Après le départ des filles de Dignitas sur Valorant, ce sont maintenant l'ensemble de celles de chez XSET qui ont décidé de prendre le même chemin. Suite à la pandémie de COVID-19, la scène féminine occidentale est donc la première victime du monde d'après sur CSGO, un monde où les filles jouent à Valorant.
Victoire par KO de Riot Games
Les dernières championnes du monde auront donc été les Américaines de chez Dignitas en 2019 lors de l'Intel Challenge Katowice organisés par l'ESL. Depuis aucun tournoi LAN ou même en ligne n'a permis de rassembler le gratin mondial, sachant que désormais les meilleures joueuses sont toutes parties vers d'autres horizons, il n'y a aujourd'hui plus grand chose à espérer. Ne reste plus finalement que quelques survivantes, tout d'abord en Amérique les Counter Logic Red naviguent encore entre les deux jeux que sont CSGO et Valorant même si, officiellement, elles ont fait le choix pour l'instant encore de rester sur celui de Valve. En Europe il demeure les filles de chez Nigma Galaxy (ex-Galaxy Racer) et, plus récemment GODSENT a recruté aussi une section, mais sans participer aux tournois mixtes on voit mal l'intérêt d'une telle stratégie. Pour le reste c'est morne plaine avec une dernière véritable compétition qui s'est tenue fin avril 2021 pour les Européennes avec le GIRLGAMER Challenge Europe, tandis qu'en Amérique il faut remonter à décembre 2019 pour voir un événement suffisamment important pour rassembler les meilleures équipes locales ; il s'agissait des qualifications pour les World Electronic Sports Games, un événement dont les finales prévues initialement en Chine en mars 2020 auront été annulées pour cause de pandémie.
Les denières championnes du monde, Dignitas en mars 2019 (c) ESL
Il faut bien avouer que tout au long de son histoire et cela depuis la première Coupe du Monde lors de l'ESWC 2003 de Poitiers, la scène féminine a toujours souffert de deux difficultés permanentes : la première étant le faible engouement des téléspectateurs pour ces tournois considérés comme des compétitions de seconde zone, et la seconde demeure l'éternel débat de savoir pourquoi séparer les filles des hommes sur les jeux vidéo. Pourtant quelques structures et sponsors ont toujours voulu avoir un pied dans ce monde particulier composé d'un faible nombre de joueuses, d'investissements relativement faibles et de retours commerciaux peu visibles. Mais depuis presque 2 ans maintenant et le début de la pandémie de COVID-19, il n'y a pas eu de LAN pour les filles et vraisemblablement cela aura terminé d'achever une scène qui vivait sous perfusion depuis sa création.
Valorant a permis l'apparition d'un nouvel eldorado où les Françaises se sont très rapidement engouffrées. On retrouve notamment les filles de chez TENSTAR Nova qui comptent dans leurs rangs la championne du monde 2014 sur CSGO Clara "Cla" Rossi. On pourrait citer également des Lux Nova coachées par le banni de CSGO Morgan "B1GGY" Madour ou tout simplement expliquer que depuis le mois d'avril 2021 plus d'une dizaine de compétitions 100% féminines se sont jouées sur Valorant, pendant que Counter-Strike: Global Offensive n'avait pas suffisamment de candidates pour participer à son Ambush Summer Cup 2021. Et malgré cette situation de bascule quasi-complète sur un nouveau jeu, certaines survivantes poursuivent leur aventure sur le FPS de Valve cette fois en jouant dans des équipes ou des tournois mixtes. C'est le cas des filles de Counter Logic Red en Amérique qui n'ont plus aucune concurrence féminine sur leurs terres et se sont donc lancées dans l'aventure de la Fragadelphia 15 il y a quelques semaines en jouant l'étape qualificative de Denver puis les finales de Philadelphie. Ou encore quelques visages ici ou là qui émergent en ESEA dont la Française la plus connue est certainement Rachel "racheLL" Kujawa, classée meilleure mondiale individuellement il y a quelques jours.
Le classement individuel des joueuses en septembre 2021 (c) FemaleCS.com
Seule l'Amérique du Sud possède encore de nos jours un circuit féminin distinct, structuré et même professionnel. On y retrouve les plus grandes organisations locales et chacune d'entre elles se rencontrent régulièrement dans des tournois, principalement grâce au soutien de Game XP et Gamers Club. Made in Brazil, FURIA, Havan Liberty ou encore Jaguares Esports, le Brésil regroupe la quasi-totalité de l'activité sur ses terres, ne laissant que peu de place à ses voisins même si son rayonnement permet à quelques sections de voir le jour chez ses voisins comme Aorus Vision en Argentine ou Tren-Kai au Chili. Alors comment nos camarades du Sud vont-ils faire évoluer cet univers totalement féminin qui est aujourd'hui disparu chez nous ? Trouveront-ils la recette miracle permettant de répondre aux deux problématiques récurrentes : le nombre de téléspectateurs et la qualité du spectacle proposé ? Pour l'heure ils ne semblent pas suivre un chemin très différent du nôtre, les filles sont là-bas aussi victimes d'insultes, les compétitions ont une très faible audience et lorsqu'elles jouent des compétitions mixtes elles se font sortir dès les premiers tours -dernier exemple en date les filles de chez MIBR qui ont tenté la qualification pour le premier RMR d'Amérique Latine et ont pris un sévère 16-03 dès le deuxième tour par River Plate classé 235ème mondial à l'époque.
En attendant les anciennes XSET jouent aujourd'hui sous le tag The Originals sur Valorant et elles commencent plutôt bien leur aventure malgré leur faible entraînement. Avec deux premières victoires 13-0 dans le VCT Game Changers Series 1, elles vont désormais devoir se frotter au gratin européen lors des phases finales. Leur duel est prévu le 30 septembre à 19h contre les Turcs de Fire Flux Female. A titre de comparaison, cette compétition Valorant a permis de rassembler 49 équipes entièrement féminines en provenance des quatre coins du vieux continent, pendant que l'Ambush Summer Cup 2021 sur CSGO n'avait même pas réussi à en avoir 13. Et pendant ce temps-là la structure américaine XSET a également retrouvé de nouvelles joueuses à sponsoriser, sauf que ce n'est plus sur CSGO mais bien sur Valorant qu'ils ont eu aussi décidé de miser désormais.
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