Le joueur de la Team Liquid Jonathan "EliGE" Jablonowski a accordé une interview auprès de nos confrères du site Pley.gg. Il y revient sur l'état actuel de la scène Counter-Strike: Global Offensive en Amérique du Nord, une situation plus que critique depuis de nombreux mois maintenant.

Travailler plus pour gagner plus

Autrefois moteur de la communauté CSGO, les États-Unis sont aujourd'hui en situation de mort clinique quand il s'agit du titre de Valve. Cette situation n'est pas sans rappeler celle qui s'était passée déjà quelques années avant la disparition de Counter-Strike 1.6, à l'époque il ne restait finalement plus que des structures comme Evil Geniuses et Complexity pour soutenir réellement les quelques joueurs qui parvenaient à avoir un contrat pro ou semi-professionnel.Depuis les retraits de certains mastodontes comme Misfits Gaming en février 2018, OpTic Gaming en octobre 2019, 100 Thieves en octobre 2020, la Team Envy en janvier 2021 et le dernier en date Cloud9 en mars dernier, on vit dans l'incertitude de l'autre côté de l'Atlantique. Et cette situation n'est pas sans poser des questions, notamment à celui qui porte les couleurs de la Team Liquid depuis mars 2015 : l'Américain Jonathan "EliGE" Jablonowski.

Si les gens veulent revenir à la situation qui existait auparavant, où le public soutenait et admirait les joueurs de CSGO, s'intéressait à la scène en regardant les matchs, alors je pense que les joueurs d'Amérique du Nord doivent travailler davantage sur leur image de marque. Je pense que la plus grande différence aujourd'hui est qu'il n'y a plus autant de diffusions qu'avant et que les gens ne savent pas vraiment qui sont la plupart des joueurs encore en activité. Ceux qui occupent les places aujourd'hui n'ont pas une personnalité aussi grande que leurs prédécesseurs ou ne créent tout simplement pas de contenu. Par conséquent il est vraiment difficile pour les téléspectateurs d'avoir un quelconque type de relation avec ces joueurs. Cela prendra beaucoup plus de temps que je ne le pensais avant que la scène d'Amérique du Nord ne récupère et ne s'améliore.

Si Jonathan "EliGE" Jablonowski est aujourd'hui l'un des rares joueurs américains à s'exprimer régulièrement sur tout un tas de questions tournant autour de Counter-Strike, il est difficile de voir dans son analyse une véritable solution de fond au problème qui touche la scène de son pays. Effectivement avoir perdu des membres tels que Michael "shroud" Grzesiek (9,3 millions d'abonnés sur Twitch) qui régulièrement y va de sa petite réflexion à l'encontre de CS, ou bien Spencer "Hiko" Martin (378 000 abonnés sur Youtube) qui était une petite légende du FPS de Valve grâce à certaines actions légendaires et, plus récemment, Tarik "tarik" Celik (377 000 abonnés sur Twitter) qui déclarait dans un message sur Twitter en octobre 2020 que Counter-Strike en Amérique du Nord était officiellement mort, cela n'aide pas à faire la promotion de son jeu. Mais est-ce que ces départs ne sont pas la cause de la perte d'intérêt du jeu plus que sa conséquence ? En effet les États-Unis sont un marché extrêmement volatile dans le secteur des jeux de tir à la première personne, Call of Duty, Fortnite et maintenant Valorant, les concurrents ne manquent pas.


Jonathan "EliGE" Jablonowski @HLTV.org

Or régulièrement les éditeurs ne manquent pas d'inonder de valises de billets les créateurs de contenu les plus célèbres afin qu'ils assurent la promotion de leur jeu. Tous ou presque ont eu recours à ces procédés, tous sauf Valve qui comme à son habitude se contrefout de ce qu'on peut dire à son sujet et ne participe nullement à la promotion de son FPS si ce n'est via l'organisation de ses Majors. Et encore, tout est sous-traité à des entreprises d'événementiel pour des résultats parfois ignobles comme par exemple le premier tournoi RMR de la saison dans la zone russophone du globe : l'EPIC CIS League Spring 2021. Alors oui peut-être que plus de contenu avec des personnalités populaires cela aiderait forcément à améliorer la visibilité du jeu de l'autre côté de l'Atlantique, mais il faudrait surtout un retour solide d'importants soutiens financiers mais également que les organisation américaines revoient leur manière de gérer les équipes.

Tout ne se paye pas, il faut aussi intégrer de la compétence et pas forcément recruter à tour de bras sans réelle politique esportive si ce n'est celle de dépenser plus que son voisin. Aujourd'hui ces politiques hasardeuses nous laissent d'ailleurs présager le pire en ce qui concerne Evil Geniuses et FaZe Clan, des clubs qui semblent totalement à la dérive depuis bien longtemps.