Suite au sacre de G2 Esports en tant que champion du Winter Split, le LEC observe désormais une pause et se prépare pour le prochain segment compétitif dont le coup d'envoi est prévu le 9 mars prochain avec la première journée de la saison régulière du Spring Split. Avec un premier cycle achevé qui a permis à G2 Esports de se qualifier pour le MSI 2024, la question demeure quant à la capacité des équipes européennes à se mesurer à leurs concurrents sur la scène internationale.
Niveau de jeu des équipes LEC, doit-on déjà s'inquiéter ?
Le 18 février a marqué l'avènement d'un "nouveau" souverain dans l'arène européenne du LEC, où G2 Esports, en triomphant des MAD Lions KOI par un score de 3 à 1, a non seulement conservé son titre de champion, mais aussi affirmé sa position en tant que favori incontesté de la région EMEA. Cette victoire a non seulement célébré la suprématie européenne de G2 Esports, mais aussi garantie sa présence au Mid-Season Invitational 2024, suscitant forcement des interrogations quant à sa performance potentielle lors de ce premier grand rendez-vous international de l'année. En dépit de l'admiration de l'Europe pour son champion, le début de la saison 2024 du LEC a été marqué par des débats autour du niveau de jeu des équipes européennes, souvent perçu comme décevant, surtout en comparaison avec les puissances de la LPL et de la LCK.
G2 Esports se démarque certes parmi les équipes européennes, mais même cette formation de pointe pourrait se heurter à des obstacles lors des confrontations internationales avec les équipes de la LPL, de la LCK, et potentiellement des LCS (soyons fous). Les performances européennes récentes, notamment l'absence de qualification pour les playoffs du Championnat du monde 2023 et la défaite de G2 Esports face au champion des LCS, ne plaident clairement pas en faveur de l'Europe.
La scène de la Riot Games Arena @RiotGames
Les débats actuels mettent en lumière le format récemment modifié du LEC pour la saison 2024, qui semble ne pas optimiser la préparation des équipes européennes face aux géants internationaux. Malgré l'adoption de 3 splits annuels et de légères modifications, les matchs de saison régulière en BO1 et un système de playoffs à double élimination avec des premiers matchs en BO3 évoluant vers des BO5 ne semblent pas suffisamment préparer les équipes pour les défis mondiaux. En particulier, la Karmine Corp et Team Vitality pour ne citer qu'elles en tant que représentant français, ont éprouvé des difficultés dès le début du LEC 2024, se trouvant rapidement sous pression à cause du format compact du tournoi. La préparation et l'adaptation au niveau de compétition représentent des défis majeurs pour ces équipes, qui doivent améliorer leur stratégie et leur cohésion.
Le format du LEC seul en cause ?
L'inquiétude prévaut quant à la capacité du LEC à rivaliser à l'international, notamment lors du MSI et des Worlds. L'accent est mis sur la nécessité d'ajustements pour que les équipes européennes puissent relever les défis imposés par les régions dominantes. La réévaluation du format de compétition, avec une possible adoption de matchs en BO3 sur toute la saison régulière à l'instar des ligues LCK et LPL, est suggérée pour mieux préparer les équipes. Toutefois, Riot Games montre une réticence à aligner le format du LEC sur celui de la LCK, arguant d'une consommation différente de League of Legends en Europe par rapport à la Corée du Sud ou à la Chine.
Malgré l'éclat de G2 Esports en tant que leader du LEC, la performance générale des équipes européennes soulève des doutes sur leur compétitivité future à l'échelle mondiale. Des ajustements dans le format et les méthodes d'entraînement pourraient s'avérer cruciaux pour améliorer les perspectives internationales des équipes européennes. La route vers le succès international est semée d'embûches, mais une réévaluation stratégique pourrait éviter au LEC de se retrouver dans une position délicate sur la scène mondiale.
La scène de la Riot Games Arena @RiotGames
En explorant les défis auxquels le LEC est confronté, il devient évident que plusieurs facteurs contribuent au niveau perçu comme faible de la compétition européenne, au-delà du format de jeu, en particulier lorsqu'il est comparé à celui des géants de la LPL et de la LCK. Ces problématiques, combinées à celles récemment soulevées, offrent une vue d'ensemble plus complète des obstacles à surmonter. Cette situation n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat de multiples facteurs entrelacés qui vont bien au-delà du format de compétition souvent critiqué pour son manque d'adéquation avec les besoins d'une préparation optimale à l'international.
Un problème multiple et plus profond
Premièrement, la prééminence de G2 Esports depuis plusieurs saisons, bien que témoignant de son excellence, révèle également une absence de rivalité soutenue au sein du LEC. Cette dynamique unilatérale freine l'évolution collective, car c'est dans le défi et la confrontation que naissent l'innovation et la progression. Sans adversaires de taille pour les pousser dans leurs retranchements, même les plus grands risquent de stagner, se privant de l'impulsion nécessaire pour repousser leurs limites et explorer de nouvelles stratégies. Au final, et comme nous avons pu le constater à plusieurs reprises, le plus grand adversaire de G2 Esports aujourd'hui est lui-même.
Parallèlement et surement en lien de cause à effet, un problème de mentalité semble s'être installé, caractérisé par une confiance peut-être trop ancrée et un manque de remise en question. Cette attitude, si elle n'est pas contrôlée, peut mener à une préparation insuffisante et à une rigidité stratégique, rendant difficile l'adaptation rapide à la méta évoluant constamment sur la scène internationale. Le défi est donc double : maintenir une confiance équilibrée tout en cultivant une culture de l'évaluation critique permanente et de l'adaptabilité. Promouvoir une culture de l'excellence, de l'innovation et de la remise en question au sein des équipes est fondamental. Cela nécessite un encadrement professionnel diversifié, capable d'accompagner les joueurs dans leur développement intégral, tant sur l'aspect du jeu que sur le plan mental et stratégique.
Le trophée du Winter Split @RiotGames
Le modèle européen lui-même, dans sa structure actuelle, semble nécessiter une révision. La stagnation mentionnée n'est pas seulement le résultat d'une dynamique de compétition, mais aussi d'une approche peut-être trop conservatrice dans le développement des talents et l'innovation stratégique. L'intégration insuffisante de nouveaux talents issus des European Regional Leagues (ERL) illustre ce point. La réticence à s'éloigner du recyclage des vétérans pour embrasser pleinement le potentiel des nouveaux venus limite le renouvellement nécessaire à l'injection d'idées neuves et d'énergies fraîches au sein du LEC. Bien que le choix de vétérans reconnus sur la scène européenne, tels que Wunder, Jankos et Perkz, recrutés par Team Heretics, puisse sembler être une option fiable, l'approche contrastée de MAD Lions KOI, qui a parié sur une formation principalement constituée de quatre rookies sous la tutelle d'un seul vétéran, mérite une attention particulière. Ce choix audacieux, initialement accueilli avec scepticisme, notamment visible à travers leur position souvent modeste dans les Power Rankings français en début de saison, a démontré sa valeur. Malgré les attentes élevées placées sur d'autres équipes comme Team BDS et la Karmine Corp, MAD Lions KOI a su tirer profit de leurs contre-performances pour s'illustrer remarquablement, finissant dans le top 2 et réalisant un parcours impressionnant en remontant le Losers' Bracket. Même si on ne sait pas encore si MAD Lions KOI pourra réitérer cet exploit aux prochains splits, cette réussite met en lumière l'importance d'oser investir dans la jeunesse, soulignant que la revitalisation du LEC pourrait bien passer par une plus grande ouverture aux innovations et au sang neuf.
Face à ces multiples enjeux, la voie vers le renouveau passe par plusieurs axes stratégiques et un changement de mentalité. Riot Games, en tant qu'organisateur, doit prendre l'initiative de réformer le format de compétition pour favoriser une plus grande compétitivité et flexibilité stratégique. En parallèle, il est crucial de renforcer les passerelles entre les ERL et le LEC, afin de garantir un flux constant de talents émergents vers la scène principale.
Ligue ouverte contre ligue fermée
On ne peut aborder les problèmes du LEC sans évoquer le bras de fer qui fait rage depuis plusieurs années sur le fait que le LEC soit une ligue fermée, et ce, depuis 2019. Cette transformation suscite dès lors un débat animé au sein de la communauté, scindant les opinions en deux camps principaux : ceux favorables à la structure actuelle et ceux prônant un retour à un système ouvert. Chaque groupe avance des arguments solides, reflétant la complexité de la question quant à l'impact de ce format sur la compétitivité de la ligue.
Les partisans de la ligue fermée soulignent que cette structure offre une stabilité financière accrue pour les équipes. Dans l'absolue et sans la menace constante de la relégation, les organisations peuvent se permettre de faire des investissements à long terme, tant dans le développement des joueurs que dans l'amélioration de leurs infrastructures. Cela leur permet de planifier sur plusieurs années, favorisant une croissance soutenue et l'établissement de marques fortes et stables dans l'écosystème du League of Legends. De plus, cette stabilité attire des sponsors et des investisseurs, contribuant à la professionnalisation et à l'expansion de la scène. On a cependant bien vu au cours de ces années que ce système à ses limites, les équipes jouant la carte de l'investissement minimum sur de nombreux domaines et tentant de surfer sur une vague artificielle, ce qui permet aux opposants à la ligue fermée de faire leurs choux gras.
Les finalistes du LEC Winter Split 2024 @RiotGames
L'absence de relégation peut mener à une complaisance des équipes établies, réduisant l'urgence et l'impératif de performance constante. Une ligue ouverte, avec un système de promotion et de relégation, encouragerait une compétitivité accrue en offrant aux équipes des ligues inférieures l'espoir et l'opportunité de se hisser au plus haut niveau. Cela stimulerait l'innovation stratégique et le développement des talents à travers toutes les strates de la compétition, renforçant ainsi la profondeur et la vigueur de la scène compétitive européenne dans son ensemble. L'équilibre entre stabilité et compétitivité représente un défi majeur pour le LEC.
La question est de savoir si le LEC gagnerait en compétitivité en redevenant une ligue ouverte. Si les ligues fermées favorisent l'investissement et la stabilité, elles peuvent également conduire à un certain immobilisme si les équipes ne ressentent pas la pression de devoir constamment évoluer pour rester au top. En revanche, la dynamique d'une ligue ouverte, avec le risque de relégation et l'espoir de promotion, crée un environnement où la performance immédiate est cruciale, poussant potentiellement les équipes à innover et à se surpasser continuellement. Toutefois, la transition vers une ligue ouverte devrait être abordée avec prudence, en veillant à ce que les équipes et les joueurs disposent du soutien nécessaire pour gérer la pression et les défis associés à un tel changement. Il serait également essentiel de s'assurer que les structures entrantes bénéficient d'un cadre leur permettant de concurrencer équitablement les équipes établies, évitant ainsi un déséquilibre compétitif qui pourrait nuire à l'intégrité de la ligue.
Pour une renaissance compétitive : repenser l'avenir du LEC
Comme on peut s'en douter un peu, la question du niveau de jeu perçu comme faible au sein du LEC est un sujet complexe, qui ne peut être attribué à une seule cause. En examinant les multiples facteurs - depuis le format de la ligue, la gestion du talent, jusqu'à la structure même de la compétition - il devient clair que chaque aspect joue un rôle dans la performance globale des équipes européennes sur la scène internationale. Le débat sur la ligue fermée versus une ligue ouverte, la nécessité d'injecter du sang neuf via les talents des ERL, et la question de la complaisance stratégique sont autant de points qui méritent une attention sérieuse.
Il est essentiel de reconnaître que la critique du niveau de jeu actuel ne doit pas se transformer en un simple exercice de pointage du doigt ou de chasse aux sorcières, mais plutôt un catalyseur pour une introspection constructive au sein de la communauté. La possibilité d'un avenir où le LEC rivalise plus efficacement sur la scène internationale repose sur la capacité de la ligue et de ses acteurs à vouloir et accepter le changement, à expérimenter avec audace et à se remettre en question de manière continue. Cela pourrait impliquer de revisiter des idées précédemment écartées, d'explorer de nouveaux formats de compétition, ou même de repenser la manière dont les talents sont développés et intégrés au sein des équipes.
G2 Esports remporte le LEC Winter Split 2024 @RiotGames
En conclusion, bien que le niveau de jeu du LEC soit actuellement perçu comme faible par certains, cette situation présente également une opportunité unique pour la ligue de se réinventer. Le potentiel pour une renaissance compétitive existe, pourvu qu'il y ait une volonté collective de s'engager dans des réformes significatives.
Modifié le 28/02/2024 à 10:44
Je me permet d'editer car le constat est encore pire :
G2 aura jouer 21 match sur le winter
En comparaison de 9 pour Rogue et KC, ils n'auront pas jouer sur scène depuis le 29 Janvier ( 6 semaines ) comment peux-tu savoir si ton entrainement est efficace ? Ça accentue le fossé d'une part, ça doit démotiver toute l'équipe entre temps, et pour finir ça affaiblis et empêche la concurrence.
Pareil pour les autres équipes : Heretics et GX n'auront pas jouer depuis 4 semaines.
Ils faut revenir au format à minima double BO1 avec une super week à la dernière journée pour optimiser les chance pour les derniers à la fin du split et des playoffs sans looser bracket.
Il faudrait arrêter de prendre des joueurs étrangers en LEC.