Malheureusement pour Excel, la saison 2023 a pris fin le week-end dernier après la défaite contre Fnatic lors du premier tour du Losers'Bracket. Après la rencontre, Odoamne a répondu aux questions de Laure Valée, l'occasion de faire un premier bilan de cette saison.
Laure Valée : Odo, merci de prendre le temps d’échanger avec moi après cette série qui ne s’est pas terminée comme vous l’espériez. À quoi ça s’est joué dans cette cinquième partie, que ce soit dans la draft, l’approche que vous en avez eue ou la partie en tant que telle ?
Odoamne : Habituellement, quand on joue de longues séries comme celles-ci, qui vont en cinq parties, une sorte de méta se développe entre les équipes. Pour nous, ça donnait juste l’impression que toutes les parties se jouaient front-to-back, avec de la prise de position sur les objectifs, et on a été un peu trop imprudents.
Le teamfight dans la cinquième partie où nous avons perdu le Nashor était juste le résultat de notre impatience, car nous avons cherché à déclencher un teamfight sur timing qui n’était pas approprié. La stratégie de Fnatic d’aller à cinq au mid a fonctionné, on a plongé dedans et ils ont remporté la partie là-dessus.
Quand une équipe a Tristana mid, tu ne peux pas te permettre de lui donner des ressources comme l’on a fait en midlane, elle a énormément accéléré à ce moment-là. Je pense que notre réponse était bonne, mais on a commencé à int, ils ont récupéré le Nashor, et ça s’est transformé en snowball hors de tout contrôle, c’était impossible de se débarrasser de Tristana, ils avaient trop de menaces, c’était trop dur d’identifier chacune d’entre elles. Notre exécution de teamfight était plutôt absente, notre backline et notre frontline étaient trop séparées, et on a juste int.
Nous avons évoqué le fait que la semaine dernière, contre MAD Lions, votre préparation de draft n’avait pas l’air bonne, vous n’aviez pas l’air de bien jouer. Cette semaine, vous avez montré un bien meilleur visage, mais quel est ton retour sur votre préparation ces deux dernières semaines et sur votre approche du patch de manière générale ?
Je ne sais pas, c’était un peu bizarre, parce qu’en se préparant pour la série contre MAD, ou plutôt après la défaite de contre G2, on était plutôt comme : "Okay, on s’est fait 3-0, donc il y’a énormément de choses que l’on a mal fait, comme les prios, foutons en l’air et tentant de jouer quelque chose de nouveau". Contre MAD, on se fait 3 - 0 de nouveau et on se dit la même chose : "Okay, cela n’a de nouveau pas fonctionné, donc tentons quelque chose d’autre".
Je ne sais pas, j’ai juste l’impression que l’on a perdu ce qui nous rendait bons, même si aujourd’hui cela a fait 3-2. Depuis la dernière partie contre G2 on a en quelque sorte perdu notre mojo, on était plus sûrs de ce qui fonctionnait vraiment donc a juste tenté de tester des choses, de bricoler pour faire en sorte que ça marche. Je pense que nous ne sommes pas aussi flexibles que nous l’étions auparavant, et c’est pourquoi nous avons perdu.
Indépendamment de tout le reste, et je comprends que c’est compliqué de voir le positif après une série comme celle-ci, mais vous êtes arrivés aussi loin que vous pouviez, plus loin que personne ne pouvait l’imaginer quand on regarde votre année, quel regard as-tu sur la saison écoulée ? Cela a été une longue année, ce n’est jamais facile de finir comme ça, mais vous êtes allés si loin, c’est un retournement de situation fantastique pour Excel et pour vous.
On ne serait jamais arrivé ici, encore plus après la double dixième place. Je suis reconnaissant envers nous-mêmes que nous ayons été capables de montrer notre niveau de jeu, de nous améliorer, de faire des choses. Au final, on s’est plantés, et on s’est plantés plutôt violemment, c’est naze, mais je suis heureux que l’on ait réussi à transformer ça en quelque chose d’un peu plus positif, plutôt que de tout laisser s’effondrer, parce que cela aurait la voie facile d’expédier en vitesse encore un segment, et tout le monde aurait été encore plus en colère.
Il y’a des aspects positifs dans tout cela, je pense que l’on aurait pu aller plus loin, c’est juste triste que ça n’ait pas eu lieu.
Tu continues à t’épanouir dans des situations comme celle-là, défiant les attentes, réalisant des miracle runs, comment celle-ci était elle différente d’un point de vue personnel ?
C’était bien plus difficile, arriver en finale après une double dixième place, c’est peut-être mon plus grand accomplissement, plus que d’avoir gagné le stress. La quantité de stress et le niveau de difficulté étaient au-delà de toute imagination, même lorsque nous l’avions fait avec Schalke, où nous avions une chance sur dix, je ne me suis jamais senti aussi stressé. Parce que lorsque le segment commence, tu sais que si tu ne vas pas en finale, tu es viré, tu as une pression énorme. J’aime League of Legends, j’aime la compétition même si parfois la situation est vraiment pourrie, c’est à nous de faire en sorte de donner le meilleur de nous-mêmes, peut-être que je suis un peu malchanceux de me retrouver dans ces situations plus souvent que les autres (rires). Mais bon, je ne déteste pas ça, c’est juste comme ça qu’est le jeu.
Effectivement c’est ta façon de voir les choses et de t’épanouir (rires). Évidemment, cela veut dire que l’année s’arrête ici pour Excel, mais vous avez eu une quantité immense de fans qui vous ont encouragés toi et ton équipe, merci Berlin. Une dernière fois, est-ce qu’il y’a quelque chose que tu voudrais leur dire ?
Mon organisation va me détester, mais après notre double dixième place, je leur ai dit "vous savez, on n’a pas beaucoup de fans", mais après notre retournement de situations, il y’a eu de plus en plus de voix pour encourager Excel, je suis vraiment content d’avoir été une raison à cela, on verra ce qui se passera à l’avenir parce que l’intersaison va être très long, j’espère que tous les gars d’Europe vont performer aux championnats du monde, j’espère que Trymbi va bien jouer parce que c’est le dernier en vie, KOI est tombé au combat, je suis tombé au combat, il semblerait que Trymbi était celui digne d’aller aux Worlds. J’espère non, je sais qu’il va être bon, et j’espère que les joueurs du LEC feront de belles performances.
Un message d’espoir pour l’Europe, et pour toi également. Merci énormément, Odoamne pour cette interview, on se verra l’année prochaine, évidemment.