FlyQuest vise haut après un été 2024 réussi, mais entame le Spring Split 2025 avec des incertitudes après un Winter split décevant. Dans une interview à LCSProfiles, Bwipo dresse un bilan honnête : il estime que l’équipe n’est pas encore au niveau des meilleures, malgré les attentes.
FlyQuest cherche encore son équilibre
FlyQuest sort d’une année 2024 marquée par une victoire en Summer Split et une performance remarquée aux Worlds. Pourtant, à l’approche du Spring Split 2025, le discours est plus réservé. Dans une interview accordée à LCSProfiles, Gabriel "Bwipo" Rau livre une analyse franche du niveau actuel de son équipe, de la culture interne en construction, et de ses propres limites dans la dynamique collective.
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Dès les premières questions, le toplaner belge ne cherche pas à embellir les faits. Pour lui, FlyQuest est aujourd’hui à sa place : « En ce moment, on est la quatrième équipe de la ligue. Je pense que 100 Thieves, Cloud9 et Team Liquid sont meilleurs que nous ». Un constat clair, qui repose selon lui sur une simple réalité : « On a perdu contre 100T. Ils nous ont exposés sur des failles que l’on pensait avoir comblées. Ils ont exploité notre jeu ».
Selon Bwipo, il est inutile de se raconter des histoires. La première étape pour progresser passe par l’acceptation des lacunes : « Faire comme si on était la deuxième meilleure équipe et qu’on dominait, ça ne mène à rien. Il faut être honnête ». Il assume que FlyQuest reste encore trop rigide dans sa façon de jouer, et manque d’un plan clair pour faire émerger un joueur fort autour duquel construire : « On a du mal à identifier où on gagne un avantage, et ensuite à jouer autour de ça pour le transformer en objectif ».
La culture Fnatic comme modèle
S’il se montre critique, Bwipo n’est pas désabusé. Il tente aujourd’hui de recréer chez FlyQuest une culture de travail qu’il a connue à son apogée avec Fnatic. À l’époque, entre 2018 et 2020, il formait un noyau solide avec Rekkles et Hylissang. Une entente atypique, fondée moins sur la camaraderie que sur une confiance absolue dans l’engagement de chacun.
« On ne traînait pas ensemble en dehors du jeu. Je passais dix, quinze minutes par jour avec Hyli, à marcher pour rentrer. Mais au bureau, il y avait une confiance totale. Peu importe si j’étais à 0/6 ou 6/0, je faisais mon boulot ». Ce qu’il recherche aujourd’hui, c’est cette autonomie responsable où chaque joueur tire son propre poids, tout en étant libre dans sa façon de le faire : « Tu pouvais jouer ce que tu voulais. Tu disais ce que tu voulais en draft, et les autres s’adaptaient pour te faire briller ».
Il considère cette période comme la meilleure de sa carrière. « Mes meilleures années, c’étaient 2019 et 2020. J’étais très bon pour tirer plus de poids que ce qu’on m’avait assigné. Ça a facilité la tâche à mes coéquipiers ». Une dynamique qu’il essaie de reproduire aujourd’hui, même s’il reconnaît que cela demande du temps, de la cohésion, et une confiance collective qui n’est pas encore complètement en place.
Un vétéran en introspection
Au fil de l’interview, Bwipo affiche un ton posé, presque introspectif. Il reconnaît que son implication sociale avec ses coéquipiers est limitée, et qu’il tend à s’isoler en période de bootcamp : « Je suis un peu élitiste : je ne fais rien en dehors du jeu, je m’entraîne. Mes coéquipiers sont allés au centre commercial, ont pris des photos… moi non ». Il relie cette attitude à sa culture personnelle : « Je viens d’un environnement où chacun tire ses 20 kilos dans son coin, et essaie d’en faire plus ».
Il admet pourtant que ce comportement peut poser problème : « Peut-être que c’est un sujet à discuter avec mes coéquipiers. J’essaie de me concentrer sur moi-même, car c’est ce qui m’a rendu performant. Mais je sais aussi que je suis imparfait, comme joueur et comme homme ».
Son expérience, marquée par des hauts et des bas, le pousse aujourd’hui à adopter un discours plus mesuré que par le passé. « Il y a quelques années, j’aurais peut-être tout expliqué publiquement sur ce qui ne va pas dans notre dynamique d’équipe. Mais maintenant, je pense que ce ne serait pas correct ».
Sous pression après les Worlds
Bwipo identifie un phénomène bien connu : la pression qui suit une belle performance. Pour lui, FlyQuest paie aujourd’hui les attentes élevées créées par ses résultats de 2024 : « Quand tu reviens d’un bon Worlds, tu entres dans le split suivant avec beaucoup d’attentes. Et quand tu n’es pas au niveau, ça descend — et ça continue de descendre ». Il estime que cette pression externe et interne rend plus difficile le retour à une dynamique de travail saine.
Le Split 2 de la ligue LTA débutera le 5 avril avec la première journée de la Positioning Phase, une phase initiale de trois semaines durant laquelle les dix équipes s’affronteront en Bo1. À l’issue de cette étape, elles seront réparties en deux groupes. FlyQuest affrontera Team Liquid dès la première semaine. Un premier test important, que Bwipo voit comme une occasion de mesurer le vrai niveau de son équipe : « Ce sera une excellente opportunité de montrer ce qu’on vaut réellement. Pas besoin de s’auto-convaincre avant de l’avoir prouvé sur scène ». S’il reconnaît les manques actuels de FlyQuest, Bwipo n’abandonne pas l’idée de retrouver une cohésion forte, bâtie sur la responsabilité individuelle et la confiance mutuelle.