Il a été remplacé chez Team Vitality il y a quelques semaines maintenant par le talentueux Jayson "Kyojin" Nguyen Van, pourtant aujourd'hui certains regrettent ce choix et rêvent de revoir Cédric "RpK" Guipouy sur les serveurs. Retour sur la carrière du tank.

La légende du tank

Malgré son âge qui en faisait dernièrement le joueur le plus vieux du top 30 mondial, Cédric "RpK" Guipouy n'a pas débuté sa carrière sur Counter-Strike 1.6 mais sur son successeur Source. Sur cet opus il aura su se faire un nom évoluant extrêmement rapidement jusqu'à atteindre le sommet de la hiérarchie mondiale, que ce soit sous les ordres de Kevin "Ex6TenZ" Droolans ou bien de Sébastien "krL" Pérez. Véritable brute de skill, possédant un style extrêmement agressif en attaque et une faculté incroyable à défendre les sites de bombes, c'est à cette époque qu'il prendra son surnom de tank. Cela symbolise d'ailleurs assez bien la place qu'il occupait, capable de tout défoncer en terroriste et d'être impossible à déloger en contre-terroriste.


RpK à l'ESWC 2012 avec VeryGames @HLTV.org

Toutefois sa carrière va connaitre une coupure, coupure qui interviendra quelques mois seulement après la sortie officielles de Counter-Strike: Global Offensive. A cette époque RpK joue encore sous le tag VeryGames aux côtés de Kevin "Ex6TenZ" Droolans, Nathan "NBK-" Schmitt, Kenny "kennyS" Schrub et Edouard "SmithZz" Dubourdeaux. Ces cinq là arrivent sur le nouvel opus de CS avec le statut de numéros 1 en provenance de Source, malheureusement pour eux ils seront bloqués par l'ogre Ninjas in Pyjamas composé de Patrik "f0rest" Lindberg, Christopher "GeT_RiGhT" Alesund, Adam "friberg" Friberg, Richard "Xizt" Landström et Robin "Fifflaren" Johansson. Les deux écuries se tirent la bourre dès la sortie de Global Offensive au mois d'août 2012 et pourtant jamais Cédric ne parviendra avec ses équipiers de l'époque à faire chuter les NiP. Cinq tournois verront pourtant ces deux formations s'affronter en finale, cinq fois où VeryGames devra s'incliner face à des Suédois juste intouchables. Cette situation, mais également l'absence de réel statut professionnel à cette époque, poussera RpK a prendre sa retraite et à se lancer dans sa seconde passion : l'automobile. Notons par ailleurs qu'en terme purement statistique, Cédric n'aura jamais été aussi bon individuellement qu'à cette époque.

C'est en décembre 2014 que Cédric "RpK" Guipouy reviendra aux affaires, après avoir passé deux ans à réparer des voitures et à travailler avec son père dans un secteur d'activité qui le passionne. Il n'a d'ailleurs jamais caché que son objectif à long terme était d'ouvrir son propre garage. Mais face à la professionnalisation du sport électronique, au passage de ses anciens camarades de Source chez Titan et au besoin pour ces derniers de recruter un joueur fiable après le bannissement de Hovik "KQLY" Tovmassian, RpK ne peut refuser une offre qui lui tombe littéralement du ciel. Lui qui avait totalement arrêté de joué, vendu son ordinateur, ne suivant strictement plus rien de la scène Counter-Strike, se voit offrir un vrai contrat professionnel, la possibilité de disputer des tournois tous plus prestigieux les uns que les autres et, le plus important, on lui donne du temps pour se remettre à niveau. Une telle proposition était un cadeau inespéré et Cédric saura saisir la main tendue par un de ses anciens camarades sur Source Jérôme "NiaK" Sudries (manager chez Titan à l'époque et aujourd'hui chez G2 Esports). Rétrospectivement on ne peut nier qu'il fallait sacrément être culotté pour aller rechercher un retraité, qui avait tout abandonné, pour le faire redevenir le champion qu'il était deux ans auparavant. Personne n'y croit d'ailleurs à l'époque, on se moque même des premières sorties du tank, et pourtant la suite donnera mille fois raison à NiaK.


RpK à l'ESL One: Katowice 2015 avec Titan @HLTV.org

Premier match officiel pour le retour de RpK, après seulement 1 mois d'entraînement, un match d'exhibition contre les Français d'Epsilon eSports (B1GGY, GMX, Uzzziii, fxy0 et ScreaM) et une victoire 2-0 (16-10 Inferno / 16-07 Dust2). Cédric ne sera pas spécialement à l'aise, mais c'était une fois de plus une chance de ne pas avoir trop de pression et de pouvoir se remettre en jambes en douceur. Mais son premier vrai souvenir, celui qui le plongera définitivement dans la nouvelle dimension qu'a pris l'esport à cette époque c'est l'ESL One: Katowice 2015 qui se jouait au mois de mars. Dans ce qui est devenue la capitale mondiale du sport électronique il prend vite goût à son nouveau statut de professionnel, à ce public de passionnés qui hurlent et aux conditions de jeu qui se sont grandement améliorées. Lui-même sera choqué par cette marée humaine qui vient réclamer des autographes, à ce véritable show digne des plus grande stars qui est organisé et dont il sera l'un des acteurs. Sur place Titan ne s'imposera pas et finira l'événement sans une seule victoire, mais maintenant c'était certain pour Cédric "RpK" Guipouy il n'allait pas relâcher la souris de si tôt. Lors de cette première année depuis son retour, Cédric arrive à retrouver un bon niveau individuel, en revanche c'est collectivement qu'il rencontre encore des difficultés tant les mécanismes du jeu ont évolué en l'espace de deux ans. Malgré tout son tempérament, celui qui a fait de lui un tank, lui permet de ne pas s'affoler et de travailler d'arrache-pied pour comprendre les tactiques, les grenades, les postes, bref tout ce qui lui manque finalement.

A ce sujet d'ailleurs, RpK avouera plus tard que jusqu'en 2017 il s'est toujours senti à la traine devant « courir après un train » qui filait à pleine vitesse. Deux ans de pause totale et donc deux années pour rattraper tout ce temps perdu, imaginez ne serait-ce qu'un instant si Cédric "RpK" Guipouy ne s'était jamais arrêté où il aurait pu aller ? Car malgré toutes ces difficultés dès cette année 2015 chez Titan, plusieurs résultats notables sont malgré tout réalisés. On se souvient de cette quatrième place lors du StarLadder StarSeries XII, la troisième en ESEA Saison 18: Global Invite Division ou encore la seconde en ESL Pro League Winter 2014/15. Sans oublier les trois top 4 lors de la Gfinity Spring Masters 2, la DreamHack Open Summer 2015 et la CEVO Saison 8 Professionelle. Non, vraiment d'un point de vu de spectateur on ne constate pas toutes ces lacunes, on a même le sentiment au fil des mois que le tank est de retour tant les premiers clips de ses actions commencent à sortir.


RpK au StarLadder StarSeries XII avec G2 Esports @StarLadder

Joueur de caractère sur les serveurs, il ne fait toutefois pas partie de ceux qui créent du drama et ne participe pas aux tambouilles tricolores de l'époque voyant les uns se brouiller avec les autres. Non, Cédric reste en-dehors de toutes ces histoires ce qui ne l'empêche pas de devoir changer de formation au gré des péripéties des uns et des autres. Il rejoindra ainsi G2 Esports en février 2016 après la mort du projet Titan, puis un an plus tard la Team Envy. Or ces choix de carrière ne lui permettront jamais de remporter un Major (pour l'instant en tout cas), laissant d'ailleurs un arrière goût d'inachevé pour lui. Son principal fait d'arme à cette époque sera d'ailleurs une unique grande victoire, lorsqu'il portait le maillot G2 Esports, durant les finales de Esports Championship Series Saison 1 en juin 2016.

Mais la délivrance ne sera pas bien loin, puisque c'est finalement lors de son transfert au sein de la Team Vitality que RpK va commencer à pouvoir remplir convenablement son armoire à trophées. Au sein d'une structure qui a donné les pleins pouvoirs à son coach Rémy "XTQZZZ" Quoniam, Cédric n'a plus à être influencé par les soubresauts des uns et des autres, il trouve enfin la stabilité qu'il recherchait depuis tant d'années. Arrivé en même temps que la section CS:GO ouvre ses portes au sein de l'écurie française le 8 octobre 2018, il devra malgré tout faire face les premiers mois au remplacement de Philippe "faculty" Rodier par Rémy "XTQZZZ" Quoniam et c'est à partir de ce moment-là qu'il va enfin pouvoir s'exprimer pleinement. Véritable soldat, RpK obéit et récite les leçons de son entraîneur à la perfection. Cela le mènera vers de grands succès comme ces victoires à la Charleroi Esports, au cs_summit 4, aux finales de l'Esports Championship Series Saison 7 ou bien encore lors de l'EPICENTER tout cela en 2019. La machine est lancée et 2020 sera encore plus belle puisque lui et ses coéquipiers atteindront la place tant convoitée de meilleure équipe du monde au classement HLTV.org et remporteront les Intel Extreme Masters XV - Beijing Online: Europe et la BLAST Premier: Fall en décembre 2020. Sachant s'adapter sans difficultés aux changements, notamment le départ du leader Alex "ALEX" McMeekin en mars 2020, ou bien la signature de Nabil "Nivera" Benrlitom avec l'ouverture de l'effectif à six, jamais sa place ne sera remise en question tant le tank semble indéboulonnable.

Et pourtant il finira par chuter en 2021. Les résultats ne sont plus là, il faut du changement et on décide de le remplacer par Jayson "Kyojin" Nguyen Van au mois d'avril. Sa dernière sortie officielle sous les couleurs de l'abeille se fera lors de la BLAST Premier: Spring Showdown 2021 et se concluera la tête basse après une défaite 1-2 (16-09 Nuke / 11-16 Overpass / 12-16 Inferno) face à des Sud-Américains largement à la portée des Français. Depuis il se fait discret, ayant fait le choix de ne pas s'exprimer publiquement hormis lors d'une séance de questions/réponses sur son compte Instagram où il déclarait encore ne pas savoir quelle suite donner à sa carrière. Difficile de rebondir après un tel parcours, mais c'est une aventure qui aurait mérité de se terminer différemment. Une chose est certaine, il ne rejoindra pas une équipe internationale car il n'a ni l'envie, ni le niveau en anglais nécessaire pour s'expatrier. Alors Cédric "RpK" Guipouy à la retraite ? Il déclarait il y a peu de temps que « lorsque l'on commence à penser à la retraite c'est que c'est le moment de quitter ». Quoi qu'il arrive avec les 460 034€ qu'il a remporté en tournois tout au long de sa carrière, le tank devrait avoir de quoi s'offrir le garage de ses rêves.