur le trophée, les EG se sont effondrés et ont vu ceux qui représentaient auparavant PENTA Sports s'imposer à leur nez et à leur barbe. Vaincus par cette même formation européenne aux finales de la Pro League Saison 7 en quart de finale quelques mois plus tard, ils s'inclineront à nouveau devant les G2 en grande finale du Six Major de Paris.
Crédit photo : Bruno Alvares
Terrassée par Fnatic en quarts des finales de la Saison 8, Evil Geniuses débarquait donc à ce Six Invitational avec bon nombre de revanches à prendre, en vain. Une nouvelle désillusion pour les Nords-Américains qui ne parviennent pas à sortir d'une spirale infernale dans laquelle ils sont enfermés depuis de longs mois désormais. En bonne voie pour se qualifier aux finales de la neuvième saison de Pro League, il s'agira de voir s'ils sont capables de briser le cycle et de s'imposer aux Playoffs de Milan.
Le facteur Team Empire
Team Empire était attendue au tournant au vu de sa fulgurante montée en puissance sur les scènes européennes et internationales de ces dernières semaines. En effet, un an après qu'ils ont participé au Six Invitational chez Room Factory, les Russes sont dans une période leur profitant plutôt bien après avoir atteint notamment la troisième place du Minor de la DH Winter : ils dominent actuellement la Pro League européenne, logés à la première place du classement et presque assurés de se qualifier pour les finales mondiales.
Ce Six Invitational était pour ShepparD et consorts l'occasion de s'illustrer face aux équipes du monde entier, de montrer que leurs performances ne sont pas anodines et qu'ils ont leur place aux championnats du monde. Rentrés à petits pas dans la phase de groupes après s'être imposés sur Immortals en deux cartes disputées, Empire ont décroché leur qualification pour le Main Event du Six Invitational en l'emportant face à Spacestation Gaming.
Lors des Playoffs du Major, les Russes auront su s'affranchir avec une relative facilité de Team Liquid et NORA-Rengo pour décrocher leur place en finale du Six Invitational face à leur principale concurrente : G2 Esports. Si la première manche de la rencontre fut on ne peut plus serrée entre les deux géants, les Empire n'ont pas su rester dans le match après s'être inclinés sur Coastline et ont vu leurs adversaires sortir de leurs gonds pour remporter le Six Invitational.
Crédit photo : Bruno Alvares
Ainsi, l'objectif est rempli pour JoyStiCK et ses acolytes qui, bien qu'ils n'aient pas su créer l'histoire en décrochant un titre mondial à ce Major de Montréal, ont prouvé au monde entier ce dont ils étaient capables en plus de confirmer leurs performances en Pro League européenne.
G2 reste sur le toit du monde
N'ayant pas fait une bonne entrée en matière dans l'actuelle saison de Pro League, bien au contraire, étant logée à la cinquième place du classement avec seulement neuf petits points, G2 Esports faisait planer le doute sur la possibilité d'une contre-performance de sa part au Six Invitational. Le proverbe dit qu'il ne convient pas de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, et l'ogre européen nous l'a bien démontré à Montréal.
Effectivement, sortis de leur Groupe C après deux victoires contre mantis et Mock-It, les hommes de Fabian se sont imposés sur Spacestation Gaming en quart puis Team Reciprocity en demie avant de dérouler face à Team Empire en finale pour décrocher la victoire à ce Six Invitational édition 2019.
Crédit photo : Bruno Alvares
Les G2 ont donc retrouvé leur gloire d'antan, si tant est qu'elle a été perdue, au Major de Montréal. Ils ont prouvé à la terre entière qu'il ne fallait surtout pas les enterrer trop vite et qu'ils ne faisaient que traverser une mauvaise passe, remportant leur troisième Major d'affilée, un second Six Invitational consécutif et le droit de siéger une année de plus sur leur trône, à une victoire aux finales de la Pro League Saison 9 et au Six Major de sceller un an de domination incontestée sur la scène Rainbow Six. Impressionant.