Les départs de HaRts et ioRek signent la fin de l'aventure emuLate. Retour sur trois années de succès inégalées.

La fin d’une époque. Bien sûr, les derniers moments vraiment glorieux des emuLate – euh, oXz, même si c’est dur de s’y faire - remontent un peu. Mais bon, la sortie/exclusion de HaRts et ioRek hier soir met un point final à ce qui restera surement comme la meilleure équipe de CS que la France ait connu. La question n’est pas de savoir si le changement de ce soir était nécessaire – il l’était. Pas question non plus de dénigrer le niveau de loduN et drizzer, deux riflers aussi excellents que réguliers. Car si emL avait déjà paumée son tag en début d’année, l’équipe a cette fois perdue son âme avec le départ de deux de ses fondateurs. Elle va changer de leader, de style de jeu et ioRek ne gagnera plus des rounds en faisant n’importe quoi. Bref, c’est terminé.

L’histoire complète, en long, en large et en travers a déjà été écrite (ici). Alors on va tenter de la faire court, pour une fois. De synthétiser.

2006-2007, La saison inaugurale. Le temps de la prise brutale du trône français et de l’apprentissage international. Les emL écrasent littéralement la scène nationale ces quelques mois. Ils remportent les WCG France, la NeXeN, la Show-Lan et la Coupe de France. Ils lâcheront seulement une map contre les goodgame en finale de la Re-SO et un Bo3 contre les aAa à la Gamers-Assembly. Des patrons.

En international, ils apprennent. Elimination en poule aux WCG 06, petit top8 aux SEC 07. Un cap est passé à l’ESWC 2007. Malgré la sortie en seconde phase de poule, la faute à cette défaite devenue mythique contre Dignitas, les emL ont impressionné. Concéder le nul contre fnatic et battre NoA, ce n’est pas rien. Surtout que les deux monstres scandinaves termineront respectivement troisièmes et seconds du tournoi.



En route pour les sommets

La confirmation aura lieu à la GameGune (la plus relevée de l’histoire : MiBR, fnatic, PGS, MYM.no, SK…), quelques semaines après. Les Français atteignent la 3e place, après avoir battu Logitech.fi, ZYKON, 69N28E et surtout fnatic. La saison 2007-2008 continue sur le même rythme : champions des WCG 07, 3e DreamHack Winter, 3e SEC, top8 ESWC Masters Paris et top8 ESWC. Nationalement, pas besoin d’en parler, même si les hommes de HaRts lâcheront quelques maps ici et là. C’est cette constance sur une année (d’un ESWC à l’autre finalement), qui fait qu’on peut dire sans exagérer qu’emuLate faisait partie du top5 mondial pendant cette période, aux côtés de fnatic, PGS/MYM, NoA/mTw et MiBR. Et c’est ça qui fait de cette équipe une exception dans le paysage CS français. 

A ceux qui diront "aT 2001", on leur répondra que leurs performances aux CPL Europe n'étaient étalés que de quelques semaines. Quant aux goodgame, que ce soit en 2002 ou en 2005, ils n’ont jamais vraiment été capables de battre l’élite mondiale (on parle ici des équipes qui gagnent des compétitions). Chose qu’emL a fait à plusieurs reprises : fnatic, SK, ALTERNATE, mouz, Roccat, NoA/mTw, eSTRO figurent tous au tableau de chasse des Français. Et ce, sans surjouer, sans s’en remettre à des coups de chances et des clutchs miraculeux. Juste en déroulant leur jeu, aussi énervant qu’efficace. 

Il faut d’ailleurs rendre honneur à HaRts, l'éminence grise de la formation. Tout simplement le meilleur joueur français, toutes époques confondues. On dit souvent qu’une grande équipe possède un grand leader. Michael Zanatta l’est assurément. Il suffit de regarder les résultats avec chacune de ses formations pour s’en rendre compte – à l’exception notable de son passage chez goodgame. Il a emmené Bz dans le top8 de l’ESWC 2003 et en finale de l’ACON5 (bien plus tard, en 2005), puis conduit aAa à un top8 aux WCG 2003 et à une 3e place à la GameGune 2004. emuLate sera évidemment son chef d’œuvre, même si sa carrière n’est pas encore officiellement terminée. On doute quand même qu’il se relance dans une telle épopée.

Bien sûr, aussi brillant soit-il, HaRts n’aurait rien fait sans ses quatre bras armés. MaT et R !Go, les fidèles de la première heure. Deux piliers en granit, hyper solides, aussi bien mentalement qu’en terme de skill. Le prodige mSx a lui facilité bien des matchs. Aussi insolemment doué aux rifles qu’à l’AWP, il aura simplifié des centaines de rounds en réalisant les premiers frags. Enfin, ioRek, parti hier soir. Le plus irrégulier, mais aussi le plus fun à voir jouer. Et il ne faut pas oublier que quand il était en forme, personne ne lui résistait.


 

 

 

Fin du rêve

La machine s'est grippée à un moment, c'est certain. L'alchimie s'est évaporée. En France, leurs adversaires connaissent leur style sur le bout des doigts et les défaites commencent à s'accumuler, contre D4, G2G ou dRu. Mais le point de non-retour a peut-être était atteint à l'ESWC San José. Dans ce fameux match contre les polonais de PGS.MYM. Lors de cette rencontre, on a cru retrouver les emL des WCG 2007, on les voyait déjà en demi-finale, prêt à inscrire un nouveau top3 à leur palmarès, et réaffirmer leur puissance internationale. Et puis une décision arbitrale a ruiné cet espoir. Il semble que les emL ne se sont jamais vraiment relevés de cette immense déception. Le début de la fin en quelque sorte. 

Leur plus retentissant échec arrivera d'ailleurs quelques semaines après. Sortis dès les poules aux WCG.fr 2008, ils ne peuvent même pas aller défendre leur titre mondial à Cologne. Dans la foulée, mSx quitte un temps le navire, avant de se raviser. Pas grand chose à noter en 2009. Pourtant qualifiés aux EM III et au KODE5, les emL ne brillent plus, ils ne peuvent que s'incliner contre plus forts qu'eux (fnatic, WICKED, SK, etc). On a la vague impression qu'ils sont devenus une équipe française comme une autre. Simplement pas de taille à se coltiner les titans continentaux. On y croyait quand même un peu... En vain. Plus vraiment de motivation, d'envie, sans compter les problèmes structurels ou financiers liés à l'organisation emL (de quoi écrire un autre article).

Bref, on retiendra de cette combinaison magique cet hallucinant bilan : deux WCG.fr, deux Coupe de France, deux Gamers Assembly, une triplette de troisièmes places dans des tournois internationaux et un surtout un titre mondial majeur, les WCG 2007. On souhaite bien du courage aux Millenium pour amasser un tel butin. 

Septembre 2006-Octobre 2009 : 37 mois de stabilité (allez, on a oublié l’incartade mSx), soit deux éternités en temps CS. 

Les rois sont morts, vive emuLate !

Michael "HaRts" Zanatta 
Mathieu "R!Go" Bridet
Mathieu "MaT" Leber
Jérémy "ioRek" Vuillermet
Mickael "mSx" Cassisi

Palmarès (non exhaustif)

Flag 1er. WCG France 2006
Flag 1er. Showlan 2006
Flag 1er. NeXeN 2007
Flag 1er. Coupe de France 2007
Flag 3e. GameGune 2007
Flag 1er. WCG France 2007
Flag 1er. WCG 2007
Flag 1er. Digitalsace
Flag 3e. DreamHack Winter 2007
Flag 3e. SEC 2008
Flag 1er. KODE5.de
Flag 1er. Gamers Assembly 2008
Flag 1er. EPS France V
Flag 1er. Coupe de France 2008
Flag 1er. Silver Arena 5
Flag 1er. KODE5.fr
Flag 1er. Gamers-Assembly 2009