Après la défaite de son équipe face à G2 Esports lors du Main Event du Six Invitational, nous avons posé quelques questions à risze,le capitaine belge de la formation francophone.

Les réactions à chaud de risze

Malgré un très beau parcours dans les Playoffs du Six Invitational, les Français de Wolves Esports ont été éliminés à la fin du tout premier match du Main Event.

Vaincus par Oxygen Esports dans le Winner Bracket, les Loups sont tombés face aux G2 Esports qu'ils n'ont su vaincre à nouveau malgré un début de rencontre largement à leur avantage.

Peu de temps après la défaite de son équipe, Valentin "risze" Liradelfo a pris le temps de répondre à nos questions sur ce Six Invitational, le roster Wolves et sa carrière de joueur.

*aAa* : Quel retour aurais-tu à faire sur votre match contre G2 ? Que vous a-t-il manqué pour les faire tomber ?
Valentin "risze" Liradelfo : Je pense qu'il nous a manqué un petit peu de firepower sur Skyscrapper. On a manqué de pas grand chose pour conclure sur le deuxième side, on avait la possibilité de rentrer un petit 5-3 ou même un 6-2 sur nos deux premiers rounds d'attaque et je pense que la physionomie du match aurait alors été un peu différente. C'est aussi un peu la cruauté de la compet, le mental c'est important, non pas que nous ayons abandonné dans cette game, mais eux ont repris du momentum crucial et ont réussi à remporter cette map. En vérité, il ne nous a manqué grand chose pour remettre un 2-0.

Remettre un 2-0, car vous les avez battus au premier tour de l'arbre. Cela vous a-t-il desservi dans un sens ?
Je ne pense pas. Au contraire, cela nous a un petit peu aidé indirectement car on sait qu'on avait un avantage psychologique sur la majorité de leurs joueurs qui fonctionnent beaucoup au mental, notamment Doki et Alem4o, ça leur tenait à coeur de nous battre vu qu'ils ont un historique avec Yanis et avec Bastien (Mowwwgli et BiBooAF, ndlr). Le fait de les avoir gagné nous a mis je pense dans une position confortable par rapport au mental. Ils ont été très très peureux sur Banque, on a pu joueur comme on le voulait car il y a aussi ce petit historique. Je pense que si on avait maintenu cette pression psychologique, on aurait pu aller plus loin.

D'un point de vue plus personnel, ce n'était pas ton premier Six, c'était en revanche la première fois que tu montais sur sa grande scène. Comment as-tu vécu la chose, après huit ans de Rainbow Six à haut niveau ?
La scène du Six, c'est une tout autre scène. Elle signifie beaucoup plus que n'importe quelle scène de Major que j'ai pu faire jusqu'à présent. C'est l'endroit où tout le monde veut être après avoir passé une année à charbonner pour s'y qualifier. En plus de cela, il faut faire une performance dans le tournoi pour se hisser parmi les six équipes du Main Event, ce qui est assez dûr quand même. Elle signifiait beaucoup pour moi. Cela s'est vu après le match contre LOS + oNe. J'étais dans le meilleur spot de bonheur et de mental depuis le début de ma carrière.


Crédits : Ubisoft

Tu as évoqué le format du Six, un format qui a un peu été décrié, n'étant soit disant pas assez punitif et ne permettant qu'à six équipes d'accéder à cette arène. Qu'en penses-tu ?
Je pense que l'on peut se plaindre de tous les formats à chaque fois, cela desservira ceux qui perdront et ravira ceux qui gagneront. La vérité est que nous avons tapé des équipes qui ont battu des équipes qui ne sont finalement plus dans le tournoi pour le Main Event. On peut parler autant qu'on veut du format, moi je pense que le Winner Bracket se mérite, déjà dans un premier temps avec la phase de groupes, j'aime beaucoup ce format car quand tu tombes en Loser Bracket, tu vas devoir tout remonter et jouer beaucoup plus de matchs, donc être fatigué sur la fin de l'événement. Il y a un réel avantage à maintenir sa place en Winner Bracket et les équipes que l'on y trouve ont répondu présent. Beaucoup de seeds 1 se sont fait battre par des équipes seed 3 au premier tour, cela veut bien dire que le Winner Bracket se mérite jusqu'au bout. C'est sûr, on peut nous dire que Wolves n'a gagné que contre G2 et LOS + oNe pour avoir un Top 6, ben je suis désolé, G2 est en finale du Six et LOS + oNe ont envoyé du paté dans leur groupe, ils ont été présents. Cela a beau être une équipe qui n'a peut-être pas performé tout au long de l'année, mais ils étaient là ce tournoi-ci et nous avons été plus présents qu'eux tout simplement.

Lors des trois Majors de la saison, vous avez performé en BO1, mais vous êtes effondrés à partir des matchs en BO3 aux Playoffs. Ce Six a-t-il été un déclic, vous êtes vous prouvés que vous étiez capables de performer en BO3 ?
Si on compare les formats du Major et du Six, quand on arrive en BO3, c'est directement couperet au Major alors qu'au Six on a eu quand même beaucoup plus de BO3 à jouer au début et forcément cela aide un petit peu. Il faut aussi contextualiser la scène à l'heure qu'il est : tu joues une vingtaine de BO1 avant d'enfin trouver un BO3 par-ci-par-là si tu as la chance de te qualifier en quart de finale d'un Major et cette performance est vite décriée car « tu n'es que dans le Top 8 d'un Major ». Je trouve les gens très dûrs avec les équipes qui performent en fait. Le système est tel qu'il est, c'est un jeu où tu gagnes en sept rounds, ce n'est pas un jeu à la CS avec autant de BO3 et la possibilité d'évoluer dans les BO3. Je pense qu'on a toujours un petit peu montré cette faiblesse dans notre BO3, qui est restée dans notre mental, car on se disait que ces matchs nous ont toujours échappé. Quelque part, cela nous a permis d'évoluer au travers d'un tournoi qui était toujours dans le même format. Cela nous a permis de comprendre nos forces et nos faiblesses dans ces moments-là, de savoir comment préparer certains matchs et d'utiliser notre mappool à son plein potentiel. Je pense que le Six nous a aidé à performer en BO3 car il permet, contrairement au reste de la saison, de jouer des matchs en BO3 tout simplement.

Vos mauvaises performances en BO3 jusqu'ici s'expliquent donc par le manque de BO3 à se mettre sous la dent...
Tout à fait. Je pense que s'il y avait plus de BO3 tout au long de la saison, on aurait pas à se poser cette question par rapport à nous.


Crédits : Ubisoft

Tu es un vétéran de la scène R6, cela fait huit ans que tu joues à son plus haut niveau. Qu'en est-il de ta carrière, à l'heure où beaucoup de joueurs annoncent prendre leur retraite ? Si tu as déjà mené une réflexion à ce sujet, quel en est le stade ?
Je me sens un peu vieux c'est sûr [rires]. Mais en fait je ne sens aucun manque de passion par rapport au jeu, je n'ai pas encore gagné de titre majeur, Beaulo a gagné un Six, je ne suis pas un content creator, Beaulo en est un. Il y a quelques années, je suis passé sur un rôle de capitaine, un petit peu plus IGL et en retrait pour faire en sorte que mon groupe kick bien. Je suis toujours très investi par rapport à cela dans toutes les équipes que j'ai fait. J'ai toujours envie de jouer, je pense que temps que j'aurai la passion et que j'estimerai moi et mes coéquipiers que j'ai le niveau, je continuerai de jouer. Je pense qu'il y a un petit peu cet effet d'accomplissement des gens qui arrêtent post victoire de tournoi majeur, que moi je n'ai pas encore eu et que je recherche encore malgré tous les tournois que j'ai pu faire. Je pense que l'on peut honnêtement dire que ma carrière est belle, tout le monde n'a pas la chance d'avoir la carrière longue et « successful » que j'ai eue et plein de joueurs ne l'auront pas. Ce n'est vraiment pas assez pour moi, j'ai un sentiment de trop peu, je sens qu'il me manque quelque chose. Après un titre majeur, peut-être que j'arrêterai, ou peut-être que je continuerai ayant encore la passion. Ce qui est sûr et certain c'est qu'à l'instant t, j'ai toujours envie de jouer, j'ai la dale, je veux des titres, je veux grind et me hisser au plus haut et peut-être avoir ma photo comme vainqueur du Six à côté des autres.

Comme explication à tous ces départs en retraite, il y a aussi un effet de mode comme quoi R6 est en train de mourir. Qu'est-ce que tu en penses ?
Je pense que Siege a connu une année 2022 extrêmement difficile. Nous, on l'a quand même beaucoup senti au niveau des tournois et de leur organisation. Je pense que c'est compliqué de faire tourner une scène quand les budgets sont moindres par rapport aux précédents et d'être confiant pour l'avenir par rapport à cela. Maintenant, je fais confiance à l'éditeur, je fais confiance à ce qu'il a envie de produire dans l'avenir. En tous les cas, je suis complétement dépendant de leur décision concernant l'avenir de Siege. On ne peut que leur faire confiance par rapport à cela. J'espère vraiment que nous ne vivons pas les dernières années de Siege, cela serait vraiment très triste que le jeu s'arrête avant ma carrière [rires]. Sans pour autant dire que je suis content ou optimiste, j'ai envie de dire que je fais confiance, que j'espère en tout cas que cela se passera bien à l'avenir et on verra bien. Il faut des chiffres, de la visibilité, du budget, il faut y aller. Ne dépend qu'aux personnes à qui de droit de se donner les moyens pour que la scène, le jeu qui est dans un état excellent, perdurent.

Tu as dit dans une interview réalisée par un media belge que c'était ton premier Six dans une équipe française et que l'approche en était par conséquent différente. En quoi ?
C'est différent d'être dans une équipe française de base, car ce n'est pas le même esprit, on a tous la même culture, la même communication donc on se dit un petit peu plus les choses. En ce qui me concerne, depuis que je suis dans une équipe francophone, il y a un petit peu aussi cet effet cocorico que l'on essaie de mettre en avant. Je ne suis pas français, mais je me sens très très proche de la communauté française qui m'a toujours beaucoup donné. C'est toujours un objectif personnel que de ramener la France et sa communauté en haut de la scène Siege. On est avec BDS les deux équipes performantes depuis des années maintenant et je pense qu'on représente bien la France, mais ce n'est pas encore assez, car on a pas remporté suffisamment de titres, même si BDS a pris un titre au dernier Major. Pour moi, cela est différent car il y a ce côté un petit peu mission qui n'est plus si personnelle que cela, qui vient rajouter du piment à ma carrière. Globalement, on aborde différement les tournois et les saisons, le groupe n'est pas le même, cela fonctionne certainement mieux que dans des groupes multiculturels donc il y a beaucoup de choses qui changent.


Crédits : Ubisoft

Tu parles d'un effet cocorico, tandis que vous représentez un club non endémique de foot anglais. Comment vous sentez-vous chez Wolves ?
Je pense que le club pour lequel on joue n'est pas ce qui est le plus important. Dans le foot, des joueurs portugais ou autre jouent dans des clubs français. C'est l'inverse pour nous à l'heure actuelle, mais ce qui nous importait vraiment, c'était d'avoir un club nous permettant de jouer en European League, car pendant un moment, nous étions LFO et à deux doigts de nous faire évincer parce que nous n'avions pas de club. On nous a permis de jouer une saison, mais cela a été très compliqué, il a fallu des négociations assez biens senties pour avoir cela. On est juste extrêmement contents de pouvoir compter sur Wolves, c'est une marque qui nous plait, certes un club anglais, mais les dirigeants ont entièrement compris que l'équipe était francophone et que c'était très important pour eux d'apporter en retour à une communauté française qui nous soutient dans sa majorité. L'effet cocorico est présent jusqu'au bout et cela totalement indépendament de la structure, l'équipe est francophone et c'est ce qui est le plus important à nos yeux.

La saison 2022 est terminé et nous nous tournons désormais vers 2023. Comment allez-vous faire pour poursuivre sur la même dynamique pour cette nouvelle saison ?
On vient de finir la saison 2022, il faut déjà que nous réflechissions à la suite à donner au projet sportif. On a fait une excellente année, mais on ne compete pas pour faire d'excellentes années, on compete pour gagner des titres. Il n'y aura donc pas vraiment d'accomplissement temps que cela ne sera pas le cas. Peut-être que le projet sportif sera le même, peut-être pas, cela dépendra de quelle place on estime avoir dans la scène alimentaire de Siege à l'heure actuelle. Nous verrons de quoi nous avons besoin pour performer encore plus, que ce soit des changements de rôle voir de joueur, il faudra en discuter après le tournoi de toute façon. Ce qui est sûr et certain, c'est qu'à l'instant t, nous sommes extrêmement satisfaits de notre année, mais nous le serons jamais entièrement temps qu'on aura pas gagné de titre. C'est l'objectif ultime et absolu. On abordera 2023-2024 en fonction de nos discussions. Je pense que la meta est très portée sur l'agressivité et le clic, on a prouvé qu'on était capables de cliquer et d'être agressifs, est-ce qu'il nous manque quelque chose ou pas, l'avenir le dira.

Je te remercie pour le temps que tu m'as accordé et te laisser la tribune finale.
Merci déjà à toi pour cette interview et de nous recevoir, cela fait toujours extrêmement plaisir. Donner les insides de l'équipe est très important pour nous, il faut que le public comprenne ce qu'il se passe pour nous et je remercie ce même public qui a été extrêmement présent derrière nous dans les gradins pour le match contre G2 ou même sur les réseaux sociaux. Le soutien est énorme comme il l'a toujours été et je le dis à chaque fois, mais je continuerai de le dire car c'est vraiment incroyable de les comparer avec n'importe quel autre soutien de n'importe quel club. On a vraiment des fans qui sont incroyablement positifs, que cela soit dans la défaite ou dans la victoire. On ne pourra jamais être assez reconnaissants, donc un grand merci à eux. On se voit en 2023-2024.