Alors qu'à la fin des années 90 les joueurs s'attendaient logiquement à la suite de de Street Fighter II, Capcom surprit tout le monde en sortant Street Fighter Alpha. Dans ce troisième article de Waulk in History, nous allons revenir sur ce titre souvent méconnu.


Esport

Même si la série des Street Figher Alpha fut un succès commercial, les jeux n'ont pas pas la même aura que les Street Fighter principaux, et furent en partie éclipsés par la lourde aura de Street Fighter II toujours extrêmement populaire et de Street Fighter III sorti un an avant Alpha 3. Plusieurs tournois furent organisés, principalement aux États-Unis et au Japon. Celui qui est le plus resté dans les mémoires est le Battle by the Bay de 1996, à Sunnyvale en Californie, tournoi qui se délocalisera dans les années à venir à Las Vegas, prenant son nom actuel : Evolution Championship Series, couramment abrégé en EVO. Bien qu'accueillant majoritairement des américains, un Canadien (Dave Finnie) et un Koweïtien (Firas) se classèrent dans le top 8 sur Street Fighter II, un an avant le Red Annihilation sur Quake qui est considéré comme le premier événement esport international de l'histoire. Sur Alpha 2, le champion est Alex Valle sous le pseudonyme CaliPower. Deux ans plus tard, un événement présenté comme le championnat du monde de Street Fighter Alpha 3 est organisé chez l'oncle Sam, et voit se rencontrer pour la première fois le meilleur Américain présumé, Alex Valle, et le meilleur Japonais présumé, Daigo Umehara.

Malgré un bon départ, l'Américain s'incline devant la force de l'Akuma de Daigo, qui devient ainsi le premier champion du monde officieux sur Street Fighter. Street Fighter Alpha ne sera pas présent lors des événements principaux de l'EVO après la création de ce tournoi. Les joueurs qui s'illustrèrent sur ce titre furent notamment Ryo BAS Yoshida et John Choiboy Choi. Le jeu continue à être joué lors de certains tournois, le dernier tournoi majeur ayant accueilli la version Alpha 2 fut le COMBO BREAKER 2019, et le titre revint à Justin Wong, faisant de lui le joueur ayant gagné le plus d'argent sur ce titre, avec un total de 442 $. Paradoxalement, bien qu'il soit le premier champion du monde sur le jeu, Daigo n'a jamais gagné un dollar de cashprize, ceux-ci étant rares à l'époque (même s'il est probable qu'il ait gagné au total plus de 442 $, entre les tournois au Japon non référencés à l'époque et la valeur des lots de certains tournois).

Malgré leur manque de popularité en tournoi, les jeux Alpha eurent droit à deux films d'animation, dont le premier reprend la quête initiatique de Ryu et son désir de venger son maître, ainsi que la quête de Chun-Li en parallèle : Street Fighter Alpha: The Animation (2000). Street Fighter Alpha: Generations (2005), lui, ne se concentre que sur la quête de Ryu. Ce film d'animation inspirera en partie le meilleur film de la licence sorti à ce jour : Street Fighter: Assassin's Fist ou Street Fighter: Ansatsuken au Japon, sorti en 2014. Ce film retrace la quête de Ryu et Ken qui cherchent à en apprendre plus sur le passé de leur maître décédé, et s'arrête un peu avant le début de Street Fighter Alpha. C'était à la base un projet de fans britanniques, validé ensuite par Capcom. Web-série dépendante d'un Kickstarter au départ, des investisseurs privés rendirent finalement sa réalisation possible sans devoir recourir au Kickstarter, et les donateurs furent remboursés.

Bien que Funimation ait racheté les droits en 2015, le film est toujours disponible gratuitement sur Youtube en VO et en VF. Un autre film a vu le jour en 2009, qui, lui, se concentrait sur Chun-Li avant même le premier Street Fighter. Intitulé sobrement Street Fighter : La Légende de Chun-Li, le film massacre complètement le lore du jeu pour d'obscures raisons (juste pour l'exemple, Chun-Li devient une militaire américaine, au lieu d'une agent chinoise d'Interpol, probablement parce que du point de vue des producteurs, l'Américain ne pouvait pas ressentir d'empathie pour un personnage non-américain... Désolé, aucune justification plus crédible ne fut trouvée) et fut massacré par les critiques. Même Michael Clarke Duncan (John Coffey dans La Ligne Verte) ne put sauver le film du naufrage.


L'affiche du film. Bon ok, y'a pas JCVD mais ça en jette quand même !