La LPL, ligue phare de League of Legends en Chine, connaît une révision salariale sans précédent qui pourrait bouleverser son paysage compétitif. Avec un plafond salarial imposé et plusieurs équipes en difficulté financière, la fuite de certains talents semble inévitable, fragilisant l’avenir de la scène chinoise.
vers une baisse inédite des salaires
Alors que la LPL se prépare pour la saison 2025, la ligue chinoise est en train (par obligation) de repenser profondément son fonctionnement économique. Selon des informations rapportées par LPL France, un plafond salarial serait bel et bien imposé aux équipes dès la saison prochaine, limitant le budget d’une formation entière à environ 1,4 million d’euros par mois. En moyenne, cela place les salaires des joueurs autour de 280 000 à 300 000 euros par mois (en partant sur un roster de seulement 5 joueurs sans remplaçant), une baisse drastique par rapport aux rémunérations actuellement en cours pour certains joueurs stars qui ont fait la réputation de la ligue. Pour donner un ordre de comparaison, JackeyLove, star emblématique et botlaner de la formation de Top Esports, toucherait actuellement environ 660 000 euros par mois.
JackeyLove serait pas loin des 8 millions d'euros annuels (c) Riot Games
En parallèle, Yuuu apporte des précisions supplémentaires en soulignant que le plafond salarial serait modulé en fonction des performances individuelles et de l’impact personnel des joueurs, avec des salaires dégressifs en fonction des résultats nationaux et internationaux. Par exemple, les joueurs non importés auraient un plafond de 1 million USD, auquel pourrait s’ajouter une prime maximale de 28 000 USD pour les joueurs ayant un fort impact personnel, ce qui limiterait leur salaire à 1,3 million USD par an, soit une baisse de 20 % par rapport au maximum actuel de 1,7 million USD. Pour les joueurs importés ayant atteint le top 4 aux Worlds, le plafond salarial pourrait atteindre 1,5 million USD, mais ce montant serait avant impôts.
Sans surprise, ce nouveau cadre financier suscite des inquiétudes, notamment en raison de son impact potentiel sur les talents coréens qui risquent de quitter la ligue pour d’autres régions. Ces restrictions salariales sont le symptôme d’une crise plus profonde : plusieurs clubs de la LPL se trouvent en difficulté financière, et certains, comme Invictus Gaming, seraient même au bord de la faillite.
Les possibles conséquences de cette baisse salariale pour la LPL
Une fuite inévitable des talents
La LPL, réputée pour ses salaires généreux, pourrait bientôt être confrontée à un exode massif de ses joueurs vedettes vers d’autres ligues. En premier lieu, les joueurs coréens, qui constituent une part non négligeable des effectifs, pourraient désormais voir leur avenir en LPL remis en question par la baisse des salaires. Cela pourrait bien renforcer les ligues concurrentes, bien que chacune doit également faire face à ses propres défis. Le LEC, par exemple, doit composer avec des budgets qui ne sont pas forcement plus conséquents que ceux de la LPL et avec une stabilité financière en dents de scie. Cependant, la ligue européenne conserve un certain attrait pour les talents étrangers grâce à sa visibilité et à son vivier de fans engagé. Bien que les conditions salariales en LEC ne soient pas forcement compétitives face aux standards de la LPL, certains joueurs chinois et coréens pourraient voir dans l'Europe une opportunité de continuer à évoluer au haut niveau. Mais il ne faut pas de leurrer, la crise touche actuellement tout le monde, et toutes les ligues du circuit League of Legends sont touchées.
Aux États-Unis, Riot Games a annoncé une refonte majeure pour la saison 2025, introduisant une nouvelle structure appelée la Ligue des Amériques (LTA), qui regroupera des équipes des LCS, de Ligue Latinoaméricaine (LLA) ainsi que celles de la ligue brésilienne (CBLOL). Cette nouvelle organisation, qui sera divisée en deux conférences (Nord et Sud) vise à renforcer la compétitivité en augmentant les opportunités et en consolidant le vivier de joueurs nord et sud-américains. Avec cette restructuration, les équipes de la LTA espèrent notamment redynamiser la ligue. Les équipes devraient beneficier de nouvelles incitations financières et de programmes de soutien, faisant de l'Amérique un marché plus attractif pour ceux qui cherchent un environnement compétitif et une stabilité accrue. Ainsi, le départ des talents de la LPL pourrait bien bénéficier à cette nouvelle scène américaine, qui mise sur une transformation en profondeur pour regagner sa place parmi les ligues compétitives mondiales.
La fragilité financière de certains clubs emblématiques, un modèle économique à repenser
La baisse des salaires pourrait être directement liée aux difficultés financières de plusieurs clubs de LPL, ou tout du moins, il pourrait y avoir un lien de cause à effet. Cinq équipes seraient actuellement en zone rouge, dont des formations historiques comme Royal Never Give Up, EDward Gaming, OMG, et Team WE. De son côté, Invictus Gaming est en situation critique, au bord de la faillite après des années de difficultés financières depuis au moins 2022. En parallèle, plusieurs équipes seraient en discussion pour quitter la ligue, avec probablement RNG et IG en tête. Selon Yuuu, des organisations comme Rare Atom, LGD, et Ultra Prime chercheraient également à quitter la ligue, en négociant leur sortie. Ce possible retrait de plusieurs équipes pourrait aggraver la crise d’attractivité de la LPL, réduisant encore le nombre de clubs compétitifs et accélérant le processus de restructuration de la ligue.
Les champions du monde 2018 sont dans le dur financièrement (c) Riot Games
La limitation salariale pose également la question d’un nouveau modèle économique pour la LPL. Si les restrictions sont inévitables pour assurer la survie financière de la ligue, elles remettent en cause l’image d’excellence et de domination qui faisait la force de la scène chinoise. Les équipes devront non seulement revoir leur stratégie de recrutement, mais aussi se concentrer sur le développement interne des talents locaux pour compenser le départ probable de stars étrangères. Après avoir dépensé sans compter au cours de ces dernières années pour tenter de devenir la meilleure ligue du monde, la LPL va devoir indubitablement revoir son modèle économique pour essayer de traverser cette crise.
La suppression des équipes académiques en LDL : un écho de la crise économique ?
Cette crise financière est accompagnée d’une autre décision stratégique potentielle : la suppression des équipes académiques en LDL, la ligue de développement chinoise. Selon les dernières informations, les équipes LPL ne seraient plus obligées de maintenir une formation en LDL d’ici 2025. Cinq clubs seraient déjà prêts à renoncer à cet engagement, une mesure qui pourrait permettre aux équipes de se concentrer sur leur effectif principal et de limiter les dépenses. Les conséquences de cette suppression seraient significatives. La LDL a toujours joué un rôle essentiel dans la formation des jeunes talents chinois, alimentant la LPL en rookies et assurant la relève pour les équipes de haut niveau. Abandonner cette structure de développement pourrait limiter l’accès des jeunes joueurs aux infrastructures professionnelles et drastiquement ralentir le renouvellement des effectifs en LPL.
Cette décision rappelle l’expérience du LEC en Europe, qui a supprimé en 2020 l’obligation pour les équipes de maintenir une formation en ligue régionale. Aujourd’hui, seules quelques organisations de LEC investissent encore dans une équipe secondaire, et le manque de développement des rookies a un tantinet affaibli le réservoir de talents européens, mais fort heureusement, certaines ligues ERL, comme la LFL, arrivent encore à avoir un impact sur le scouting de joueurs en culotte courte. Cela étant dit, si la LPL suit cette voie, elle pourrait rencontrer les mêmes obstacles et voir son vivier de jeunes joueurs s’appauvrir progressivement.
Une LPL en mutation profonde, un mal pour un bien ?
Les nouvelles informations sur la crise économique en LPL mettent en lumière la mutation que subit la ligue chinoise. La baisse des salaires, les difficultés financières de plusieurs clubs, et la probable suppression des équipes académiques témoignent d’un virage stratégique pour la ligue. Si certaines équipes emblématiques comme Invictus Gaming et Royal Never Give Up devaient effectivement quitter la LPL, cela représenterait une perte majeure en termes d’héritage. Cependant, cette période de transition pourrait aussi offrir l’occasion d’un renouveau et d’une révision du modèle qui a soutenu la ligue durant des années. D'après de plus récentes informations, le nombre d'équipes évoluant en LPL pourrait diminuer la saison prochaine, confirmant ainsi le départ de certaines organisations.
La Chine a un point fort : un nombre gigantesque de joueurs (c) Riot Games
Avec la fin de l’ère des salaires extravagants, la LPL pourrait se réorienter vers un modèle économique plus réaliste et plus durable. En renonçant à la surenchère salariale, les équipes chinoises pourraient réduire leur dépendance et mieux adapter leur structure budgétaire. Cela pourrait conduire à un système plus équilibré, où les clubs privilégieraient des investissements plus stratégiques, tout en s’attachant à recruter des jeunes talents et à développer un vivier local compétitif. Le départ potentiel des talents étrangers et la suppression des équipes académiques en LDL soulèvent cependant la question de l’auto-suffisance de la LPL. Dans un contexte où l’importation de stars internationales devient moins rentable, les équipes chinoises devront sans doute investir davantage dans la détection et la formation de jeunes joueurs locaux. Cette approche, bien que coûteuse à court terme, pourrait redonner à la LPL une identité plus locale, en encourageant l’émergence de joueurs chinois formés dès le départ aux exigences de la compétition domestique.
Lassée par les budgets démesurés et les attentes élevées, la LPL pourrait aussi travailler sur des éléments de revalorisation de son image auprès des fans. La saison 2025 s'annonce comme potentiellement cruciale pour la ligue chinoise.