La légende de la scène chinoise, le carry AD de la formation Royal Never Give Up Jian ”Uzi” Zi-Hao, prend aujourd'hui sa retraite pour des raisons de santé. Dans une dernière interview pour la télévision chinoise, il évoque sa carrière, ses réussites et ses regrets en tant que joueur. En voici un extrait :
CCTV : C'est peut-être ta dernière interview en tant que joueur.
Uzi : On peut dire ça, je pense que c'est vrai.
Comme je l'ai dit avant, il y a encore beaucoup de choses que je n'ai pas faites et c'est très regrettable. J'ai la sensation de ne pas avoir fait du mieux que je pouvais pour les choses que je faisais, je pense que s'il y avait encore le temps, si je pouvais toujours, il y a beaucoup de choses que j'aimerais faire.
Je pense que le pic de performance d'un joueur pro dure environ deux ans, en fonction de son endurance mentale, ce qui va affecter sa carrière complète. Pour moi, le pic dépend entièrement de soi et à quel point on peut endurer les choses. Pour moi ce pic a commencé dès que j'ai commencé ma carrière professionnelle car j'aime beaucoup cet environnement. J'aime aussi beaucoup jouer sur scène, car on va apprendre de chaque défaite et chaque fois que tu gagnes tu veux toujours plus gagner, donc tu vas devenir de plus en plus fort. La façon dont les gens me voient est sûrement un peu différente, tout le monde se rappelle plus de ma performance sur Vayne que de ma rencontre face à OMG en quart de finale des Worlds.
Mais de mon point de vue il y a une autre partie ou j'étais satisfait de mon jeu, c'était durant la saison 3 ou 4, lors d'une partie contre IG, je jouais Vayne et j'ai fait un pentakill. Pour moi, dans cette situation, arriver à sortir de telles mécaniques de jeu, c'était vraiment quelque chose de très satisfaisant.En 2018, je ne pensais pas être à mon meilleur niveau, je ne pensais pas que cette année deviendrait la meilleure de ma carrière. Mon premier titre de champion en LPL a eu un énorme impact sur moi. Même si tu disputes énormément de finales, même si tu joues énormément de rencontres, tant que tu ne soulèves pas le trophée, tu ne connaîtras jamais les sensations que la victoire t'apportent. Pour moi, tous les titres et particulièrement celui-ci ont beaucoup de valeur.
Lorsque les médias internationaux me demandaient si je pouvais gagner, à ce moment j'avais vraiment la sensation que je pouvais gagner, donc mes interviews à cette époque-là étaient celles où je montrais le plus de confiance en moi.
La saison 7 est une année regrettable pour moi, j'avais une bonne équipe, et tout le monde était au mieux de sa forme, mais je pense que j'ai un peu exagéré ma condition, car il y avait d'autres personnes vraiment en forme aussi. Faker était vraiment fort cette année-là. J'ai déjà parlé du Galio, et même si ça nous laissait avoir une laning phase confortable sur la midlane, le champion devenait incontrôlable à mesure que la partie avançait. Après que nous en ayons discuté entre nous, nous pensions pouvoir régler ce problème, et les résultats étaient plutôt bons, ce n'était aussi catastrophique que ce que l'on pensait.
Nous nous sommes donc dit que puisque ça portait ses fruits nous pouvions continuer comme ça, mais nous avons tout de même perdu. Si on devait comparer avec les années suivantes, tout le monde a fait de son mieux, nous avons perdu car nous étions moins talentueux. Il n'y a pas grand-chose à dire sur les Worlds S8. Je pense que le plus grand regret est que nous étions au sommet de notre forme et nous avons joué notre pire partie. Tous les membres de l'équipe, moi inclus, ont complètement tiré cette rencontre vers le bas.
Nous avons peut-être gagné trop de titres et ça nous est monté à la tête.
Uzi et les RNG remportant le Mid-Season Invitational 2018 @RiotGames
CCTV : Que penses-tu lorsque les gens disent que l'esport est une addiction sans ambition ?
Si vous vous intéressez vraiment à ça, si vous cherchez vraiment à comprendre, vous vous rendrez compte que chaque jeu ou presque a une équipe esportive. Dire que c'est "une addiction sans ambition", c'est être très réducteur. Et aujourd'hui avec le développement de l'industrie, de plus en plus de gens vont comprendre, et vont se rendre compte que c'est plus que ça. Je pense que le jeu et l'esport sont deux choses complètement différentes. Quelqu'un qui aime jouer peut devenir un joueur pro, mais il va devoir subir une longue période d'entraînement, il va être une personne sur un million. Si un hobby devient ton travail, tu feras au mieux. Je pense que ça fonctionne comme ça et j'en suis très heureux car s'il n'y avait pas d'industrie esportive, j'aurais surement dû étudier, et je ne suis pas bon à ça non plus. Je ne sais pas ce que je vais faire dans le futur, c'est encore vague.CCTV : Comment imagines-tu ta cérémonie d'adieu ?
Je n'ai pas imaginé à quoi elle pourrait ressembler, car au fond, je pense toujours que je n'ai pas encore quitté la scène, pour moi c'est temporaire. Cette fois, ça pourrait être définitif mais ça pourrait aussi être pour un, deux ou trois ans. Je n'ai pas encore accepté ma retraite, je suis vraiment triste en ce moment, je n'aime pas ça du tout. Mais je dois quand même le dire, je pourrais être Jian Zi-Hao à partir de maintenant et Uzi pourrait faire ses adieux pour toujours.
Je suis tout de même reconnaissant à tous ceux qui m'ont soutenu à travers les années, à tous les coéquipiers que j'ai eus. Évidemment, s'il y a une chance, je ferai mon retour.
C'est assez incroyable que la longévité et le pic d'une carrière esportive soit si bref alors que la barrière physique est moins importante que dans le sport traditionnel. Ces grosses structures ne sont pas capables de travailler sur la partie préparation et coaching mentale? Voir des pépites partir si vite ce n'est pas bénéfique pour une équipe et en dis long sur le rythme acharné d'une saison sur LoL.
L'an dernier avant les final du summer, on avait compris qu'ils avait beaucoup jouer a d'autre jeux ( wow pour wunder), pour justement ne pas les cramer.
Ils ont aussi reconnu qu'il avait mal gérer le rythme car la dernière semaine des world les joueurs n'en pouvaient plus.
Cette année on va voir ce que ça donne mais ils avaient anoncer que ce serait encore plus détente pour justement avoir le pic de performance de l'année lors des worlds.
Quant à Kayne, elle est autant joueuse pro que moi.
Modifié le 09/06/2020 à 13:08
aussi on voit les limites en les ayant dépassées, et pour le sport traditionnel on connait bien les limites parce qu'il y a des décennies d'expérience. L'esport c'est plus récent, les limites sont moins connues, les structures moins préparées et on commence à s'intéresser au burnout que depuis quelques années. Des progrès ont été faits, beaucoup restent à faire.
Après ça empêche pas quelques joueurs de trouver le bon équilibre par eux même et avoir des carrières très longues, mais faut admettre que ça reste rare et que la plupart des carrières sont courtes pour l'instant.
Modifié le 09/06/2020 à 15:57
Eric.