Quatre mois après l'annonce du rachat de la marque ESWC et en l'absence de communication de la part des principaux concernés, la rédaction de Team-aAa a décidé de mener une enquête approfondie afin de tenter d'en savoir plus sur les dessous de l'ESWC. Financements, organisations, casseroles, sociétés, querelles... cet article tente d'apporter un regard nouveau et complémentaire aux communiqués laconiques. Monsieur COSSE nous a informé qu'il ne répondrait pas aux interviews étant très sollicité. Il n'a donc pas été facile de réunir ces informations qui, bien qu'elles soient recoupées, sont malgré tout sujettes à précaution.
L'absence inquiétante de sponsors
Ce n'est un secret pour personne, la principale source de financement du sport électronique est le sponsoring. Games Services qui organisait l'ESWC bénéficiait principalement du soutien de NVidia sans qui rien n'aurait été possible. Selon nos informations, NVidia n'a pas souhaité pour le moment continuer l'aventure ESWC alors qu'elle avait alloué des budgets pluri-annuels à Games Services lors de la saison précédente.
La crise est aussi passée par là, le secteur des composants informatiques en a beaucoup souffert et on voit mal aujourd'hui quel partenaire serait prêt a financer un évènement aussi coûteux aux retombées aussi faibles, dans un secteur de niche comme le sport électronique. L'absence de ceux-ci dans les annonces de l'ESWC nous surprend puisqu'elle n'est pas dans l'intêret des éventuels partenaires qui sont traditionnellement exposés via ce biais. Ceci peut laisser supposer que les éventuels démarchages n'ont jusqu'à preuve du contraire pas abouti.
La disparition du modèle de franchise
La deuxième source de Games Services était son modèle de franchise pour les qualifications nationales, les droits d'organisation étaient achetés par des entités locales qui reversaient des royalties permettant de financer les finales. On se souvient que l'année dernière, des défaillances avaient eu lieu, notamment au Brésil, qui ont pu précipiter la chute de l'ESWC. Cette année, personne n'a encore annoncé de qualifications nationales et les équipes étrangères sont encore plus dans le flou que les structures françaises s'agissant du mode de qualification. De fait, il semble que la pente soit très abrupte pour remonter un réseau de qualifications issu d'années de travail de longue haleine en quelques mois.
Les finales mondiales à Disney Land
L'ESWC a prévu d'organiser ses finales mondiales à EuroDisney, nous avons eu confirmation de la part de ces derniers de la réservation du Convention Center du Newport Bay Club. Certaines sources proches du dossier nous indiquent que des sponsors traditionnels ont été démarchés pour la location de stands dans l'espace alloué, locations qui contribuent au "village de partenaires", composante habituelle des manifestations esportives. Ces partenaires auraient été très étonnés de la somme de 1000 Euros demandée pour la location d'un stand, très faible au regard des tarifs habituellement pratiqués. Il est donc peu probable que l'organisation compte sur ces derniers pour parvenir à financer l'évènement, la capacité du Convention Center n'étant que de 2300 places.
De nombreuses sociétés
De nombreuses sociétés gravitent actuellement autour de l'ESWC. DIP Communication, dont Stéphane Cosse est actuellement le gérant. Cette société est axée autour de trois domaines : DIP Organisation propose de l'évènementiel à Toulouse et dans sa région, DIP Communication est une Web Agency qui offre différents services de création et d'hébergement de sites web et Dip Communication est une agence de communication. Cette SARL existe depuis Mai 2006 et dispose d'un capital de 18 000 € après une augmentation de capital réalisée en Mai 2008.
Le 15 Septembre 2009, peu de temps après le rachat de la marque ESWC, une société au capital de 1000€ est créée par Stéphane Cosse, c'est elle qui a été annoncée comme devant la gérer : VALOSC. Depuis aucune information concernant celle-ci nous est parvenue. Le 19 Novembre 2009, une nouvelle société est créée et porte un nom plus qu'évocateur : Games Solution. Celle-ci dispose d'un capital de 6 000€ et est gérée à la fois par Stéphane Cosse et par Jean-Marie Coutant. Intéressons-nous à ce second personnage.
Qui est ce mystérieux Jean-Marie Coutant ? Est-ce un Business Angel ou un partenaire de longue date de Stéphane Cosse ? L'homme est en fait à la tête d'un empire immobilier dans le Loiret avec pas moins de 15 entreprises dont il est ou a été gérant. Les plus importantes sont la SCI PATRIGEST II fondée en 1990 au capital de près d'un million et demi d'euros, la SARL LES JARDINS FLEURY, agence immobilière enregistrée en 1995 et qui affiche un chiffre d'affaire de 6 Millions et demi d'Euros sur l'exercice 2008-2009 et enfin le GROUPE COUTANT FINANCES, créé en 2003, et au capital de 325 000€. Ce dernier semble être la holding finançant les autres entreprises.
Contacté par téléphone, Jean-Marie Coutant nous a confirmé qu'il financerait l'ESWC sans préciser la hauteur des fonds prêtés ni détailler le contrat qui lie ces nouveaux associés.
La place de Milk
Milk est le descendant des mythiques salles XS Arena qui ont rythmé les nuits des gamers parisiens a une époque où CS 1.5 faisait surchauffer les célèbres cartes graphiques Savage 3. La chaîne de cybercafés est partenaire cette année de l'ESWC et organise à ce titre des qualifications pour console via Alpha Arena et sur PC via Lan Fever. La nature de ce partenariat pourrait aller plus loin puisqu'il semble que dans un premier temps, la Coupe de France était pressentie pour être tenue dans un cybercafé du Milk, probablement celui des Halles. Néanmoins, des problèmes chroniques d'organisation ont été mis en exergue lors de la tenue des premiers tournois Lan Fever et la conduite d'un tournoi aussi important dans un lieu aussi exigu provoquerait surement une grande déception dans la communauté des joueurs. Conscient que les finales nationales sont aussi attendues par le public français que les finales mondiales, il semble que Stéphane Cosse réflechisse à d'autres alternatives en ce moment.
Les tensions avec Lan Alliance
D'après nos informations, il semble que l'organisation de Masters des Jeux Vidéo par Lan Alliance en fin de saison gêne fortement l'ESWC, des recours légaux étant même évoqués sur l'utilisation du terme Masters (on se souvient des "Masters ESWC"). Les deux parties ne sont pas encore parvenues à un accord et cette tension expliquerait l'absence de progrès dans l'intégration du circuit Lan Alliance au circuit ESWC. De l'avis de nombreux acteurs du milieu, il semble même que l'organisation d'un circuit parisien en alternative aux tournois traditionnels puisse être une manière de forcer la main à Lan Alliance alors que Cyberleagues, le site qui recensera les points ESWC, ouvrira ses portes fin Janvier.
Le fiasco Clikarena
L'affaire Clikarena avait fait grand bruit en 2003. Stéphane Cosse, après la création d'une entreprise au capital de 37000€, organise la LAN Clikarena. La présence de toutes les grosses pointures mondiales qui devaient se partager 50 000$ de cashprize en fait un évènement majeur de la saison. Après de forts doutes sur la capacité de financement et pour effacer les doutes de la communauté, un communiqué est publié a l'époque : "Tous les tournois INTER sont maintenus et confirmés ainsi que toutes les dotations financières qui seront règlées avant le 5 Mai 2003 pour les gagnants....". Les joueurs ne verront finalement jamais la couleur de leur argent.
Deux autres entreprises gérées par Stéphane COSSE ont également fermé leurs portes : la Web Agency CREAVISION actuellement en liquidation judicaire et le Cyber-Café Adéclik qui participait a l'organisation de la ClikArena et qui a fermé depuis.
L'E-Games Festival 2009, un évènement fantôme
Un mystérieux évènement s'est déroulé récemment, la 4e Edition de l'E-Games-Festival devait avoir lieu du 30 Octobre au 1er Novembre 2009 comme l'atteste la capture d'écran ci-dessous :
Si l'organisation de ce festival a été faite en catimini (ni la presse jeu vidéo ni la presse sport-électronique n'en ayant entendu parler) l'annulation s'est aussi faite discrètement, à la surprise de certains ayant fait le déplacement, comme cette personne citée par djWHEAT sur ESReality :
This weekend a big e-sports event was supposed to be held in Toulouse, France, the E-Games Festival. The organizing company was DIP Organisation, owned by Stéphane Cosse, the buyer of the ESWC brand and this was going to be the fourth edition.
Yesterday morning we (myself and my associate) arrived at the Toulouse Fair, the supposed venue, and -big surprise- there was no event.
We were very angry. We went to the offices of DIP Organisation to ask what had happened and found that they had been recently abandoned.
Les conséquences de cette annulation sur la capacité de DIP à organiser l'ESWC, si elles existent, sont néanmoins difficiles à quantifier.
En conclusion...
Toutes ces informations méritent des éclaircissements et nous esperons comme l'ensemble de la communauté qu'elles seront apportées par les communiqués de presse prévus dans les prochains jours. De nombreuses parties cultivent le secret au rang d'un art, ce qui ne peut qu'amplifier les craintes des joueurs déçus par la désillusion de l'ESWC 2009. Un peu de transparence pour lever ces doutes permettrait aux équipes de pouvoir s'organiser sur la fin de saison et serait bénéfique pour tout le monde.
Modifié le 17/04/2019 à 13:23
Modifié le 17/04/2019 à 13:23
Bon article de la part de Lliane, néanmoins tu aurais éventuellement pu demander un budget de X € pour acheter les bilans et compte de résultat complet des sociétés mentionnées pour faire une analyse un peu plus fine (SIG, CAF, BFR, point mort, marge de sécurité etc...) de leur santé financière et de leurs éventuelles capacités à investir une somme d'argent non négligeable dans un évenement tel que l'eswc.... parce quand on regarde le RESULTAT NET après import c'est pas avec 60 000 et 300000 € qu'on va aller loin ou alors ils vont mettre les sociétés en faillite.....
Modifié le 17/04/2019 à 13:23
J'ai hésité mais je n'ai pas les compétences pour commenter un bilan donc ca aurait été du foutage de gueule de ma part, l'oeil averti remarquera les ratios d'endettement a faire rougir atari et thomson ainsi que des cashflows surprenants mais bon dans l'immobilier tout est possible.
Modifié le 17/04/2019 à 13:23
Modifié le 17/04/2019 à 15:32