Harstem et MajOr ont annoncé leur départ d'Invasion eSport.
Fondée en décembre 2013, l'équipe française Invasion eSport a commencé à faire parler d'elle en septembre 2014 en recrutant des gros noms de la scène internationale. Cette structure sortie de nulle part s'est successivement offerte TAiLS, TOP, Super, BBoong², GuMiho et DongRaeGu en l'espace de quelques mois, et ce, sans aucun sponsor officiel. La rédaction *aAa* menait alors une mini-enquête publiée en octobre et dont la conclusion n'était pas vraiment rassurante : tous les éléments d'un scam étaient réunis. Plus tard, interrogé par Aeromi sur TeamLiquid, Sebou, manager de l'équipe, évoquait l'existence d'un sponsor, LibriT, sans convaincre qui que ce soit.
En février 2015, nous étions allés à la rencontre d'Ana Negueruela, fraîchement démise de ses fonctions de manager chez Inv, pour essayer d'en apprendre plus. Très professionnelle, mais également plus proche des joueurs que de l'équipe dirigeante comme l'a prouvé son éviction, l'actuelle "Player Experience Manager" d'ESL a démenti les principales accusations à l'encontre d'Invasion eSport, en admettant toutefois sa relative ignorance. Le grief le plus important de l'affaire était l'existence supposée d'un lien financier entre GEM et Invasion eSport. L'agence de joueurs coréenne a en effet pris contact avec Invasion eSport pour leur confier Super, puis d'autres joueurs comme GuMiho. GEM appartient au groupe Sapinda, une société d'investissement soupçonnée depuis plusieurs années de blanchir de l'argent, notamment à travers la plateforme Azubu. La fraude fiscale est malheureusement très répandue en Corée du Sud, et n'épargne pas l'esport, comme l'a prouvé l'affaire SBENU l'année passée.
Sonic, pilier de l'esport coréen, coupable d'une fraude fiscale à plusieurs millions
La relation entre Sapinda, GEM et Invasion n'a cependant jamais pu être prouvée, puisque le groupe Sapinda n'a jamais été mis en danger par les autorités. Invasion eSport a depuis continué son petit bonhomme de chemin après avoir toutefois perdu l'intégralité de ses joueurs coréens dans la première moitié de 2015. En juin 2015, elle signe un partenariat avec ... SBENU, association dont on ignore encore aujourd'hui les tenants et aboutissants. En août 2016, Choya, manager de MVP, l'équipe de GuMiho, tire un premier signal d'alarme sur Twitter.
Gumiho has not received $5000 + Dreamhack prize money + Plane ticket fees from the manager of Invasion E-sports, Sebou. We have been waiting
— 이형섭 (@MVPChoya) 1 août 2016
C'est ensuite au tour de Legend, manager SBENU, d'y aller de sa contribution.
Invasion has partnered with us for 6 months and haven't paid us 4 of the 6 months for our contracts.
— 이선종 (@Startale_Legend) 1 août 2016
Les deux affaires n'ont jamais été résolues, et Sebou n'a jamais utilisé son droit de réponse. Aujourd'hui, ce sont Harstem et MajOr qui ont annoncé leur départ de l'équipe pour des raisons similaires.
As of today I am not longer part of Invasion esports. The main reason is that we haven't been paid out our DH Montreal money yet. 1/2
— Kevin de Koning (@HarstemSc2) 16 janvier 2017
Neither major or me has received DH Montreal pricemoney and the man in charge seems to have dissapeared off the face of the earth. 2/2
— Kevin de Koning (@HarstemSc2) 16 janvier 2017
La DreamHack Montréal a eu lieu en août 2016 et a vu la victoire de TRUE face à Polt. MajOr et Harstem y ont respectivement gagné 6000$ et 4000$ dont ils n'ont jamais vu la couleur. Officiellement, l'équipe Invasion eSport n'est plus composée que de Lambo, NightEnD et Miniraser, trois joueurs avec qui il ne risque pas d'y avoir de problèmes d'impayés étant donné leurs résultats ces dernières années. (NDLR : Quelques heures plus tard, Lambo a également annoncé son départ).
Il est fréquent que les organisations servent d'intermédiaire pour toucher les cashprizes pour des questions d'imposition. En effet, un joueur est taxé sur ses gains en compétition (à hauteur de 50% dans certains pays), ce qui n'est pas le cas d'une organisation à but non lucratif..
"Prize money policy" de la DreamHack
Cet arrangement à l'amiable a bien évidemment des conséquences tragiques dans des cas comme celui-ci où l'équipe dirigeante n'est pas digne de confiance. Invasion eSport aura survécu davantage que prévu, mais un scam reste un scam.
Modifié le 17/04/2019 à 15:07
Modifié le 17/04/2019 à 15:02